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Tunisie : mirage d' un pays ouvert... / par Amine mercredi 25 décembre 2002, par tsar boris La communaute gay maghrebine rencontre les mêmes types de difficultés que les défenseurs des droits de l'Homme dans les pays du Maghreb. Peut-être plus encore, ils se heurtent au tabou de la sexualité et de la discussion politique libre, mais ils ont trouvé dans Internet une échappatoire à la censure, mais cela ne leur est d'aucun secours face à la répression, qui est le fait aussi bien des autorités civiles que d'une partie non négligeable de la population. Tunisie : mirage d' un pays ouvert... Il va sans dire que la Tunisie bénéficie d'une certaine image auprès de la communauté internationale, l'image d'un pays plus ouvert sur certaines questions que ses voisins arabes et musulmans. Certains pays du Moyen Orient trouvent que nous, pays du Maghreb, avons pris trop de libertés avec la religion et que nous ne respectons plus les valeurs saintes de l'Islam. J'ai connu quelques gays du Moyen Orient qui pensaient que les gays Maghrébins ne rencontraient plus de problèmes au quotidien . Etant gay tunisien, je ne peux pas parler de la situation des autres pays du Maghreb, mais je peux présenter la situation des pédés dans mon pays. En Tunisie on ne parle pas d'homosexualité. Les gens connaissent des gays dans leur entourage mais préfèrent faire semblant de ne rien savoir ; et à part quelques cas exceptionnels de personnes qui l'ont annoncé à leur amis, la plupart des gays tunisiens vivent cachés, reclus. Ceux d'entre eux qui osent s'assumer et se montrer devant la société sont désignés du doigt et traités de tous les noms, voir même brutalisés. Le seul point de rencontre gay en Tunisie c'est un grand parc au milieu de la ville où règne une atmosphère très sombre et où il n'est pas très sûr de s'aventurer, surtout à pied. Sans compter sur la police des moeurs qui est toujours dans les parages. De toutes les façons, les gens qui fréquentent cet endroit ne recherchent que du plaisir instantané. Mais, à part ce grand parc à risque et deux ou trois hammams pas très conseillés, il n'existe pas d'endroit clean où nous, gays, pouvons nous rencontrer pour bavarder pour ne plus se sentir seul. Pas de boîte gay non plus, ni de bar gay, ni encore la moindre association gay alors qu' en Algérie ou au Maroc de tels lieux existent. La communauté gay tunisienne s'est donc débrouillée comme elle a pu et maintenant les gays se rencontrent dans les cafés pour bavarder (toujours pas avec la liberté souhaitée), ou alors dans des soirées qu'ils organisent dans leurs appartements, ce qui est une excellente solution pour se retrouver entre gays et être sans complexe. Mais cette solution n'est accessible qu'à une tranche très restreinte, qui se limite aux personnes qui habitent seules. Pour tous les gays qui habitent avec leur famille cela n'est pas possible. Mais, le problème se situe aussi à un autre niveau. Ce sont les jeunes gays de 16 ans et plus qui doivent vivre, à un âge ou l'on n'est pas très stable émotionnellement, une crise d'adolescence et la découverte d'une orientation sexuelle différente de celle que leur environnement leur dicte. Commence alors une période très pénible où l'on se pose des questions, se demande que faire pour ne pas éveiller les soupçons des amis qui à cet âge commencent leurs premiers flirts. Faut-il jouer le jeu et faire comme si on s'intéressait au filles et dans ce cas mener une double vie qui est très difficile à supporter ? Ou alors être naturel et dans ce cas subir les interrogatoires ? Avec l'introduction de l'Internet la situation c'est un peu améliorée pour certains qui ont trouvé dans cet outil le moyen de communiquer avec d'autres personnes avec lesquelles il peuvent être pour la première fois eux-mêmes sans être obligés de jouer la comédie. Être un jeune gay tunisien et vivant à Tunis n'est pas une chose facile et sans doute que c'est le même cas pour les marocains et algériens. Mais, c'est uniquement en écrivant des articles, et en aidant des sites comme kelma à mieux se développer pour une meilleure visibilité de l'homosexualité maghrébine que les choses pourront changer. Avant d'envoyer cet article, je l'ai donné à lire a des amis tunisiens plus âgés, qui m'ont dit que la situation c'est tout de même améliorée par rapport à dix années en arrière. Je dis tant mieux, et j'espère que l'on ne s'arrêtera pas là et que l'on continuera à changer les choses. Amine Tunis E-magazine Kelmaghreb, Numero 8 (Novembre 2001)
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