XIe siècle. Un homicide durant la Trêve de Dieu
samedi 21 février 2004, par
Laurent Albaret
Date : 27 avril 1068
Espace concerné : Occident médiéval - Midi de la France (Biterrois)
Source : cartulaire de Béziers (livre noir), éd. par J. Rouquette, Paris-Montpellier, 1918, p. 94-97.
Traduction du latin et édition par G. Brunel, E. Lalou (dir.), Sources d’histoire médiévale, IXe - milieu du XIVe siècle, Paris, 1992, p. 140-141.
La condamnation d’un homicide en période de trêve dans le Biterrois (27 avril 1068)
« Au nom de Notre Seigneur Jésus-Christ, roi éternel. Moi Pierre, surnommé Riculf, et mes frères, Guillaume, Arnaud et Bonuspar, notre mère Rachelde et de notre sœur Garsinde, avec le conseil de nos cousins, c’est-à-dire Pons Étienne et ses frères, nous faisons une donation au Seigneur Dieu et à saint Nazaire du siège de Béziers.
« En effet moi, le misérable et pêcheur Pierre susdit, enivré par le poison de la colère et trompé par une machination du diable, oh douleur ! j’ai tué un homme pendant la trêve de Dieu, un vendredi, lors de l’Avent du Seigneur. Arrêté pour cette raison par les chanoines de saint siège de Béziers et reconnu coupable par tous les Chrétiens, j’ai été condamné à un exil de sept ans pour le délit si abominable d’un crime les plus impies. Mes proches et mes parents compatissants m’ont alors conseillé de faire une donation, sur mon « honneur », au profit du Seigneur Dieu et de l’église canoniale de Saint-Nazaire, et des clercs y servant, pour le pardon et la rémission d’un si grand péché.
C’est pour cela que moi, Pierre, et mes frères Guillaume, Bonuspar et Arnaud, ma mère Rachelde, et notre sœur Garsinde, nous donnons au Seigneur Dieu et à saint Nazaire du siège de Béziers, à l’église canoniale et aux chanoines y servant, une part de mon alleu situé dans le comté de Béziers, sur le territoire de Valras, au lieu-dit de Ipsa Montada. Et cet alleu a les limites suivantes [suivent les mesures de cet alleu].
De cet alleu, cité en premier [...], une moitié nous est parvenue d’un achat fait par notre père Riculf à Étienne Radulf, son cousin ; l’autre moitié nous est venue, avec tout l’alleu, de Riculf, notre père.
Nous donnons tout cet alleu, en entier et en contact, comme nous l’avons et devons l’avoir, sauf les prémices de Saint-Martin. Nous le donnons ainsi au Seigneur Dieu et à saint Nazaire, pour l’église canoniale et les chanoines y servant, moi, mes frères, notre mère et notre sœur susdits, pour qu’ils aient à partir d’aujourd’hui, le tiennent et le possèdent dans l’église canoniale de Saint-Nazaire, avec tous les droits et plein pouvoir, comme leur propre alleu.
Que celui qui ira contre cette charte en envahissant l’alleu n’en tire aucun profit et qu’il répare tout au double. Que cette charte reste ferme et stable en tout temps.
Elle a été faite le 5 des calendes de mai, l’année du Verbe incarné 1068, sous le règne du roi Philippe, Seing de Pierre, de Guillaume, d’Arnaud et de Bonuspar, de notre mère Rachelde, et de leur sœur Garsinde, qui ont fait faire cette charte, l’ont confirmée et ont demandé de la confirmer. Et ils ont donné de cet alleu au Seigneur Dieu et à saint Nazaire, pour l’église canoniale et les chanoines y servant. Les témoins sont Dieudonné, abbé de Saint-Aphrodise ; Matfred, abbé de Saint-Jacques ; Pierre, prévôt ; Guillaume, archidiacre [suivent 11 témoins]. »
XIe siècle. Un homicide durant la Trêve de Dieu
[ Imprimer cet
article (mode plein-écran) ] [ Haut
]
|