XVe siècle. Mehmet II et les Génois de Galata
vendredi 16 avril 2004, par
Laurent Albaret
Date : 1453
Espace concerné : Orient médiéval - Empire byzantin
Source et édition : J. Von Hammer, Geschichte des Osmanischen Reiches, t. 1, Budapest, 1927, p. 676 ; M. Mollat, et R. Van Santtbergen, Le Moyen Age, Liège, 1961 (Recueils de textes d’histoire, 2), p. 304-305.
Mohamet ou Mehmet II accorde aux Génois de Galata un statut d’indépendance contrôlée, lors de la prise de Constantinople qui tombe le 29 mai 1453
« Moi, le seigneur, le grand émir, Mohammed-Beg (1), fils de Mourad-Beg (2), je jure par le Dieu du ciel et de la terre, parce que les magistrats catholiques de Galata (3) ont envoyé à la Sublime Porte (4) les nobles magistrats le seigneur Baïlo Paraban et le seigneur marquis Dirfangho et l’interprète Nicolas Pelazoni, et qu’ils ont prié ma seigneurie qu’ils puissent conserver leurs lois selon la coutume de toutes les régions de ma domination.
En conséquence, je raserai les murs de Galata, mais eux, ils pourront conserver tous leurs biens, leurs maisons, leurs magasins, leurs vignes, leurs moulins, leurs navires, leur commerce, leurs femmes et enfants, pour en disposer comme ils l’entendent. Il leur est permis de vendre leurs marchandises dans toute l’étendue de mon empire ; ils pourront voyager librement par terre et par mer ; ils ne seront sujet à aucun droit de douane, ni à aucun service forcé, mais ils seront tenus de payer un droit de capitation (5), comme tout autre pays de ma domination [...].
Les habitants conserveront leurs églises et leurs chants ; mais il leur est défendu de sonner les cloches. Je ne changerai pas leurs églises en mosquées, mais ils ne pourront pas en construire de nouvelles [...].
Je ne prendrai pas leurs enfants pour les enrôler dans le corps des janissaires, et il ne leur sera pas fait de violence pour les convertir à notre foi. Je promets aux habitants de Galata de ne pas les faire gouverner par un esclave ; ils choisiront eux-mêmes, parmi eux, un ancien pour juger les différends entre les négociants.
Ni janissaire, ni esclave ne sera logé dans leurs maisons [...].
Donné en l’année de la fondation du monde 6961 (6), de l’hégire 857, à la fin du mois djoumaasie euwel (7). »
Notes
(1) Mehmet II, sultan de 1451 à 1481.
(2) Amurat ou Mourad II, sultan de 1421 à 1451. Célèbre pour sa victoire à Kossovo (1448) en Serbie contre Jean Hunyade.
(3) Faubourg de Constantinople, situé sur la rive orientale de la Corne d’or. Appelé aussi Péra.
(4) Désigne la cour du sultan des Turcs en raison de la coutume qu’ont les souverains de tenir leurs assises à la porte de leur palais.
(5) Le karadj, impôt dû par les incroyants.
(6) La fondation du monde est fixée par les Byzantins à l’année 5508 av. J.-C. (6961-5508 = 1453).
(7) Le 28 mai 1453.
Mehmet II et les Génois de Galata (1453)
[ Imprimer cet
article (mode plein-écran) ] [ Haut
]
|