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Incitation à la haine
Sarkozy, le Juif, un air de déjà vu... M. Macina
Quun citoyen, Juif ou non, et quels que soient son rang, ses origines ou son statut social, et a fortiori sagissant dun ministre de la République, puisse être traité publiquement de "Sale Juif !" par une foule haineuse, est un phénomène inouï depuis très longtemps, en France. Il nous ramène au tout début du XXe siècle, époque où les "Camelots du Roi" donnaient la chasse aux Juifs dans les rues. Pour ne rien dire de lAllemagne des années trente, où, avant de les razzier, de les interner, puis de les gazer, on pourchassait ces pauvres gens aux cris de "Hep ! Hep !".
15/11/05
Dans un discours prononcé à lAssemblée nationale, le 6 juin 1936, le député Xavier Vallat sadressait, en ces termes, au nouveau chef de Cabinet, Léon Blum :
"Votre arrivée au pouvoir marque incontestablement une date historique. Pour la première fois, ce vieux pays gallo-romain va être gouverné par un juif... ».
En 1956, Le Pen reprit ces propos, à l'intention de Mendès-France.
Aujourdhui, une bande démeutiers des quartiers dits "difficiles" renoue avec cette tradition pestilentielle dantisémitisme, en sen prenant aux origines juives lointaines mais réelles du ministre de lIntérieur, aux cris de « Sarkozy, sale Juif ! ». (Voir "Propos de certains émeutiers : une vidéo inquiétante".)
M. Sarkozy, même s'il n'en parle jamais publiquement, ne craint pas de poser coiffé d'une kippa...
N. Sarkozy en visite au Mur occidental, le 15 décembre 2004 (AFP Photo Eitan Abramovich)
...ou tenant un chandelier, à lui offert par une organisation juive.
Est-ce la source de la stigmatisation publique du Ministre de l'Intérieur ?
Possible, mais inadmissible.
En tout cas, sur les sites, se déversent des invectives, plus nauséabondes les unes que les autres, à propos de la judéité de Nicolas Sarkozy. Je n'ai retenu que la plus "bénigne", si l'on peut dire :
« Sarkozy le juif a t-il oublié la shoah c'est lui aujourd'hui qui chasse les arabes et les noirs? »
(Message posté par Hassiry, le 08/11/2005, sur le Forum de LOrgane.)
On trouve une mise au point plus posée plus technique aussi de Ayman El Hakim sur le site Oulala, le 26 octobre 2005 :
« Sarkozy nest pas un nom juif, mais magyar. Son père sappelait Pal Nagy Bosca y Sarközy. On a appris en décembre 2004, lors de la visite de Sarkozy à Herzliya - où il a fait un grand discours à la conférence annuelle sur le terrorisme - que son grand-père maternel Benedict Mallah, était un Juif ottoman de Salonique (aujourdhui en Grèce), dorigine ladina [lire : ladino] (juif espagnol, donc "séfarade"), mais converti au catholicisme. On trouve une Henriette Mallah, née Benroubli, parmi les victimes dAuschwitz. Cette femme était née à Cavalla, en Turquie en 1895. Il ny a eu apparemment aucune transmission de traditions juives dans la famille de Nicolas Sarkozy, mais il semble bien quen vertu de la matrilinéarité [ascendance maternelle]
les organisations juives israéliennes et US considèrent Sarkozy comme juif, puisque sa mère avait cette origine. » (1)
Ailleurs, un internaute (au pseudo de Darwin1) exprime, en ces termes, sa répulsion, sur le Forum de France 5 :
« Lors d'un reportage filmé pendant les émeutes en banlieue, on entend plusieurs "jeunes" répéter en choeur: "Sarkozy, sale juif". Le son n'étant pas de très bonne qualité, la chaîne s'est alors contentée de sous-titrer "Sarkozy fasciste". Cela ne peut pas être une erreur, car même si l[enregistrement] audio n'est pas très précis, les journalistes présents sur place l'ont parfaitement perçu et n'ont pas pu passer à côté, d'autant plus qu'il est suivi de propos faisant référence au conflit israélo-palestinien. Ce type de censure est choquant puisqu'il transforme un message violemment antisémite en une accusation de racisme. On peut se demander quel est le but de cette manipulation, et si elle ne rentre pas dans une logique plus générale de la chaîne contre Sarkozy (Guignols de l'info, Zapping., etc.)...
Les "sauvageons" issus de l'immigration n'ont certainement pas la moindre idée de ce qu'était la condition d'un Juif, dans les années 40, sur le sol de cette France, dont ils contestent violemment les origines, les traditions et la culture. Plaise au ciel que leur déchaînement antisémite n'annonce pas le retour d'une époque où la chasse aux Juifs était pire - infiniment pire ! - que le "délit de faciès", qu'invoquent tant de délinquants qui posent en victimes, lorsque les forces de l'ordre les contrôlent ou répriment leurs exactions.
Le cliché ci-dessous les aidera-t-il à relativiser la "désespérance", que des hommes politiques et des journalistes démagogues leur prêtent, aussi généreusement qu'abusivement, pour justifier leurs actes les plus injustifiables ? Leur donnera-t-il à réfléchir sur les conséquences des appels à la haine, qui ont alors abouti à la marginalisation nationale, au marquage, à la déportation et souvent à l'extermination de ces Juifs sans défense, dont la désespérance, elle, était réelle, et qui, pour autant, ne brûlaient, ni ne pillaient quoi que ce soit, même s'il s'agissait de biens allemands ?
Il suffirait à ces jeunes, privés de repères et égarés par la démagogie de ceux qui excusent, voire approuvent leurs actes irresponsables, de remplacer virtuellement la photo de ce Juif proscrit, ainsi que son nom, sur la carte d'identité reproduite ci-dessous, par ceux de Nicolas Sarkozy ou de tout autre Juif, ou Juive, pour éprouver - espérons-le, tout au moins -, un sursaut de conscience...
(On notera la remarque concernant le nez de ce Juif : "Fort"... comme 'doit' l'être tout nez juif, n'est-ce pas ?)
C'est ce que je peux leur souhaiter de mieux.
Menahem Macina
(1) On peut lire une biographie factuelle de N. Sarkozy, sur le site fil-info-france.
Mis en ligne le 15 novembre 2005, par M. Macina, sur le site upjf.org