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Des psychopathes dès la maternelle ?

Lire l’article d’ Eric FAVEREAU dans Liberation du 21 06 06
jeudi 22 juin 2006 .
 
La Haute Autorité de santé préconise une prise en charge précoce de certains troubles de personnalité.C’était un étrange travail qu’avait commandé la Haute Autorité de santé (HAS) à la magistrate Nicole Maestracci, en lui demandant d’organiser une audition publique sur « la prise en charge de la psychopathie ». D’autant que cela intervenait dans un contexte polémique : une pétition intitulée « Non au zéro de conduite » s’alarmait des velléités formulées dans un rapport de l’Inserm, bruyamment soutenu par Nicolas Sarkozy, de détecter dès l’âge de 3 ans des troubles de conduite chez l’enfant. Le rapport présenté hier était donc très attendu. La commission se dit favorable à une détection des « troubles de conduite chez l’enfant pour pouvoir les prévenir et les prendre en charge ». Sans risque d’être contredite, puisque cela relève du bon sens, Nicole Maestracci justifie ainsi cette position : « Nous défendons de manière très ferme l’idée qu’il faut s’occuper des enfants qui vont mal. » Frustration. Mais d’abord, une première difficulté : comment définir la psychopathie ? Est-ce une maladie mentale ? Un comportement asocial ? Pour les experts, « il ne s’agit pas d’une maladie mentale, mais d’un trouble de la personnalité ». Et de reprendre les critères internationaux : une indifférence froide envers les sentiments d’autrui, une incapacité à maintenir des relations, une très faible tolérance à la frustration, et, enfin, une incapacité à éprouver de la culpabilité. Et chez l’enfant ? « Dès lors qu’il s’agit d’un trouble de la personnalité, on ne peut pas parler de psychopathie avant l’âge adulte. » Mais « durant l’enfance et l’adolescence peuvent être observés des troubles non spécifiques de conduite, susceptibles d’évoluer vers la psychopathie ». Il existe peu d’études. « On dit que ce type de troubles augmente, mais il n’y a pas de chiffres », note Nicole Maestracci. Y aurait-il un rapport entre ces troubles et des actes de délinquance ? « Nous recommandons la plus extrême prudence sur l’existence d’un lien causal. » Les femmes sont très peu touchées, et, passé l’âge de 40 ans, pour des raisons inconnues, les symptômes s’atténuent. La HAS suggère donc des recherches pour mieux cerner ces troubles. Pour autant, dans l’enfance, « malgré les incertitudes, les données conduisent la commission à préconiser des actions préventives précoces, assorties d’une prise en charge individuelle ». Coordination. Même si la commission évoque un risque de stigmatisation, « celui de laisser des enfants sans proposition de prise en charge est largement plus important ». Mais quelle prise en charge ? Nicole Maestracci insiste sur une bonne coordination entre les acteurs, mais note « qu’en Seine-Saint-Denis, 5 000 enfants ont dû attendre plus de un an avant de pouvoir consulter ». Quant aux adultes, la commission exprime des réserves sur la possibilité, pour les experts psychiatres, « de prévoir la récidive des délinquants ». Et se montre réservée sur le fait de conditionner une réduction de peine au suivi d’une thérapie en prison ».