Rechercher | Contact | Plan du site  
:: revenir à la page précédente ::
Conserver l'article
Format imprimable de cet article
 

L’Envers des familles XXXV° journées de l’ECF

Le week-end suivant
samedi 7 octobre 2006 .
 

L’Envers des familles

Le lien familial dans l’expérience psychanalytique 21 et 22 octobre 2006 Palais des Congrès Paris

Je proposerai que nous prenions comme thème du débat, un texte très bref de Lacan, que j’avais vu arriver chez moi sous la forme de deux morceaux de papier de Jenny Aubry, de telle sorte que j’avais cru qu’il s’agissait de deux notes distinctes qu’à sa demande Lacan lui avait remises. Une fois publié dans son intégralité, je me suis aperçu que cela formait un même texte, un recto verso, avec très peu de paragraphes, extrêmement efficace, mais tout entier écrit dans la perspective du symptôme, ce qui nous laisse à reconstituer ce que serait la seconde perspective, celle du sinthome. C‘est un texte où Lacan prend pour acquis ce qu’il appelle « l’échec des utopies communautaires », qui étaient à l’ époque de chercher à élargir le cercle de famille, à élever les enfants en commun et à faire exister une entité collective au-delà du cercle de famille. Il est amusant de constater, tout au contraire, la vitalité de la conjugalité, modifiée d’un rien, modifiée par l’homosexualité. On vérifie que la fonction de la famille conjugale reste dominante et il n’est plus question de l’utopie communautaire. On peut remarquer la lucidité de Lacan quand il note que la famille conjugale a une fonction de résidu dans l’évolution des sociétés et que c’est précisément parce qu’elle est à l’état de résidu, à l’état d’objet petit a qu’elle se maintiendra. Ce que nous vivons aujourd’hui le confirme. Il interprète cette résistance même de la famille conjugale par le caractère irréductible de la transmission, non pas la transmission d’un savoir, ni la transmission des besoins, mais une transmission constituante pour le sujet. Cela suppose sa relation à un désir qui ne soit pas anonyme. Ça, c’est vraiment très fort ! Il y a là une nécessité c’est-à-dire quelque chose qui ne cesse pas de s’écrire. Que n’importe qui puisse faire fonction et s’intéresser à n’importe qui, abrase la possibilité du désir. Il faut que le sujet soit ici appelé à la singularité du « je », de la même façon d’ailleurs qu’on ne s’analyse pas avec la psychanalyse, mais avec un ou une psychanalyste. Il ne suffit pas de lire Freud et Lacan pour s’analyser avec. Il faut que cela soit activé d’une façon qui ne soit pas anonyme. Dans ce nouveau déchiffrage que Lacan propose et du même coup permet, il insiste pour que la mère ait un intérêt particularisé pour l’enfant et que le père soutienne une incarnation de la loi dans le désir, c’est-à-dire que ce ne soit pas désincarné. Et la grosse erreur avait été de considérer que Lacan, dans la métaphore paternelle, exaltait la fonction paternelle, dont il avait de longtemps signalé la décadence. Il s’agit au contraire, d’une matrice des fonctions freudiennes qui, présentée ainsi, fait découvrir qu’il ne s’agit que de semblants. Dans cette note, Lacan introduit la référence au symptôme de l’enfant comme représentant une vérité. Il y a aussi des notations tout à fait intéressantes concernant le symptôme somatique de l’enfant et les ressources qu’il offre, qui fait penser à ce qu’on voit malheureusement aujourd’hui du côté de certaines familles d’autistes qui découvrent une ressource intarissable à témoigner de la culpabilité, servir de fétiche ou incarner un primordial refus, ces trois versions reflétant me semble-t-il, la névrose, la perversion et la psychose. Autrement dit, je propose que nous adoptions pour les prochaines journées le thème familial, illustré par des cas cliniques : Pourquoi pas : « Les phénomènes familiaux » ? Plus sérieux : « Le lien familial dans l’expérience analytique ». Le lien familial est en effet une forme bien particulière du lien social. On pourrait même dire que c’est le seul lien qui s’inscrit d’un rapport dont on peut rêver qu’il soit naturel. Enfin, il n’en est pas moins tout à fait dénaturé et comme Lacan le note dans le Séminaire le Sinthome, la nature est un pot pourri de hors nature. ¤ Extrait de l’intervention de Jacques-Alain Miller au xxxives Journées de l’ECF en novembre 2005, dont le texte a été établi par Monique Amirault et Dominique Holvoet. 1. J. Lacan : « Note sur l’enfant » Autres Écrits, Seuil, 2001, pages 373-374 2. J. Lacan : Le Séminaire, Le sinthome, livre XXIII, Paris, Seuil, 2005, page 12