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7500 D’UN COUP, MIEUX QUE LE PETIT TAILLEUR

par Philippe GRAUER du SNPPsy
dimanche 5 novembre 2006 .
 

Le ministère de la Santé vient-il de créer 7500 psychanalystes d’un trait de plume ? Les psychothérapeutes relationnels radiés du titre générique de psychothérapeute vont-ils devoir recourir au seul titre restant disponible pour maintenir la dignité de leur exercice professionnel, celui de psychanalyste, risquant de déstabiliser l’ensemble du champ psy ?

Le carré psy est incontournable. Il voyait jusqu’à aujourd’hui se côtoyer complémentairement psychiatres et psychologues d’une part, dont une pratique d’inspiration médicaliste renvoie au champ épistémologique de l’objectivité, l’objectivité de la maladie et du symptôme à réduire comme on fait d’une fracture, travail parfaitement utile au demeurant, et d’autre part, psychanalystes et psychothérapeutes relationnels. Ces derniers exerçant dans le champ de la relation et du transfert une pratique consistant à permettre à chacun, à l’issue d’un processus relationnel de ré-humanisation de son histoire, de se réapproprier sa subjectivité.

Le ministère Gribouille vient de brouiller tout cela, parti dans une course à l’écriture d’un décret d’application dont Accoyer a donné le départ, après plus d’un an de négociations bidon. Ces négociations avec l’ensemble des professionnels, dont tous les représentants de la psychothérapie relationnelle, au cours desquelles Xavier Bertrand s’est rendu en personne à une réunion plénière pour appuyer des propositions enfin acceptables, finissent en eau de boudin.

Brunelle le gentil rassurait et inquiétait tour à tour, gagnant du temps en palabres avec l’un puis l’autre, pendant que Basset le méchant s’entendait début octobre avec Monteil le TCC pour passer la main en sous-main à la CNESER, l’instance compétente du ministère de l’Éducation nationale, et verrouiller un texte à accélérer vers le Conseil d’État. Début octobre, c’était quand le bon docteur Basset sollicitait notre avis. Encore actuellement, M. Brunelle indique que c’est lui qui donnera le feu vert pour diligenter le texte du décret vers le Conseil d’État, après réception des dernières remarques. Ça n’est plus on vous écrira, mais écrivez-nous donc. Si ça se trouve, le texte est déjà parti au Conseil d’État.

Texte inadmissible et scélérat qui risque de provoquer un séisme chez les professionnels du psychisme. Ces politiques trop malins et ces chers professeurs soucieux d’exclusivité et d’exclusion lancent un tsunami sur le continent du travail psychique. Les psychologues réorganisés en Ordre vont se lancer dans la psychopolice, les psychothérapeutes reconvertis en psychanalystes vont chambouler l’astucieux équilibre de nos conservateurs de la psychanalyse qui croyaient avoir blindé et redoré leurs fauteuils aux ors de la République, la confusion sera enfin à son comble et la nef des fous en partance.

Ah ! quelle fine politique de sécurisation du public et des quatre professions ! comme les citoyens de ce pays sont bien protégés quand les organisations représentatives des professionnels du soin psychique sont emmenées en bateau !

Les psychanalystes libres, les psychologues freudiens, les psychiatres freudiens et les psychothérapeutes relationnels unis au sein de la Coordination psy alerteront l’opinion du mauvais coup qui se porte à l’ensemble des professions du psychisme, les déstabilisant dans leur ensemble. Le SNPPsy prendra toutes les mesures de protection nécessaires et passera à l’offensive. Une profession aussi utile et fortement institutionnalisée que la nôtre, au niveau national et européen, n’est pas sacrifiable sur l’autel de l’Évaluation qui engendre des experts style Outreau et des politiques style fichage des enfants de moins de trois ans. Puisque ce gouvernement décide de dissoudre le peuple, qu’il en subisse les conséquences. Il est certain que nous durerons plus longtemps que lui.