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Notre devoir de résistance (20 mars 2004)

mardi 6 avril 2004 Thérèse Petitpierre .
 

Il y a deux ans, les psychologues découvraient des rapports : rapport Piel et Roelandt, rapport sur l’évaluation des métiers en santé mentale. Michel Normand, psychologue freudien et membre de l’Intercollège des psychologues de Loire-Atlantique et de Vendée, a retracé la généalogie de ces rapports et de ceux qui ont suivi dans un article intitulé " Une grêle de rapports - pour notre santé ", publié dans le n° 3 du Nouvel Âne (janvier 2004).

Je me souviens qu’étudiant les premiers rapports d’étape - il y en a eu quatre ou cinq - du Rapport sur les métiers en santé mentale, j’avais été saisie par la terminologie proprement militaire qu’on y rencontrait. Je n’ai certes pas retenu tous les signifiants-maîtres de ce discours mais je me souviens de quelques-uns qu’on retrouve dans les rapports actuels : dispositif, première ligne, cibles.

Au début des années quatre-vingt-dix, alors que je commençais à travailler comme psychologue dans la fonction publique hospitalière, ce type de signifiants m’étaient apparus à la lecture de documents administratifs internes à l’hôpital où j’exerçais. Les lieux de soins devenaient des " sites " par exemple.

Actuellement, le gouvernement veut légiférer à propos des psychothérapies dans le cadre de la loi de santé publique. Ainsi, certains ont cru pouvoir crier victoire : le mot " psychothérapie " entrerait ainsi, enfin, dans le code de la Santé, acquérant une légitimité. Le plan d’action Cléry-Melin, le rapport Inserm sur les psychothérapies, le répertoire des métiers de la FPH et la fiche-métier " Psychologue " envoyée pour validation dans 80 établissements nous démontrent ce qui se cache sous le prétexte fallacieux de protéger le public des sectes et des charlatans.

Il s’agit en réalité d’une attaque en force contre les psychothérapies, un véritable rapt. Tout contribue à les faire disparaître - et avec elle le sujet de l’inconscient - au profit des seules thérapies cognitivo-comportementales. Un gros travail de propagande (cf. les publications : rapports, répertoire des métiers, mais aussi livres, revues ; émissions de télévision...) a été réalisé, on prépare aussi le terrain dans les hôpitaux en gelant des postes de psychologues devenus vacants. Dans l’hôpital où je travaille, un discours - tenu par la direction - qui s’appliquait jusqu’ici à un seul secteur de psychiatrie (par une autre voix, celle de l’IGAS) est en train de se généraliser : il y a trop de psychologues.

Il est de notre devoir de dénoncer cela et d’y résister.

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