Aubert-Dubayet avant d'être Ministre de la guerre habita Corenc
en sa maison du Bachais. La légende dit que c'est dans cette même
demeure qu'est née la belle Lhauda, nom qui signifierait la fille
de Louis en patois, et dont l'histoire vraie (et controversée)
fut contée dans le numéro 36 du Journal de Corenc. En ces
temps là le Bachet, comme on écrivait alors, était
sur Meylan commune vorace qui a accaparé à la Révolution
une partie des terres de Corenc sa trop complaisante voisine.
Jean-Baptiste Annibal Aubert resterait oublié des Corençais
sans la très complète biographie qu'écrivit le Docteur
Guy Pierre Cabanel. C'est grâce au désir exprimé par
l'actuelle propriétaire de la maison où vécut J.B.
Aubert et à son souci d'apporter sa contribution au patrimoine
historique de la commune, que va revivre en quelques lignes ce temporaire
corençais mal connu. Par discrétion notre informatrice souhaite
conserver l'anonymat.
Il nait le 19 août 1757 à Bâton Rouge en Louisiane
française où son père sert comme capitaine d'infanterie.
Il débarque tout jeune vers 12-13 ans en Dauphiné, fait
ses études à l'école qui deviendra le lycée
Stendhal et embrasse la carrière des armes à 18 ans avant
de regagner l'Amérique aux côtés de Lafayette. En
1784 il revient en France, hérite d'une propriété
au Bachais et de terres à Sassenage de son oncle du Bayet et ajoute
du Bayet à son nom. Il quitte l'armée, se marie avec la
fille d'un avocat au Parlement du Dauphiné. Quelques années
passent, instants où la royauté trépasse. Les départements
chassent les provinces et Aubert qui s'est distingué par quelques
écrits est nommé Président de la première
assemblée départementale de l'Isère. Elu député
de l'Isère à l'Assemblée Législative jusqu'à
sa dissolution, il va en assumer quelques temps la présidence puis
reprendre du service à l'armée du Rhin avec Kléber
mais capitule à Mayence. Revenu en France il est emprisonné.
A l'avènement du Directoire il est nommé ministre de la
guerre, mais brocardé, il démissionne en février
1796. Cependant ses mérites ayant été reconnus il
est nommé ambassadeur auprès du Sultan en Turquie rétablissant
ainsi des relations diplomatiques avec la Sublime Porte dès janvier
1797. Une subite et brève maladie va mettre un terme à sa
carrière. Il meurt d'une fièvre maligne le 7 décembre
1797 à l'âge de 40 ans et est enterré à Pera,
dans un quartier d'Istanbul. Sa tombe a disparu, et certains y voient
la main de la perfide Albion car la rivalité entre la France et
l'Angleterre était vive. Une rue de Grenoble perpétue son
souvenir dans le quartier lycée Champollion - Lakanal, ainsi qu'à
l'hémicycle où siègent les Conseillers généraux
de l'Isère. Un comité de jumelage baptisé Aubert
Dubayet existe entre Meylan et Bâton Rouge Gonzalès.
Le Docteur Cabanel conclut son étude en citant une réflexion
toujours vraie de Jean-Baptiste Aubert-Dubayet qui a osé malgré
la terreur dire que "la paix et le bonheur en Vendée comme
en France passent par la réconciliation nationale."
Complétons par ce qu'écrit le Duc de Castries, historien
: La folie des humains a toujours été de faire passer leurs
passions avant leurs devoirs.