Cathy Crimmins, author of How the Homosexuals Saved Civilization
I decided that I dont care if I come across as the biggest fag-hag in the land.
 
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le malheur d'être hommo dans le monde arabe

Last Updated: July 1, 2005

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Par www.kelma.org

Juillet 2005: On connaît les couples gays branchés,gays branchés, à Bègles et dans le Marais. Mais en banlieue, pas loin, au bout des lignes de bus, c'est l'enfer. "Sale pédé!" est l'insulte qui circule le plus dans les cages d'escalier. Et c'est la pire de toutes. Humiliations, agressions, mariages forcés... Les homosexuels y subissent une violence quotidienne. Et ceux-là n'iront pas manifester à la Marche des Fiertés, à Paris, le 26 juin.

Rien ne sort du monde clos des cités. L'association SOS Homophobie a lancé, il y a six mois, un premier appel à témoignages. "Sur notre ligne d'écoute, nous recevions des appels de victimes de la France entière, explique son président, Ronan Rosec. Rien ne remontait de banlieue." Des histoires commencent à filtrer des barres d'immeubles. Anonymes, clandestines et violentes. "Mon ami et moi ne rentrons jamais en même temps, raconte l'un.

Lorsque nous faisons les courses, nous y allons à tour de rôle. Nous vivons un véritable état de siège." Un autre confie son passage à tabac par une vingtaine de jeunes: "Le chef de bande m'a dit: "Si tu veux rentrer chez toi, tu nous suces."" Il a refusé. Résultat: "Huit jours d'incapacité totale de travail." Deux soirs plus tard, ils parviennent à s'introduire chez lui par la terrasse et récidivent: "Après avoir été cueilli dans mon lit, j'ai passé le restant de la nuit, nu, assis dans mon canapé. J'ai été torturé. J'ai cru qu'ils allaient me tuer."

Des garçons victimes de viols collectifs ont eu la force de se confier à l'association Ni putes ni soumises. "Impossible d'aller porter plainte au commissariat du quartier, inimaginable de parler à la famille", explique Nasser Ramdane, un de ses militants. Selon cet ex-vice-président de SOS-Racisme et ancien membre du bureau national du Parti communiste qui a fait son coming out dans Têtu, "le soupçon qu'ils étaient consentants planera toujours".
Une seule solution pour ces homos: quitter la cité. Bien peu y parviennent.

Dans les petites villes et à la campagne, le prétexte des études permet souvent de fuir une atmosphère étouffante. Dans les cités, l'ascenseur social en panne coince les jeunes entre les ragots des voisins et les clichés sexistes des copains. Les gays sont donc passés maîtres dans l'art de jouer les hétéros. "Dans la cour du lycée, il y a eu une punition collective, raconte Jonathan. Des mecs en avaient repéré un. Pendant la récréation, à l'écart, ils lui ont pissé dessus." Du coup, l'adolescent donne des gages. Il participe à des bastons, joue à la petite racaille, "pour être un mec fiable". Pendant des années, il a changé de panoplie dans les toilettes du train de banlieue. Il troquait son jean et son tee-shirt moulant contre un survêtement passe-partout
Cette schizophrénie peut aller très loin. Pour être insoupçonnable, la victime va même jusqu'à devenir bourreau. Des mois plus tard, Jean-Luc Romero, secrétaire national de l'UMP, raconte encore avec stupeur "les aveux d'un grand gars très baraqué qudemandait à me rencontrer". C'était lors d'une permanence à son association Elus locaux contre le sida: "Un peu gêné, le type me dit: "Tous les week-ends, je vais casser du pédé sur les lieux de drague parisiens avec mes copains." Puis il ajoute: "Je suis moi-même homosexuel." Je n'en croyais pas mes oreilles." Depuis la loi du 18 mars 2003, le Code pénal précise que, lors de violences volontaires, l'orientation sexuelle de la victime est une circonstance aggravante.


"Surtout ne pas se faire griller", comme ils répètent tous. Surtout pas chez soi. Les jeunes d'origine maghrébine courent le risque supplémentaire d'être rayés du livret de famille. Dans certaines familles musulmanes, marier un fils homosexuel reste le meilleur moyen d'étouffer le scandale. Kamel avait profité de ses études scientifiques à Orsay pour déguerpir de sa cité de Creil. Il était le seul célibataire d'une fratrie de huit enfants. "Tous trouvaient ça bizarre. Ma sœur m'a lancé qu'elle préférerait avoir un frère toxicomane que pédé." Puis sa mère lui propose un mariage arrangé. "On m'aurait amené une fille du bled, soumise, qui n'aurait pas posé de questions, raconte ce conseiller en recrutement. Je ne voulais pas finir comme tous ces beurs mariés qui traînent au bois de Boulogne avec un siège de bébé à l'arrière de la voiture."

"Par quel moyen les tuer?"

Salim, lui, a subi une tentative de "rééducation". Quand l'étudiant modèle se métamorphose en "gars fêtard bien dans sa peau", dit-il, son grand-frère a pour mission de l'espionner. "Mon père m'a alors emmené en Algérie. Je n'ai pas senti le coup fourré. Je devais y passer dix jours. J'y ai été séquestré dix mois. Sans argent ni passeport. J'étais soumis à une cure de mentalité qui, selon mes parents, devait me sauver." Le père a finalement ramené son fils à Montpellier. Mais sa famille s'acharne encore. Le 3 août 1998, ses frères le tabassent et le mettent à la porte avec la bénédiction maternelle. Il ne les a jamais revus depuis.


Le Coran promet pourtant aux croyants "un paradis où ils seront servis par des éphèbes immortels [...] semblables à des perles cachées", souligne Christelle Hamel dans le Dictionnaire de l'homophobie (PUF). Mais, pour les gays musulmans qui entendent depuis leur enfance qu'il s'agit du plus grand des péchés, "se construire avec une image positive de soi devient très difficile", ajoute l'anthropologue. Karim a la voix tourmentée et le visage délicat. Il vit son attirance pour les garçons comme une perversion: "15 000 bonnes actions ne suffiront pas à rattraper ça." Son secret le ronge. "Inch'Allah!", son salut viendra peut-être "d'une rencontre avec quelqu'un"... à épouser.

Déjà mis à l'index par les traditions religieuses, les homosexuels ont désormais à craindre la propagande des intégristes. Nasser Ramdane connaît bien "les discours des barbus", au pied des immeubles. "Port du foulard, lutte contre les homos, il s'agit du même combat. Ce courant idéologique accuse l'Occident de pervertir les musulmans. En gros, c'est la faute des Blancs s'il y a des Arabes homos", explique le militant de Ni putes ni soumises. Vaste hypocrisie. "La première expérience homosexuelle a souvent lieu avec un cousin au bled, note Christelle Hamel. Une perspective impensable dans la cité. Dans le Maghreb, il y a un décalage entre la dureté de la loi qui réprime ces pratiques et la réalité. Un espace de liberté existe pour des relations entre hommes, tant qu'elles restent discrètes."

Ce qui ne convient pas vraiment à Youssef Qaradhawi, idéologue des Frères musulmans et star d'Al-Jazira. Son opus Le Licite et l'illicite en islam est un guide de bonne conduite vénéré chez les jeunes tentés par l'islamisme.

L'ouvrage est en bonne place dans les librairies spécialisées de la rue Jean-Pierre-Timbaud, dans le XIe arrondissement de Paris, à côté des cassettes de Tariq Ramadan. On peut y lire que, pour ce "péché répugnant [...] les savants en jurisprudence ne furent pas d'accord sur le châtiment [...]. Est-ce que l'on tue l'actif et le passif? Par quel moyen les tuer? [...] Cette sévérité qui semblerait inhumaine n'est qu'un moyen pour épurer la société islamique de ces êtres nocifs qui ne conduisent qu'à la perte de l'humanité". En janvier dernier, lors de la manifestation contre le projet de loi interdisant le port du voile à l'école organisée à Paris par le groupuscule extrémiste du Parti des musulmans de France, la diatribe sur ceux "qui se sentent choqués par le foulard et qui ne se sentent pas choqués par l'homosexualité" a remporté un vif succès.


Depuis 1998, l'association Kelma organise des soirées "Black-Blanc-Beur" aux Folies Pigalle le dimanche soir. C'est la bouffée d'oxygène hebdomadaire. Là, pendant quelques heures, ils laissent leur déguisement d'hétéro au vestiaire et jouissent d'un peu de liberté. Deux Blacks habillés comme des mauvais garçons du Bronx se tiennent par la main. Un jeune intimidé regarde la piste de danse sans oser s'aventurer. Il tripote sa boucle d'oreille, une petite main de Fatma dorée, comme un porte-bonheur. Ce soir-là, la boîte est pleine à craquer. Cheb Khalas, chanteur de raï algérien, donne un concert. Dans une ambiance bon enfant, les mains virevoltent, les bassins ondulent, les youyous s'élèvent. Il est déjà 23 h 30, la file d'attente s'allonge pour récupérer les blousons. Il ne faut pas rater le dernier RER.

 



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