Journée Internationale des Droits de l’homme: une occasion pour protester contre les détentions d’homosexuels au Cameroun

Par Abeli Zahabu, Reporter BTM

Johannesburg – 11 Décembre 2007: Lundi 10 Décembre a été marqué par la Journée internationale des Droits de l’Homme, une journée au cours de laquelle des organisations locales et internationales militant pour les Droits des gays et lesbiennes ont saisi cette opportunité pour protester contre la détention des gays devant la représentation camerounaise à Pretoria.

Différentes organisations des Droits de l’homme et LGBT qui ont pris part à la conférence organisée par  ARC International (qui clôturait ses travaux le même jour) se sont jointes aux organisations locales et sont descendues en force à l’ambassade du Cameroun à Pretoria, capitale administrative d’Afrique du Sud.

Elles ont réclamé la libération immédiate de plus de 13 homosexuels emprisonnés au Cameroun pour violation présumée de l’article 347 du code pénal camerounais qui criminalise l’homosexualité.

Selon la International Gay and Lesbian Human Rights Commission (IGLHRC) -  commission internationale des Droits des Gays et Lesbiennes, plus de 30 personnes ont été arrêtées au Cameroun ces deux dernières années sous les accusations d’homosexualité et ce, malgré le fait que les Nations Unies aient déclaré ces arrestations arbitraires et injustes.

Des douzaines d’étudiants, particulièrement des filles et des femmes, ont été chassées des écoles à cause de leur orientation sexuelle, réelle ou présumée.

L’atmosphère était électrifiant et l’ambiance était celle du militantisme et de combat. Sous des cris de « Amandla awethu » (le pouvoir est à nous) et autres slogans et chants révolutionnaires, plus de 50 activistes, certains venant des pays comme le Brésil, la Colombie, le Pérou, le Maroc, le Sénégal, le Mali, la Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Nigéria, la RDC, le Rwanda, le Burundi, la Namibie, le Botswana, le  Mozambique et l’Inde ont été transportés jusque devant l’ambassade du Cameroun à Pretoria.

Dans les rues de la capitale sud africaine ainsi que devant l’entrée de la représentation camerounaise, les manifestants ont marqué leur présence par des chants et des danses. C’était une ambiance de carnaval.

«C’est très fort pour moi. C’est ma toute première fois de prendre part à une telle manifestation. C’est quand même cruel pour le gouvernement camerounais de détenir des gens sur de fausses bases. Je suis très fier d’être ici pour réclamer les droits des homosexuels au Cameroun », déclare Jean-Hervé BEUTE de Cote d’Ivoire.

« Je suis aussi très excité comme c’est une première expérience. Je suis ici pour soutenir mes frères homosexuels du Cameroun. Je suis ici pour réclamer l’égalité des droits pour les homosexuels », renchérit Modibo Diabaté du Mali.

On pouvait lire le même sentiment sur les autres manifestants : un mélange de fierté et de colère.

 « Je suis très confiant comme membre d’une si grande famille. Une telle démonstration de force n’arrive pas chaque jour et ce sentiment n’arrive pas chaque jour non plus », confie ALOK de l’Inde

Pour Cary Alan Johnson, coordonnateur de IGLHRC pour la région Afrique, cette manifestation est un grand pas dans la bonne direction pour les organisations LGBTI en Afrique.

«Je suis très ravi. Il est important que le gouvernement du Cameroun comprenne que ce sont les Africains eux-mêmes qui réclament le changement dans leurs pays respectifs. Ils veulent que les Droits de l’homme soient inclusifs. Ce n’est pas les Etats-Unis, l’Angleterre ou la France qui leur dictent ces revendications. Ce sont les Africains eux-mêmes », martèle Cary.
 
Tandis que les manifestants chantaient, dansaient et réclamaient la libération immédiate des homosexuels emprisonnés au Cameroun, les officiels de l’ambassade de ce pays se tenaient tranquilles de l’autre coté de la clôture et écoutaient les doléances.

«Nous avons bien reçu le mémorandum qui a été adressé aux autorités camerounaises à Yaoundé. Tout ce que nous pouvions faire c’était de le transmettre aux concernés. Il n’y a rien que nous pouvons faire à ce niveau-ci. L’homosexualité est punie par la loi au Cameroun. S’il y a des gens qui vont à l’encontre de la loi, il seront punis», a reconnu plus tard un officiel de l’ambassade. 

L’ambassade a promis de donner une suite au mémorandum aussi tôt que les autorités camerounaises auront répondu. 

D’autres manifestations similaires ont été organisées devant les ambassades du Cameroun en France et aux Etats-Unis.