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LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO TOUJOURS HOSTILE A L’HOMOSEXUALITE
by Mask Admin on October 8, 2009


By Junior Mayema

KINSHASA – 08 Octobre 2009 :  Malgré ses six millions d’habitants, Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo, est loin d’être une ville où on peut  vivre et exprimer ouvertement son orientation sexuelle.

A ce jour un peu partout en Afrique, l’homosexualité est considérée comme une abomination et un mode de relation importé de l’Occident.

Il suffit de se promener dans les rues de cette vaste ville pour comprendre combien il est difficile de s’afficher avec un partenaire du même sexe.

De plus, au sein de la famille, la pression est souvent si forte que le quotidien d’un homosexuel ressemble à un véritable chemin de croix.

Dody, un jeune garçon à peine sorti de l’adolescence, a dû changer son look suite aux menaces de ses parents de le chasser du domicile familial. Ils ont même pris la décision de ne plus payer ses frais de scolarité  après avoir découvert son homosexualité.

Le cas de Dody est aussi vécu par d’autres jeunes à Kinshasa. Dès qu’ils avouent leur orientation sexuelle, ils sont persécutés par leurs proches qui considèrent cette situation comme une malédiction divine. Dennis, âgé de 21 ans et ami de Dody, a vécu une situation presque similaire.

Sa mère et sa sœur l’ont moralement menacé durant des mois lorsqu’elles ont appris que le jeune homme était gay.

Les privations au niveau de la maison l’ont d’ailleurs amené à une prostitution occasionnelle.

Dennis a révélé que ses clients étaient des hommes âgés qui aimaient la compagnie de jeunes hommes.

Ne voulant plus poursuivre ses études, il pratique le plus vieux métier du monde et  avoue que ça lui assurait un certain confort malgré les privations dont il fut victime.


Interrogé sur les lieux de rencontres avec ses clients, dans la mesure où il est strictement interdit aux tenanciers d’hôtels d’accepter un couple de même sexe, Dennis a déclaré qu’il les rencontrait à leurs domiciles ou dans les grands hôtels de la capitale.

Enfin, il a précisé que sa clientèle était composée d’hommes congolais et africains et surtout d’européens.

Beaucoup de gays se retrouvent dans la misère qui malheureusement est omniprésente depuis quelques années à Kinshasa et dans l’ensemble du pays.

Ils se prostituent dans les bidonvilles et les quartiers populaires de Kinshasa, souvent sans se protéger.

La plupart de ces exclus vivent chez des amis ou louent un studio en groupe. Il est presque impossible pour un homosexuel de louer une maison, par exemple, car il est difficile de convaincre les propriétaires d’accepter une personne ayant une orientation sexuelle particulière. Parfois, ils se font passer pour des hétérosexuels, mais éventuellement la vérité finit par éclater au grand jour.

Coco, un jeune homme financièrement aisé, décida un jour de quitter sa famille pour s’installer chez lui en louant un quatre pièces dans une commune populaire de Kinshasa. Il n’était pas ouvertement  homosexuel et lorsqu’il emménagea dans sa maison, il ne tarda pas à éveiller les soupçons auprès des voisins car il ne recevait que des garçons, dont un grand nombre était efféminé.

Dès lors, Coco fut le sujet des conversations dans le quartier et les menaces commencèrent à tomber.

Un soir arriva un groupe de jeunes qui investirent son domicile, l’agressèrent verbalement, le forçant ainsi à quitter à la hâte le quartier pour retourner auprès de sa famille.

Les actes d’hostilité ne sont pas isolés. Ils sont présents dans la ville de Kinshasa et personne n’en parle car ils n’affectent qu’une couche de la population qui est constamment critiquée.

Kinshasa est certes une grande ville mais c’est aussi un grand village.
L’adoption d’une loi contre l’homosexualité est en discussion au niveau de l’Assemblée Provinciale de Kinshasa.

Elle provoquera sans nul doute une vague d’homophobie et mettra par conséquent en grave danger la vie de nombreux homosexuels.