Les homos dans les forums communautaires de surveillance

Par Zakhe Macala (Correspondant BTM)

AFRIQUE DU SUD – 13 Novembre 2007 : Dans la plupart des townships en Afrique du Sud, les Community Policing Forums (CPFs) [des comités locaux de surveillance] se forment en vue de combattre la criminalité.

Les CPFs de Soweto [le grand township au sud de Johannesburg] ont invité la communauté homosexuelle à se joindre à eux pour combattre les crimes de haine récurrents dans le township et dont ses membres sont souvent victimes.

Cet appel a été lancé il y a trois semaines lors d’une rencontre entre les CPFs, la police et les membres de l’organisation ‘07-07-07’, rencontre tenue à la station de police de Jabulani après le dépôt d’un mémorandum dénonçant le meurtre des gays dans les townships.

Les CPFs estiment que travailler ensemble avec les gays et lesbiennes réduira la peur que ressentent les membres de la communauté LGBTI pour signaler les cas de criminalité. « Nous avons constaté que les gens ont peur de signaler les cas des crimes de haine parce qu’ils ont peur des conséquences qu’ils encourent en faisant cela », atteste Monti Dlamini, responsable des CPFs à la station de police de Jabulani.

Il a ajouté que la plupart des CPFs dans les environs de [townships de] Zola, Jabulani, Zondi et Emndeni (ZOJAZEM) ont connu des cas des crimes de haine envers des lesbiennes même si ces cas ne sont pas toujours signalés à la police.

« Le fait que la communauté LGBTI ait rejoint les CPFs permettra aux autres membres de la communauté qui seraient victimes des crimes de haine de les signaler», affirme Vumelani Ntshele, qui est déjà un membre d’un CFP de Soweto.

Elle a aussi affirmé que certains membres de la communauté LGBTI ont déjà rejoint les rangs des CPFs, mais qu’ils ne font pas encore état des problèmes qui les affectent.

Zintathu Mdlankomo, une lesbienne qui a rejoint un CFP en 2004, estime qu’il est devenu plus facile pour les victimes des crimes de haine de signaler ces cas aux autres gays qui font partie des CPFs.

« Je pense que ceux qui signalent les cas de crime de haine se sentent plus libres de parler à quelqu’un qui les comprendrait mieux», déclare Mdlankomo.

Et d’ajouter que le fait que les gays commencent à faire partie des CPFs réduira la discrimination à l’égard les homosexuels tout en améliorant la compréhension des problèmes auxquels fait face la communauté LGBTI.

« J’ai connu des cas de victimisation des gays et lesbiennes, mais ces cas sont rarement signalés à la police par manque de preuves solides ».

Tout en montrant de l’enthousiasme à faire partie des CPFs, certains gays et lesbiennes pensent cependant que combattre les crimes de haine devrait être une entreprise  collective incluant la police et la communauté.

« Comme lesbienne, je suis prête à faire partie des CPFs parce que cela aidera la communauté LGBTI à être en contact régulier avec la police et la communauté toute entière. Ce faisant, toutes les parties auront ont une meilleure compréhension des problèmes des gays », déclare Mnisi, [du township] de Zola.

« Si les gays rejoignent les CPFs, le combat pour les droits de la communauté LGBTI recevra une meilleure attention. Les homophobes  ne comprennent pas qu’ils peuvent me tuer comme individu mais qu’ils n’élimineront pas toute la communauté LGBTI » estime pour sa part Vusi Nkosi, 22 ans.