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Ausgabe 1/2003
Bijoux à Genève – art suisse à Zurich
   
Laura Zuccone, journaliste indépendante
 
Le mois de novembre constitue un véritable bonheur pour l’amateur d’art. À Genève et à Zurich, se tiennent les ventes d’automne des grandes maisons de vente aux enchères. La concurrence est forte. Chaque «auctioneer» utilise force superlatifs pour présenter la marchandise proposée, qui un rare Ferdinand Hodler, qui un exceptionnel Félix Vallotton, qui encore un sublime diamant à la pureté absolue …
 
Si les différents acteurs peuvent présenter de telles pièces, c’est que la Suisse a acquis une importance de premier ordre sur le marché de l’art mondial. Les chiffres restent lacunaires. Les statistiques fournies par des sociétés comme Artprice ne tiennent compte que des résultats réalisés en ventes publiques, ce qui néglige une large partie des affaires, traitées en galeries. Les statistiques des douanes, elles, se limitent à quantifier les exportations et les importations. Quelle que soit néanmoins la méthode de calcul, il apparaît que la Suisse détient la troisième ou, plus vraisemblablement, la quatrième position derrière les États-Unis (un tiers du marché), la Grande-Bretagne (un quart) et, loin derrière la France/ou l’Allemagne. Notre pays détiendrait une fraction d’environ 10%.
Plusieurs raisons expliquent qu’un si petit pays se taille une part de lion dans l’art. Pour les comprendre, il faut remonter dans le temps. C’est véritablement au tournant du demi-siècle que la Suisse a accéléré son décollage et dès les années 1960-1970 qu’elle s’est internationalisée. Ainsi, de 1950 à nos jours, la croissance des importations et des exportations de biens culturels s’élève à plus de 8% chacune, soit quatre points de pourcentage de plus que le commerce extérieur global. Mieux, «le second conflit mondial entraîne une inversion des rapports puisque dès 1946 les exportations sont systématiquement et sensiblement supérieures aux importations», note l’historien Sébastien Guex dans la revue Traverse.
 
Les interconnexions avec la place financière
Plusieurs observateurs relèvent le lien entre place financière et marché de l’art. La Suisse excelle dans les deux domaines. Tant l’épargnant étranger que l’acheteur d’une œuvre sont sensibles à plusieurs facteurs similaires: la stabilité politique, économique et sociale, mais aussi la discrétion. Outre le secret bancaire apparu dans les années 1930, dont on dit qu’il favorise aussi les transactions d’objets d’art, les ports-francs, soumis à des règles minimalistes, constituent un élément du succès de la Suisse dans ce négoce.
 
La neutralité
Parmi les facteurs favorables au marché de l’art, la neutralité de la Suisse durant les deux guerres mondiales occupe aussi une place de choix. Elle a, relève Sébastien Guex, non seulement favorisé le maintien des réseaux commerciaux, facilités encore par la position géographique du pays, mais également fait apparaître sur le marché helvétique œuvres d’art et marchands fuyant les conflits. La position de la Suisse durant la deuxième guerre a été, pour la première fois, analysée par la commission Bergier. Celle-ci a relevé que notre pays était devenu une plaque-tournante pour les biens en fuite et les biens spoliés. Tandis que les premiers repartaient en général à l’étranger, les seconds sont souvent restés en Suisse, note la Commission.
 
La législation
La Suisse dispose d’une législation particulièrement libérale, voire, aux yeux de certains, permissive. La non-appartenance à l’Union européenne favorise le maintien de mesures favorables au commerce de l’art. Les exportations et importations ne sont pas soumises à des conditions particulières. Le droit de suite, applicable dans toute l’Europe dès 2006 (il majore de quelque 4% le prix d’une œuvre), est inconnu. Le taux de TVA est sensiblement inférieur à celui pratiqué dans les pays voisins. Ce qui a pu faire dire à François Curiel, patron de Christie’s interviewé par Le Temps au lendemain de la votation sur l’Europe en mars 2001, que «du point de vue de Christie’s, il n’y aurait plus de raison d’organiser des ventes en Suisse si celle-ci entrait dans l’Europe. Pour l’instant, 60% des ventes de bijoux au monde se font dans ce pays parce que nous pouvons amener les pièces en suspension de TVA. Si cette facilité tombait, Genève n’étant pas une capitale de l’art, nous déplacerions nos ventes».
Toujours sur le plan législatif, il faut mentionner que la Suisse n’applique pour l’instant ni la Convention de l’Unesco de 1970 sur la protection du patrimoine ni, celle plus radicale d’Unidroit, mais une loi d’application de la première doit être discuté prochainement au parlement (lire la contribution d’Andrea Raschèr).
 
Arrivée des maisons de vente
La période de l’internationalisation du marché suisse de l’art des années 1960-1970 correspond à l’apparition en Suisse des grands auctioneers anglais. Christie’s s’implante à Genève en 1968, où elle conduit sa première vente hors du Royaume-Uni. Puis vient Sotheby’s, pour qui l’ouverture d’un bureau à Zurich en 1969 correspond aussi aux débuts de son expansion internationale. Phillips a débuté ses activités en Suisse un peu plus tard, à Genève en 1976, puis à Zurich. Outre les facteurs attractifs décrits plus haut, elles sont attirées par la présence en Suisse de nombreux collectionneurs étrangers, résidents ou de passage, et nationaux.
Dès leur arrivée, les grandes maisons de vente marquent progressivement le pas sur les galeristes. Débute alors une longue querelle, qui s’est accentuée ces dernières années et n’est pas propre à notre pays, entre marchands et maisons de vente, les premiers allant jusqu’à accuser les seconds de pratiques déloyales pour marcher sur leurs plate-bandes. Les maisons suisses de ventes de taille moyenne sont également prétéritées par la force de frappe considérable des concurrents internationaux. Parmi celles-là, une des plus importantes, la Galerie Koller, fondée à Zurich en 1960. Pour lutter contre les géants britanniques, ces acteurs helvétiques se spécialisent (Antiquorum dans l’horlogerie, Dobiaschowsy dans l’art suisse etc) ou s’associent outre-frontières (Koller s’est accolée au groupe «International Actionners»).
 
À chacun sa spécialité
Rapidement, une division des rôles est survenue. À Genève, les ventes de bijoux, à Zurich le marché de l’art suisse. Il n’est pas inintéressant d’ailleurs de nuancer l’internationalisation de la Suisse en fonction de la zone géographique. Alors qu’à Genève, la grande majorité des acheteurs sont étrangers, ce phénomène est moins important dans la métropole alémanique. C’est que l’art suisse moderne – Ferdinand Hodler, Félix Vallotton, Cuno Amiet ou encore Albert Anker – n’a commencé que récemment à séduire une clientèle étrangère.
Pour terminer ce tour d’horizon, on en saurait négliger la place de Bâle qui a acquis une stature internationale grâce à ses collections privées, ses musées et surtout ses foires. La plus importante, Art Basel, est devenue un haut lieu de la peinture contemporaine. Chaque année, en juin, elle attire les galeries les plus réputées du monde et draîne plusieurs dizaines de milliers de visiteurs. En 2002, 262 marchands, venus des cinq continents, ont fait le déplacement. Quelques mois plus tard, en octobre, se tient la nouvelle Cultura. Réservée à un public plus confidentiel, elle s’est spécialisée dans les objets archéologiques et d’antiquité.
Genève n’a pas réussi à imposer un pareil salon. Vivanne Jutheau de Witt a mis sur pied dès 2000 deux éditions du Salon de mars. Si elle réunissait de la belle marchandise, la faible fréquentation de cette foire, couplée à un changement de date imposé à sa fondatrice, a eu raison des tentatives de l’ancienne commisseur-priseur français.
 
 
 
 
 
 
 
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