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NICOLAS SARKOZY : « La chape de plomb de la pensée unique... »
DÉTERMINÉ, concentré, plutôt ouvert, souvent passionné, mais, pendant une bonne moitié de l’entretien, assez tendu : tel est apparu mercredi matin Nicolas Sarkozy venu débattre à Saint-Ouen dès 9 heures avec les lecteurs du « Parisien » et d’« Aujourd’hui en France ». Juste avant, le candidat de l’UMP et favori des sondages qui mène au final un train d’enfer, considérant que rien n’est acquis, que rien n’est joué était l’invité de France Inter. Deux temps forts dans ce dialogue musclé. D’abord, la façon dont l’ancien ministre de l’Intérieur a évoqué les problèmes de sécurité, insistant sur les drames vécus par tant et tant de victimes et leurs familles : « Avec moi, a-t-il martelé, la violence ne tiendra pas le haut du pavé. » Ensuite, l’émotion dont il a témoigné en évoquant les coups qu’il a reçus, ses « cicatrices », les « caricatures » qui le visent et « le prix qu’a dû payer (sa) famille » : « Les attaques contre moi sont beaucoup plus lourdes que contre les autres. » Nicolas Sarkozy s’est affiché « serein », mais il y avait par moments de la gravité dans l’air. Entretien coordonné par Henri Vernet et Dominique de Montvalon Avec la collaboration de Martine Mahé O’Chinal Photos : Frédéric Dugit PAUL-VICTOR VETTES. Il existe des problèmes de communication entre les jeunes et la police. Comment expliquez-vous un tel fossé ? Nicolas Sarkozy. Je ne suis pas de cet avis. Le travail de la police, c’est d’arrêter les fraudeurs, d’interpeller les casseurs, de faire régner l’ordre. Cette mesure de protection des personnes et des biens est indispensable. A la gare du Nord, tout a commencé à cause d’un fraudeur qui n’a pas payé son ticket, a frappé des agents de la RATP, et qui, par ailleurs, avait déjà été condamné dans le passé à sept reprises. A cette occasion, des voyous ont saccagé la gare. De là à penser qu’il y a un problème entre la police et la jeunesse, non ! La police a fait son travail. Je la soutiens. Certes, il peut y avoir des problèmes. Il y a 150 000 policiers en France, tous ne sont peut-être pas exemplaires. Mais c’est une forme de pensée unique que de passer son temps à réfléchir à un prétendu fossé, de vouloir trouver des excuses à tout. Dimanche, j’ai rencontré la mère de la jeune Ghofrane, torturée à mort par deux garçons de 17 ans pour lui extorquer le code de sa carte bancaire. Et la jeune Mama Galledou, brûlée à 62 % dans un bus à Marseille par des mineurs ? Où sont les bonnes consciences pour défendre ces victimes ? Je serai le président de la République qui ne mettra pas sur un pied d’égalité les victimes et les délinquants. Cinquante pour cent des crimes et délits sont commis par 5 % des délinquants. Si je suis élu, les multirécidivistes seront punis beaucoup plus sévèrement, avec l’instauration de peines planchers. Et les mineurs multirécidivistes de plus de 16 ans seront traités comme des majeurs. La fermeté, c’est le meilleur moyen de faire revenir dans le droit chemin des jeunes en déshérence. Comment réconcilier la police et les jeunes ?
« Bayrou découvre les banlieues » YVAN GAUTHO. En 2002, vous avez supprimé la police de proximité. N’était-ce pourtant pas un bon moyen pour la prévention ? Que proposez-vous pour prévenir l'insécurité ?
ROSELYNE LACHAUT. Que fait-on des délinquants ? La prison est-elle la solution idéale ? BRIGITTE DE MIL. Il vous est arrivé de justifier la légitime défense dans le cas d’un meurtre. Etes-vous favorable à la peine de mort ? YVAN GAUTHO. Un candidat qui ne peut pas aller dans certaines parties du territoire peut-il être le président de tous les Français ? YVAN GAUTHO. Vous-même ! En banlieue ! VERONIQUE GIRAULT. On a beaucoup parlé de l’identité nationale. Selon vous, qu’est-ce qu’être français aujourd’hui ?
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L'ARRIVÉE AU JOURNAL | |
CE QU'A PENSÉ NICOLAS SARKOZY DE SON "FACE AUX LECTEURS" | |
SON SCÉNARIO DU SECOND TOUR | |
COMMENT L'AVEZ-VOUS TROUVÉ ? | |
YVAN GAUTHO 35 ans Créateur d'entreprise Paris (75) « J'ai trouvé dans ses propos tout de même pas mal de démagogie. Il ne m'inspire pas confiance. Il a répondu aux questions. Mais dans ses idées il y a toujours un fond qui me dérange, notamment quand il aborde certains sujets comme la génétique et l'identité sexuelle. Il a des mots qui me crispent, qui me questionnent sur la forme mais aussi sur le fond. En fait, j'ai l'impression qu'il n'y a parfois pas d'écoute chez ce candidat. » MAILA MENDY 20 ans Etudiante Noisy-le-Sec (93) « Il a du caractère et monopolise beaucoup la parole. Ça lui donne un côté Père Fouettard qui fait un peu peur. On voit que c'est la répression, et pas de prévention. Il fait aussi beaucoup de stigmatisations et de généralisations, notamment sur les immigrés. Il avait l'air un peu ému sur certains sujets, notamment sur sa famille. Il a raison aussi de dire que les électeurs du FN sont des Français comme les autres. Il sait qu'il aura besoin de leurs voix. » ETIENNE SMITH 26 ans Doctorant Paris (75) « Je l'ai trouvé très sympathique et agréable. Il a accepté la contradiction et a répondu franchement. Dans le débat d'idées, il est redoutable. Mais ce qu'il gagne en habileté rhétorique, il le perd en sincérité. Il prend toujours les mêmes exemples, les mêmes faits divers et crimes atroces qu'il utilise quand il est à la télévision. On attendait plus de cette rencontre. Et il répondait plus par des questions que par des réponses. » VERONIQUE GIRAULT 33 ans Responsable de communication Paris (75) « J'espérais approcher l'homme un peu plus que l'animal politique. De ce point de vue-là, il était un peu décevant. Il est très offensif, agite plein de grosses ficelles au détriment de la sincérité. Il a ainsi fait une surenchère de faits divers tenant plus de l'anecdote que de la compassion. Et finalement, on n'est pas du tout convaincus. Il manque de spontanéité. Le seul moment où je l'ai senti sincère, c'est lorsqu'il a parlé de sa famille. » GERARD HAROU 57 ans Artisan taxi Nanterre (92) « J'ai été agréablement surpris. Je l'ai trouvé assez ouvert, proche des préoccupations de chacun. Il a beaucoup de convictions et les fait valoir avec force. Il est lui-même, compétent et c'est le seul, à mes yeux, qui a la stature présidentielle. Et même si je ne suis pas sûr qu'il pourra faire tout ce qu'il veut, il dit dans quelle direction il veut aller. Concernant les accointances supposées avec le FN, il a été clair et n'a pas fait dans la demi-mesure. » PAUL-VICTOR VETTES 21 ans Etudiant Saint-Maur-des-Fossés (94) « Je l'ai trouvé animé et vif. Il est passionné et indéniablement cohérent. Mais j'ai l'impression que la forme de son discours empêche un vrai questionnement sur le fond. On reste parfois trop dans la démonstration manichéenne. Il a un ton autoritaire et affirme certaines choses avec le poing levé. Il a beaucoup de certitudes et le dialogue paraît difficile. J'ai donc le sentiment de ne pas avoir eu les réponses aux questions que je posais. » ROSELYNE LACHAUT 55 ans Cadre de banque Paris (75) « J'ai vu l'homme qu'on voit à la télévision. Ses réponses sont un peu toujours les mêmes. C'était certes précis et très clair. Il est très présent et cherche à être convaincant. Mais il refuse la nuance, alors que le monde est quelquefois complexe. Quand il répond, on voit qu'il caricature nos propos. Il peut incarner la fonction présidentielle, mais il aura sans doute une difficulté à être le président de tous les Français. » BRIGITTE DE MIL 48 ans Assistante de communication Ecouen (95) « La technique de communication semble rodée pour atteindre un seul but : le pouvoir. Il serait dommage que trop de Français soient dupes. » (NDLR : Brigitte De Mil n'a pas souhaité s'exprimer davantage.) |