DECOLONISATION

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Moyen-Orient : de la nationalisation à l’indépendance

par Serap Özyilmaz

Les années 50 auront marqué le Moyen-Orient non seulement du fait de la décolonisation, mais également le contexte de la Guerre Froide. Déstabilisée par la Seconde Guerre mondiale et par la perte des Indes, la Grande-Bretagne va tenter de maintenir voire renforcer son influence au Moyen-Orient, défiant les revendications nationalistes des populations. Ayant gardé ses positions en Irak et en Egypte, elle occupe également la Syrie et le Liban aux dépens de la France de Vichy. Cependant, l’empire britannique sera contraint de laisser de plus en plus de place aux initiatives des Etats-Unis, la puissance ascendante. La Grande-Bretagne ne se retirera complètement de la péninsule arabique qu’en 1971. Retrait qui posera le problème de la sécurité des approvisionnements en hydrocarbures. L’Iran sera chargé de contrôler la sécurité du Golfe. Petit à petit, ces pays, anciennement colonisés, vont tenter de reprendre le contrôle de leurs productions nationales, à commencer par le pétrole.

Les puits de pétrole, la richesse du Moyen-Orient, font de nombreux envieux dans le monde entier.

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1922 : Égypte indépendante ?
En février 1922, l’Angleterre ne peut plus contenir les assauts nationalistes et la fin du protectorat est proclamée. L’Égypte est «indépendante» sauf sur certains points tels que le contrôle du canal de Suez et le maintien des troupes britanniques.
Le pays des Pyramides est devenue une zone stratégique de haute importance depuis l’inauguration du canal de Suez en 1869. Après la guerre de 1914-18, puis celle de 1940-45, la situation intérieure de l’Égypte se détériore. En 1952, le roi Farouk abdique et un Conseil de la Révolution, présidé par Mohammed Naguib, prend le pouvoir. En 1954, celui-ci est contraint de laisser la place à Gamal Abdel Nasser, élu ensuite, par référendum, président de la république d’Égypte en 1956. Nationaliste arabe, Nasser veut libérer son pays des séquelles de l’occupation britannique et il souhaite donner à son pays la direction du monde arabe et le leadership de la région. Mais les Anglais sont méfiants. Accorder à l’Égypte ce rôle de leader les conduirait à abandonner leurs alliés hachémites traditionnels (Irak et Jordanie). A Bandung, accompagné de Nehru, de Chou En-Lai et de Sukarno, Nasser va prêcher le neutralisme positif. Après Bandung et face aux tensions avec Israël, il se rapproche de plus en plus de l’Union Soviétique. Comme l’explique Jacques Thobie, Nasser utilise de 1955 à 1957 l’aide soviétique pour lutter contre la dépendance anglaise et pour échapper à celle des Etats-Unis. En 1956, Nasser entreprend la nationalisation du canal de Suez suite au refus américain du financement du projet du haut barrage d’Assouan. Il n’oubliera pas cette terrible humiliation que lui a fait subir les Etats-Unis. En 1969, il réussit à mener à terme ce projet. L’indépendance de l’Égypte est désormais envisageable, d’un point de vue économique en tous cas.

Kassem, leader de l’indépendance irakienne
En 1932, l'Irak, sous mandat britannique depuis 1921, est le premier pays de «Mandat A» à accéder à l'indépendance. Le traité sera signé à Bagdad en 1930 et servira de «modèle» à d’autres pays tels que l’Egypte (1936) et la Syrie (1936). Ce traité consiste à satisfaire les revendications nationales tout en sauvegardant l’essentiel des intérêts et de l’autorité des puissances mandataires. Il s’agit simplement de faire passer les rapports de dépendance en relations amicales d’égalité. Nouri Saïd, évincé par Rachid Ali al-Gailani pour une courte période, redevient premier ministre d’Irak en 1941. A la même époque, Londres envisage la création d’un « Croissant Fertile » (Irak, Syrie, Liban, Palestine et Transjordanie) réuni sous un souverain hachémite. Au même moment, Nouri Saïd propose un plan d’Union Arabe qui n’aboutira pas car il risque de faire de l’ombre aux grands pays arabes. En 1943, Nahas pacha émet son projet de Ligue arabe (regroupement d’États arabes souverains) et à la conférence d’Alexandrie (1944), cinq nations (Égypte, Irak, Syrie, Liban et Transjordanie) signent le Protocole.
Le 14 juillet 1958, Kassem et Abd al–Salam Aref prennent le pouvoir à Bagdad. La même année, alors qu’Aref est arrêté et condamné à mort, Kassem se rapproche de l’Union Soviétique. En 1960, il autorise la formation de partis politiques mais ceux-ci ne tiennent pas. En 1961, Kassem transfert l’Iraq Petroleum Company et met ainsi un terme à la dépendance.

« Affaire Mossadegh »
La jeune bourgeoisie iranienne, désireuse de promouvoir un développement autonome, veut disposer de la principale ressource du pays, le pétrole. Le Dr Mossadegh, leader du Front National, est porté au pouvoir en 1951 et présente d’entrée de jeu un projet de nationalisation de l’Anglo Iranian Oil Company qui sera adopté à l’unanimité. Pour contrer cela, la Grande-Bretagne prépare une intervention militaire à partir de Chypre, de l’Irak et du Golfe. Les USA préviennent l’Angleterre qu’ils ne les suivront en aucune manière, pour éviter une éventuelle intervention soviétique dans la région. Les techniciens britanniques refusent de travailler, l’A.I.O.C. est paralysé et ne verse plus de redevances. C’est ainsi que le gouvernement de Mossadegh se retrouve face à de graves difficultés budgétaires. Il se trouve alors dans l’obligation de solliciter un prêt auprès des Etats-Unis. A partir de ce moment, la Grande-Bretagne devra se résigner à collaborer avec les Américains concernant le pétrole iranien. Le 19 août 1953, Mossadegh est arrêté à la suite d’une manifestation antimonarchiste et condamné à 3 ans de prison. Le général Zahedi est alors nommé premier ministre. En concluant des accords avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, celui-ci réduit tous les efforts des Iraniens à néant.

Instauration d’une monarchie en Transjordanie
En 1929, Abdallah signe un Traité avec les Anglais qui fait de la Transjordanie un protectorat : Toutes les lois transjordaniennes doivent être soumises à l’approbation des Britanniques. Mais en 1939, l’émir Abdallah reprend le commandement de son armée et leur offre un sérieux coup de mains pendant la Seconde Guerre Mondiale. En 1945, il se rallie à l’Égypte pour former la Ligue Arabe. En 1946, le mandat britannique prend fin et l’émir Abdallah est couronné Roi. Les troupes britanniques conservent toutefois le droit de stationner sur son territoire. Aussi les réactions antibritanniques se multiplient. Finalement, la Grande-Bretagne n’y conserve plus que deux bases (Amman et Mafraq, 1948). Le 5 septembre 1951, Talal, fils aîné de Abdallah, est proclamé roi. Mais dès le 11 août 1952, le parlement le remplace par son fils Hussein.

La Palestine
En Palestine, la cohabitation entre Arabes et Sionistes n’est pas des plus aisée. Selon Jacques Thobie, la révolte palestinienne contre l’implantation sioniste et l’occupation britannique, prend, entre 1935 et 1938, l’allure d’une véritable guerre. Durant l’été 1937, une guérilla antibritannique se développe. Le Livre Blanc offre une solution provisoire : l’abandon de la partition et report à 10 ans de l’indépendance dans le cadre d’un État unitaire binational, où Juifs et Arabes se partageront le gouvernement. En 1946, Face aux affrontements, la Grande-Bretagne se voit dans l’obligation de saisir les Nations-Unis (1947). Adopté à la majorité, le rapport émis par l’ONU préconise le partage de la Palestine en un État arabe, un État juif et une zone internationale, Jérusalem. Le 14 mai 1948, Ben Gourion proclame la création de l’État d’Israël. Le lendemain, l’empire britannique décide de mettre fin à son mandat. Malheureusement, ce retrait ne sera pas synonyme de paix au Moyen-Orient.