1922
: Égypte indépendante ?
En février 1922, l’Angleterre ne peut plus contenir
les assauts nationalistes et la fin du protectorat est proclamée.
L’Égypte est «indépendante»
sauf sur certains points tels que le contrôle du canal
de Suez et le maintien des troupes britanniques.
Le pays des Pyramides est devenue une zone stratégique
de haute importance depuis l’inauguration du canal de
Suez en 1869. Après la guerre de 1914-18, puis celle
de 1940-45, la situation intérieure de l’Égypte
se détériore. En 1952, le roi Farouk abdique et
un Conseil de la Révolution, présidé par
Mohammed Naguib, prend le pouvoir. En 1954, celui-ci est contraint
de laisser la place à Gamal Abdel Nasser, élu
ensuite, par référendum, président de la
république d’Égypte en 1956. Nationaliste
arabe, Nasser veut libérer son pays des séquelles
de l’occupation britannique et il souhaite donner à
son pays la direction du monde arabe et le leadership de la
région. Mais les Anglais sont méfiants. Accorder
à l’Égypte ce rôle de leader les conduirait
à abandonner leurs alliés hachémites traditionnels
(Irak et Jordanie). A Bandung, accompagné de Nehru, de
Chou En-Lai et de Sukarno, Nasser va prêcher le neutralisme
positif. Après Bandung et face aux tensions avec Israël,
il se rapproche de plus en plus de l’Union Soviétique.
Comme l’explique Jacques Thobie, Nasser utilise de 1955
à 1957 l’aide soviétique pour lutter contre
la dépendance anglaise et pour échapper à
celle des Etats-Unis. En 1956, Nasser entreprend la nationalisation
du canal de Suez suite au refus américain du financement
du projet du haut barrage d’Assouan. Il n’oubliera
pas cette terrible humiliation que lui a fait subir les Etats-Unis.
En 1969, il réussit à mener à terme ce
projet. L’indépendance de l’Égypte
est désormais envisageable, d’un point de vue économique
en tous cas.
Kassem,
leader de l’indépendance irakienne
En 1932, l'Irak, sous mandat britannique depuis 1921, est le
premier pays de «Mandat A» à accéder
à l'indépendance. Le traité sera signé
à Bagdad en 1930 et servira de «modèle»
à d’autres pays tels que l’Egypte (1936)
et la Syrie (1936). Ce traité consiste à satisfaire
les revendications nationales tout en sauvegardant l’essentiel
des intérêts et de l’autorité des
puissances mandataires. Il s’agit simplement de faire
passer les rapports de dépendance en relations amicales
d’égalité. Nouri Saïd, évincé
par Rachid Ali al-Gailani pour une courte période, redevient
premier ministre d’Irak en 1941. A la même époque,
Londres envisage la création d’un « Croissant
Fertile » (Irak, Syrie, Liban, Palestine et Transjordanie)
réuni sous un souverain hachémite. Au même
moment, Nouri Saïd propose un plan d’Union Arabe
qui n’aboutira pas car il risque de faire de l’ombre
aux grands pays arabes. En 1943, Nahas pacha émet son
projet de Ligue arabe (regroupement d’États arabes
souverains) et à la conférence d’Alexandrie
(1944), cinq nations (Égypte, Irak, Syrie, Liban et Transjordanie)
signent le Protocole.
Le 14 juillet 1958, Kassem et Abd al–Salam Aref prennent
le pouvoir à Bagdad. La même année, alors
qu’Aref est arrêté et condamné à
mort, Kassem se rapproche de l’Union Soviétique.
En 1960, il autorise la formation de partis politiques mais
ceux-ci ne tiennent pas. En 1961, Kassem transfert l’Iraq
Petroleum Company et met ainsi un terme à la dépendance.
«
Affaire Mossadegh »
La jeune bourgeoisie iranienne, désireuse de promouvoir
un développement autonome, veut disposer de la principale
ressource du pays, le pétrole. Le Dr Mossadegh, leader
du Front National, est porté au pouvoir en 1951 et présente
d’entrée de jeu un projet de nationalisation de
l’Anglo Iranian Oil Company qui sera adopté à
l’unanimité. Pour contrer cela, la Grande-Bretagne
prépare une intervention militaire à partir de
Chypre, de l’Irak et du Golfe. Les USA préviennent
l’Angleterre qu’ils ne les suivront en aucune manière,
pour éviter une éventuelle intervention soviétique
dans la région. Les techniciens britanniques refusent
de travailler, l’A.I.O.C. est paralysé et ne verse
plus de redevances. C’est ainsi que le gouvernement de
Mossadegh se retrouve face à de graves difficultés
budgétaires. Il se trouve alors dans l’obligation
de solliciter un prêt auprès des Etats-Unis. A
partir de ce moment, la Grande-Bretagne devra se résigner
à collaborer avec les Américains concernant le
pétrole iranien. Le 19 août 1953, Mossadegh est
arrêté à la suite d’une manifestation
antimonarchiste et condamné à 3 ans de prison.
Le général Zahedi est alors nommé premier
ministre. En concluant des accords avec les Etats-Unis et la
Grande-Bretagne, celui-ci réduit tous les efforts des
Iraniens à néant.
Instauration
d’une monarchie en Transjordanie
En 1929, Abdallah signe un Traité avec les Anglais qui
fait de la Transjordanie un protectorat : Toutes les lois transjordaniennes
doivent être soumises à l’approbation des
Britanniques. Mais en 1939, l’émir Abdallah reprend
le commandement de son armée et leur offre un sérieux
coup de mains pendant la Seconde Guerre Mondiale. En 1945, il
se rallie à l’Égypte pour former la Ligue
Arabe. En 1946, le mandat britannique prend fin et l’émir
Abdallah est couronné Roi. Les troupes britanniques conservent
toutefois le droit de stationner sur son territoire. Aussi les
réactions antibritanniques se multiplient. Finalement,
la Grande-Bretagne n’y conserve plus que deux bases (Amman
et Mafraq, 1948). Le 5 septembre 1951, Talal, fils aîné
de Abdallah, est proclamé roi. Mais dès le 11
août 1952, le parlement le remplace par son fils Hussein.
La
Palestine
En Palestine, la cohabitation entre Arabes et Sionistes n’est
pas des plus aisée. Selon Jacques Thobie, la révolte
palestinienne contre l’implantation sioniste et l’occupation
britannique, prend, entre 1935 et 1938, l’allure d’une
véritable guerre. Durant l’été 1937,
une guérilla antibritannique se développe. Le
Livre Blanc offre une solution provisoire : l’abandon
de la partition et report à 10 ans de l’indépendance
dans le cadre d’un État unitaire binational, où
Juifs et Arabes se partageront le gouvernement. En 1946, Face
aux affrontements, la Grande-Bretagne se voit dans l’obligation
de saisir les Nations-Unis (1947). Adopté à la
majorité, le rapport émis par l’ONU préconise
le partage de la Palestine en un État arabe, un État
juif et une zone internationale, Jérusalem. Le 14 mai
1948, Ben Gourion proclame la création de l’État
d’Israël. Le lendemain, l’empire britannique
décide de mettre fin à son mandat. Malheureusement,
ce retrait ne sera pas synonyme de paix au Moyen-Orient.