ouverture d'un centre de santé sur le sida destiné aux personnes lgbti

Par Abeli Zahabu (reporter BTM)

Cameroun – 01 Août 2008 : Alternatives-Cameroun a inauguré le mois dernier à Douala, le centre Access, un établissement de santé dédié aux personnes LGBT et financé par l'association française Sidaction et la Fondation américaine pour la recherche sur le sida (Amfar),

Selon le docteur Steave Nemande, président de cette association, Acces «est un centre d'accueil, d'information et de prise en charge du VIH destiné aux minorités sexuelles. Il n'en existe pas deux en Afrique francophone comme celui-la», précise-t-il.

A la question de savoir la raison de cette initiative, Nemande souligne qu’au Cameroun les hommes ayant les relations sexuelles avec d’autres hommes sont «en général exclus des politiques nationales de lutte contre le sida et pourtant ils sont la frange de la population la plus vulnérable face aux maladies sexuellement transmissibles (MST) et au VIH».

«L'idée de créer le centre Access vient de ce que dans notre pays [Cameroun], toutes les politiques de sensibilisation et de lutte contre le sida et les MST ignorent la réalité gay et lesbienne », explique Stéphane Tchakan, chargé des communications à Alternatives-Cameroun.

En plus de faire bénéficier la communauté LGBTI des informations et conseils en relation avec le VIH et d’autres MST, le centre se propose aussi et à cet effet de lutter contre la marginalisation, la discrimination ou la stigmatisation dont sont souvent victimes les personnes LGBTI qui fréquentent les centres publics.

« La peur d’être montré du doigt fait que certains [homosexuels] traînent bien des maladies et ne savent pas à qui parler. Avec le centre, ils pourront désormais parler à des gens qui les comprennent, sans crainte et sans tabou », poursuit Tchakan.

La réponse du public en général et des premiers bénéficiaires (les homos) eux-mêmes était positive et chaleureuse si l'on en juge par le nombre qui a pris d'assaut le centre le soir de l'inauguration. Bien d'entre eux ont pris, ce soir-là, la mesure de ce que Alternatives- Cameroun essaye de faire dans un environnement pas forcément favorable.

Cependant, bien que l’organisation ait pris des mesures pour que le centre accueille toutes les personnes séropositives – sans faire état de l’orientation sexuelle – pour éviter d’être estampillé gay, le centre et les personnes qui le fréquentent  souffrent déjà de la stigmatisation.

« Il y a encore quelques petites craintes à venir vers un endroit qui risque très vite d'être estampillé "gay" », explique encore Tchakan.

Pour contourner la stigmatisation du centre et le rendre quelque attrayant pour les personnes qui le fréquentent, l’organisation s’ingénie à y organiser des activités susceptibles d’attirer le public cible et en profite pour leur faire passer tous ses messages (droits des homos, prévention contre les maladies, etc).

Dans un pays où l’homosexualité est criminalisée et pénalisée, une telle initiative envers les homosexuels peut s’avérer risquant. Néanmoins Alternatives-Cameroun travaille assidûment à faire reconnaître les droits des homosexuels dans la société camerounaise et interpelle les pouvoirs publics sur la question homosexuelle et le sida. Un article intitulé ‘Sida : un autre axe de lutte’ a d’ailleurs été publié dans le premier journal du pays Cameroun Tribune.

« Nous les [les pouvoirs publics] avons interpellées sur la question homosexuelle par rapport au sida et savons que les réactions viendront de toutes parts. Ils n'ont pas encore intégré la dimension homo dans la lutte contre le sida. Cet article est un peu notre coming out », conclut Tchakan.