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Quand allons nous sortir de ce bourbier ?
mercredi 11 juin 2003, par T.I.Z


Cet article fait suite à l'intervention de Monsieur Omar Mestiri : "L'immunisation de l'espace public préalable à l'édification démocartique". C'est un commentaire personnel qui n'engage que moi.

A la première lecture du texte de Mr Mestiri, j'ai été frappé par un mur d'incompréhension. Je me suis posé la question : "Le conflit de génération est-il à ce point réel ?", "La rencontre d'Aix a-t-elle fait tant de dégâts ?". La nuit portant conseil, j'ai décidé de ne pas rentrer (encore une fois !) dans un débat interminable, inutile et qui ne fait rien avancer. Je vais donc me contenter de faire une analyse personnelle de la situation et d'apporter quelques commentaires pour orienter le débat vers la construction d'un projet positif pour la future Tunisie. Une Tunisie pour tout le monde.

L'intervention de Mr Mestiri contient à la fois des imprécisions, un constat et des questions qui méritent d'être étudiées car elles pointent vers des problèmes réels et qu'il faut résoudre sans tarder, faute de quoi, l'opposition continuera à tourner en rond pour des années encore. Il faut crever l'abcès une fois pour toute et repartir sur des bases saines, communes pour tous si possible.

Tour d'abord des imprécisions. La première concerne les faits historiques. La "bleuité", bien que je ne fusse pas né à cette époque, n'a eu de succès que parce que les leaders de la résistance algérienne n'étaient obnubilés que par un seul objectif : être le premier président de l'Algérie indépendante. Cette lutte intestine pour le trône n'a fait que diviser les rangs et animer des querelles d'intérêts, propageant par là-même une atmosphère de paranoïa où tout le monde se méfiait de tout le monde et où on voyait le mal partout. Par conséquent, les services militaires français n'ont eu aucun mal à exploiter cette faille et cette désorganisation. C'était du pain béni. Un peu à l'image de ce qui arrive actuellement dans les rangs de l'opposition dite illégale (ou encore légale, traditionnelle, classique, 1ère, 3ème. Je ne sais plus où j'en suis, à quoi cela rime-t-il ?). Il est donc important de ne pas tomber dans les mêmes travers et de ne pas offrir à notre despote et son régime tortionnaire l'occasion d'exploiter ces faiblesses à moindre frais pour déstabiliser les militants et les bonnes âmes qui oeuvrent pour le bien du pays.

La deuxième imprécision concerne le début de la campagne de désinformation, ou de décrédibilisation. En effet, elle n'a pas débuté avec l'affaire Osmani comme on veut bien nous le faire croire mais plus tôt. Souvenez-vous du piège tendu à Mr Mathlouthi, avec son annonce maladroite sans vérifications préalables (pour des raisons qui lui appartiennent) de la mort de Ben Ali, tout de suite démentie par le palais de Carthage. Ensuite l'affaire du truand Khaled Fazeni, petit délinquant du droit commun, qui s'est converti au christianisme. Encore une manipulation de la dictature et qui a concerné cette fois le CNLT. Personne n'est à l'abri. Et il faut faire preuve de beaucoup de discernement pour ne pas tomber dans le piège facile tendu par la dictature.

Après ces petites corrections, je peux alors aborder la question suivante : Quel constat l'article de Monsieur Mestiri nous fait-il ? J'en vois deux :

1) un aveu de la réussite du régime despotique de Ben Ali dans son entreprise d'intoxication. Avec en prime, une gratification pour le travail bien fait depuis 5 décades. Ce qui est bien entendu faux. Car les forces démocratiques ne cessent de déjouer les plans des différentes dictatures qui se sont succédées sur le trône. Il n'est pas judicieux d'avouer de la sorte qu'une campagne de désinformation a atteint son objectif, c'est même maladroit à mon sens. Quand ça se produit, il faut constater les dégâts et laisser passer l'orage. Le ciel finit toujours par s'éclaircir, c'est ce que racontent les sages en tous les cas. Cet aveu d'impuissance cache surtout les effets désastreux de la "rencontre" d'Aix. En effet, implicitement on se rend compte que non seulement cette rencontre a été mal organisée mais maintenant personne ne sait plus qui fait quoi, ni qui est qui. Doutes, suspicions, crises de confiance ont envahi l'opposition. Pire encore, la paranoïa qui voit des agents partout. C'est légitime et ça ne coûte rien de poser la question. Les intéressés auront tout le loisir d'apporter les réponses qu'ils jugeront nécessaires. Mais ce qui est important c'est que l'après "rencontre" a révélé une chose : l'opposition est en proie à un désarroi et un sentiment de tristesse qui la rend susceptible à la moindre critique. La même critique qu'elle se permet de faire quand elle le juge nécessaire. Mais dans ce cas, bien entendu, c'est toujours dans "l'intention d'inciter à la réflexion sur un phénomène peu connu par les démocrates". C'est toujours dans "un soucis de respect de l'opinion publique". L'inverse est bien entendu impossible. Prend-on à ce point les citoyens pour des gens incapables de comprendre l'information ? Sommes nous incapables de décoder l'information au point de sélectionner pour nous ce qu'on peut comprendre et ce qu'on ne peut pas ? J'avoue que je reste perplexe. Pourquoi on peut se permettre de critiquer l'AISPP à juste titre (et qui n'a fait que informer je le rappelle car à aucun moment ils n'ont pris position) et on ne peut pas concevoir d'être critiqué ? Mais il est vrai que dès qu'on le fait on doit être soit un agent du régime, soit un arrogant, soit un désinvolte, soit pire : un jeune en manque d'inspiration. Finalement est-ce important ce qu'on est réellement ? N'est il plus intéressant de savoir ce qu'on cherche ! ! !

2) Ce qui m'amène à mon deuxième constat. Quoiqu'on dise, cette "3ème opposition" (le terme est mal choisi je trouve, mais c'est mon point de vue) est là et elle est lue. Preuve qu'elle touche, qu'elle intrigue, qu'elle suscite le débat. Sinon pourquoi prendre la peine de la critiquer, de la dénoncer voire pire de la comparer à la STASI ! ! ! Mais encore une fois est-ce important ? Je ne le pense pas car à mon sens, cette "autre voie", ou "autre alternative" (je réserve mes commentaires à l'auteur de la marque déposée) n'a aucune autre ambition que de faire bouger les choses, et ce qui compte c'est d'avancer. Cette nouvelle génération de résistants est là et bien là. Elle ne fait aucun cas à l'appartenance politique ou à un clan, elle ne fait aucun cas de l'appartenance idéologique, elle ne s'intéresse aucunement à un poste, elle ne cherche pas à se rencontrer, à s'organiser ou à se réunir. Non, elle veut juste que les choses changent. Elle combat tout simplement pour la dignité, pour l'honneur, pour le droit de chacun à vivre librement. C'est un idéal certes mais c'est un moteur fédérateur. C'est pour ça que ceux qui se solidarisent avec ce mouvement sont différents, hétéroclites et finalement apportent beaucoup de richesse au débat vu la différence de leur point de vue.

Enfin, il y a beaucoup de questions intéressantes dans l'intervention de Mr Mestiri : "Dans la critique du pouvoir doit-on faire feu de tout bois ?" "Doit-on respecter l'opinion publique, lui communiquer toute la vérité ou bien faire acte de sélectivité tutélaire ?", "Les démocrates doivent ils se critiquer entre eux, rendrent les débats publics ou les réserver seulement à certains cercles confinés ?"

Chaque question mérite un long débat mais l'essentiel c'est notre capacité de questionner en permanence. C'est une preuve de vitalité et de dynamisme. Mais à moment, il faut passer à l'acte pour empêcher de faire encore une fois une remarque du genre "ça fait 5 décades que ça dure". Il est vrai que la dictature dispose de moyens autrement plus sophistiqués que les nôtres mais ils ne sont pas professionnels pour un sou, ça se saurait. Ils n'ont pas l'intelligence, la patience et la sagesse nécessaire pour gagner. Et c'est là qu'il faut qu'on intervienne avec nos idées, nos différences, et même pourquoi pas nos divergences. L'important ce n'est pas qui a raison mais plutôt quand on va aboutir et surtout comment. C'est l'essence de la dite "3ème opposition".

Le train est en marche et il importe de savoir si on le prend ou si on le regarde passer comme à chaque fois. Le temps presse et l'objectif est commun. Dire que "l'objectif de ces agents est plus de critiquer l'opposition que la dictature" est peut être justifié et compréhensible. En revanche l'honnêteté intellectuelle impose de jeter un oeil sur les sites en question pour voir la quantité d'articles dénonçant la dictature (Rubrique "vivre sous la dictature" sur Reveiltunisien.org, par exemple). Rien que concernant le soutien à Sihem Ben Sedrine, ça dépasse largement tous les articles consacrés à l'opposition ! ! ! Il ne faut pas oublier non plus qu'un des pionniers de cette génération de e-résistants croupit dans une geôle de la dictature pour avoir oser. Alors à quoi bon relancer toujours et toujours les mêmes polémiques ? Personne n'a à se justifier. Et personne ne doute un instant que des agents infiltrés, il y en a partout, et il y en aura toujours. Il faut faire avec et avancer quand même !

La 3ème opposition tend la main à toute l'opposition me semble-t-il (à moins que je n'ai pas compris leur initiative). Elle se veut un moyen complémentaire pour l'opposition régulière. Elle se veut un relais moderne vers la jeunesse et les nouveaux médias. En aucun cas elle ne travaillera contre l'opposition ou elle ne dénigrera les pionniers. Ceux qui ont gagné leurs galons contre le régime méritent tout le respect et on est toujours avec eux quoiqu'ils en disent et quoiqu'on en dise nous même. Malgré les critiques je vous soutiens quand même.

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