l'origine de la dévotion du Rosaire, il y a non
pas la prédication de saint Dominique comme l'affirment
avec candeur le dominicain breton Alain de la Roche (+1475)
et St Louis Grignon de Montfort, mais la convergence de
diverses manières simples de prier, lointainement
héritées des pratiques acclamatives et répétitives
des Eglises d'Orient. Ainsi les laïques ignorant
le latin peuvent-ils accompagner ou prolonger les rythmes
de la psalmodie latine des moines et des clercs. (Lire
la lettre de Timothy Radcliffe, o.p. sur le Rosaire
ainsi que celle du fr. Damian
Byrne, o.p.).
Aux
XIIIème et XIVème siècles, sur les
rives du Rhin, de la Moselle et de l'Escaut, monastères
de cisterciennes, cloîtres de dominicaines, béguinages
des villes du Nord ont été les foyers privilégiés
d'usage et d'enrichissement de ces méthodes. Décisive
y aura été l'influence de quelques chartreux
de Trèves pour guider l'intériorisation
de la prière.
Avec
la confrérie du Psautier de la Vierge Marie érigée
à Douai en 1470 par Alain de la Roche et l'institution
de la première confrérie du Rosaire par
le prieur du couvent dominicain de Cologne en 1475, les
frères prêcheurs mettent en route une politique
de prédication mariale et de formation spirituelle
dont le pape St Pie V reconnaîtra le monopole en
1569.
Les
chapelles de moniales ont été parfois un
lieu d'implantation de l'une ou l'autre de ces confréries.
Leur immense réseau s'étend rapidement,
au-delà de l'Europe, jusqu'au Nouveau Monde et
à l'Extrême-Orient. Le Rosaire devient ainsi
partie intégrante du patrimoine spirituel dominicain.
Il y a bien longtemps déjà que la récitation
méditative du chapelet est devenue un bien de toute
la chrétienté. (Source : Dominicaines
moniales de l'Ordre des Prêcheurs. La tradition
vivante. 1993)