Sous un nom d’emprunt, les homosexuels sénégalais se sont regroupés pour revendiquer leurs droits. Manière aussi de lutter contre les Mst. Par Safétou KANE
Les homosexuels du Sénégal ne veulent pas être en marge de la société. A l’image des autres groupes sociaux, il se sont organisés en association. «C’est un moyen de pouvoir regrouper les gens. Nous avons remarqué que très souvent, si les communautés se regroupent, elles arrivent facilement à régler leurs problèmes.» En fait, il ne s’agit pas d’une association d’homosexuels proprement dit. Elle a été reconnue pour lutter contre le Vih-Sida et les Mst sous un nom que les membres ne veulent pas divulguer. Ce qui veut dire que l’association est reconnue en tant qu’association de lutte contre un fléau, mais pas comme association d’homosexuels. Et pourtant, M.S membre de cette association «affirme qu’il existe plusieurs associations d’homosexuels au Sénégal avec des ramifications à Thiès, Kaolack et dans d’autres régions du Sénégal». Au niveau de Dakar, il y a 400 personnes de différentes orientations, gays, hétérosexuels. Parce que l’association ne se limite pas aux problèmes gays, il a ses ramifications dans les travailleuses du sexe et les femmes battues et marginalisées. La raison pour laquelle l’association s’est orientée vers la lutte contre le fléau du Sida est toute simple, «c’est pour permettre certaines communautés marginalisées comme les gays de s’affirmer et de s’afficher. Depuis la découverte du virus du Sida, les gays ont été pointés du doigt». Les activités de lutte contre les Mst et le Sida sont financées par la Division sanitaire nationale du Sénégal. Mais si c’est pour les activités qui leur sont propres, les financements viennent de leurs amis qui vivent à l’étranger. L’ engagement de M. P est lié à une amitié : «Je me suis engagé dans la lutte contre le Sida parce que j’ai eu un ami gay atteint du Sida. Malade, il avait des difficultés avec sa famille. II fallait l’aider et trouver des solutions. Cela m’a poussé a aller vers les institutions sanitaires, entrer en contact avec des gens au niveau de la communauté internationale pour trouver de l’aide. Cela a duré deux ans avant qu’il ne succombe. Ce qui a fait qu’aujourd’hui je me trouve propulsé au-devant de la scène. Et en même temps je dirais que je me sens bien dans cette lutte. C’est intéressant de donner à des gens qui sont marginalisés l’espoir d’une vie meilleure, de pouvoir s’activer, de s’identifier et d’assumer leur propre rôle dans la société.» La couche la plus représentative dans cette association qui a cinq ans, ce sont les jeunes de 20 à 25 ans. On y trouve très souvent des travailleurs, des chômeurs, toutes les fonctions. Des gens de l’administration et du secteur l’informel. Il existe deux communautés, celle des jeunes et celle des vieux qui va de la trentaine à la cinquantaine qui est beaucoup plus responsable et qui occupe des fonctions élevées.