La Cour d’Assises ouvre ce lundi sa deuxième session pour l’année 2004, après la première qui a lieu les premières semaines du mois en cours. Une nouvelle démarche, souci des autorités judiciaires d’évacuer les nom-breux dossiers en souffrance dans les casiers des magistrats. Une nouvelle stratégie d’une administration judiciaire qui semble n’avoir pas, cependant, les moyens de ses ambitions. Et la première session des Assises de l’année 2004 a permis de mieux apprécier les difficultés dans lesquelles travaillent les hommes de “dame justice”. En effet, la première session de la cour d’Assises de cette année a vu passer au rôle huit affaires jugées par contumace, comme le stipule l’article 356 du code de procédure pénale : «Les accusés non détenus, s’ils ne défèrent pas à la citation prévue à l’article 224 sont jugés par contumace par la Cour d’Assises.»
Un dispositif du Code pénal que les magistrats n’ont pas hésité à utiliser, jusqu’à même prononcer un acquittement par contumace. D’autant que les forces de sécurité à qui ils déclinent des délégations judiciaires n’ont pas, souvent, non plus les moyens d’aller à la recherche des inculpés qui devraient avoir la conscience de se constituer prisonniers la veille des plaidoiries de leurs dossiers. Le savent-ils seulement ces Sénégalais en conflit avec la loi ? Difficile, en tout cas de mettre la main sur ces personnes, une fois qu’elles ont le sésame de la liberté provisoire qui leur ouvre le plus souvent les portes de l’exil.
Alors les avocats crient à la trahison de la part de ceux-là qu’ils estiment avoir trahis la confiance de ceux qui leur ont octroyé une liberté provisoire. Mais aussi ils dénoncent le laxisme de la justice et la lenteur des procédures judiciaires, puisque tous les inculpés qui devaient comparaître à la dernière session ont été jugés pour des faits qui se sont déroulés depuis plus d’une dizaine d’années. Difficile alors de mettre la main sur les prévenus. Si certains ont changé d’adresse et parfois à plusieurs reprises, d’autres ont tout simplement quitté le territoire sénégalais pour aller se refaire une autre vie ailleurs.