Si vous ne connaissez pas le film de Barry Levinson "The Sleepers", je vous le recommande fortement. Il traduit d’une façon ou d’une autre les atrocités et les horreurs vécus par les enfants en Tunisie.

Sommairement, l’histoire de ce film évoque les injustices qu’a subies un groupe d’enfants : viols, agressions psychologique et physique, etc. Après de longues années de silence et d’amertume ces enfants, devenus adultes, se sont vengés de leurs tortionnaires, chacun à sa façon. La seule différence de l’analogie faite avec la situation des enfants en Tunisie, c’est qu’on est en plein suspense quant au dénouement.

Le 11 Janvier représente la date de la fête nationale de l’Enfance, cela a coïncidé avec la tenue de la Troisième Conférence Arabe des Droits de l’Enfant du 12 au 14 du même mois, « sous le haut patronage du Président Zine El Abidine Ben Ali » (La Presse 12-01-04).

Ce symposium rentre dans la même logique « avant-gardiste » de toute décision patronnée par Ben Ali. « La grande attention portée par le Président ... au domaine de l’enfance, illustrée par les mesures et décisions avant-gardistes prises en sa faveur ».

En réalité, dire que le gouvernement a pris toutes les décisions respectant les droits de l’homme et faisant de la démocratie la valeur républicaine par excellence n’est que du bluff, que du noir sur blanc ! En matière des droits de l’Homme, sur papier, nous avons largement dépassé les pays les plus développés. Actuellement, pour faire taire les médias internationaux et l’opposition, on s’intéresse de plus en plus aux droits des enfants. Encore une fois, nos enfants bénéficient de maintes gracieusetés du chef de l’État, béni soit-il !

Le pire dans notre pays est que, les opportunistes, des rcdistes et même les petites gens non-averties scandent que ZABA fait le bonheur de son peuple. Aucun homme politique dans le monde n’est autant remercié que Ben Ali. Pourquoi ? Et après tout, un homme politique n’a que le choix de prendre les meilleures décisions pour son pays. Il DOIT faire son travail, si bien sûr « on l’a choisi » à ce poste. Le bien-être des enfants ou de qui que se soit n’est pas un CADEAU mais une OBLIGATION. Notre pays, n’est ni à la merci de Ben Ali ni de sa bande, c’est un pays en pleine croissance alors tout doit suivre nécessairement.

Si l’on qualifie d’« avant-gardiste » ce qu’il a décidé, et bien on se trompe royalement, le développement local est tributaire du développement mondial qui va à une vitesse vertigineuse, et notre lieu stratégique et notre passé, entre-autres, ont fait de nous un pays en développement.
Encore mieux, si l’on qualifie d’« avant-gardiste » cet intérêt porté à l’enfance, ces derniers jours, il faudra se demander : « avant-gardiste » par rapport à quel pays, s’il s’agit de pays, à l’Allemagne ?, au Canada ? ou à la Somalie et l’Inde ?

On rapporte qu’on va s’intéresser plus aux enfants abandonnés et hadicapés, c’est un peu tard non ? Cette catégorie doit être la première concernée voire la plus concernée, alors ce qu’on vient de penser est-t-il vraiment avant-gardiste ?

Et l’enfance démunie ? Qu’en sait le gouvernement ? Il en sait très peu de chose ou il ferme les yeux sur la plupart, à mon avis. Pourquoi ? Parce que dans un pays comme le notre, où on jongle beaucoup avec les chiffres, ça m’étonnerait que les rapports et constats traduisent la réalité des enfants et adolescents, par exemple, à l’intérieur du pays et les quartiers difficiles. Même si on consacre de l’argent à cette catégorie, je suis certain que les résultats sont embellis et modifiés, de telle façon que les hauts responsables du gouvernement s’en impréssionnent et ne vont pas plus loin que le bout de papier sur leurs bureaux, au risque de se corrompre et de corrompre les leurs. Les rapports qui passent d’un bureau à l’autre prennent du poids. Les corrompus sont là pour avoir leur part du gâteau et modifier tout les chiffres qui pourraient mener à un soupçon ou à une enquête s’il y a lieu.

Parle-t-on assez des enfants démunis ? La réponse est « non ».

Il y a des enfants qui sont nés privilégiés tant mieux pour eux, d’autres ne le sont pas, il y a des enfants qui mangent à leur faim d’autres ne se contentent que d’une frugalité tel un morceau de pain à l’harissa durant toute une journée. Je vous assure que cela existe encore. Oui en Tunisie. Il y a encore des enfants qui parcourent plusieurs kilomètres à pieds dans le froid, dans la boue, sans pour autant pouvoir se couvrir en conséquence. Ils ne portent que des vêtements et des chaussures déchirés et ils n’ont presque rien dans le ventre. Comment voulez-vous que ces enfants apprennent, se concentrent. Et les enfants démunis de matériel scolaire, pense-t-on à eux ? Qui est-ce qui bénéficie de l’aide sociale alors ? Celui dont le père est inscrit sur la liste du bon citoyen, rcdiste, qui ne se lamente jamais sur son sort et qui doit dire merci à son président qui a fait venir l’eau et l’électricité à son patelin ?

De quels enfants veut-on s’occuper ? De ceux dont les parents sont renvoyés du travail, emprisonnés, exilés ou assassinés à cause de leurs opinions ? Ceux-là, qui sont livrés à leur sort, privés d’éducation, d’examens de passage, de toutes ressources financières et qu’on a poussé à la prostitution, au vol, à vendre du chewing-gum dans la rue et à "sniffer" de la colle forte dans des sacs en plastique ? En mesure de représailles, ils sont, dès leur jeune-âge, inscrits sur la liste noire. C’est « avant-gardiste » ça aussi ? Ce ne sont pas des enfants tunisiens ceux-là ?

On dit qu’il y a des centres de réinsertion sociale et de rééducation, oui, mais qui sait quoi ? La majorité des tuteurs ou des parents des enfants concernés ignorent l’existence même de ce type de centre. Ces enfants sont plutôt dans la rue, regardez autour de vous, dans vos quartiers, dans les rues des villes, des enfants pauvres et sans protection, il y en a non ?

Que veut-on apprendre d’« avant-gardiste » à nos petits tunisiens ?

« Le Premier ministre a affirmé que l’édification d’une société libre, démocratique et pluraliste, sur des bases solides, est tributaire de l’éducation de l’enfant d’aujourd’hui, l’homme de demain, aux hautes valeurs, aux nobles principes, à la culture de la participation et à la vie publique avec tout ce qu’elle exige comme coexistence civique et assimilation des droits et des devoirs »

Il n’y a aucun doute monsieur, là-dessus on peut lire des centaines de pages partout. C’est une idée « avant-gardiste » aussi ? « Société libre, démocratique et pluraliste ». Vous croyez au père Noël ?

Pauvres enfants, on leur apprend l’unilatéralisme rcdiste, on les prive d’une journée d’école, les forcer à parcourir des dixaines de kilomètres pour aller applaudir le président et lui dire merci pour sa généreusité incomparable et ses gracieusetés incessantes. On leur apprend à être de bons citoyens, on leur a même « créé un Parlement ... vue d’initier les citoyens de demain aux pratiques démocratiques et au dialogue parlementaire franc et constructif ». Que des déclarations mensongères, nous savons tous ce qui se passe aujourd’hui à ceux qui osent s’exprimer librement.

Il y a également l’intérêt porté à l’information : « la connexion des écoles préparatoires et des lycées au réseau Internet et la multiplication de centres publics d’Internet ». Grandiose et impressionnant ! Un internaute tunisien a dit quelque part que les enfants qui vont vouloir naviguer sur les sites des droits de l’homme ou de l’opposition, plus tard, en Tunisie, vont être déçus de l’internet même, puisqu’elle ne répond pas à leurs attentes. Aucun site n’est disponible. L’erreur 404 va les traumatiser à vie, les dégoûter de tous les thèmes courtoisement censurés par notre Chère ATI !

Les enfants en Tunisie sont malheureusement malmenés et il existe mille et une façons de malmener un peuple, on n’arrête pas de dire du bien des réalisations du gouvernement, mais la réalité est totalement différente. Le bourrage de crâne et les discriminations sont à l’ordre du jour. Les projets et réalisations « avant-gardistes », ce n’est qu’un grand mensonge, son apparition est éphémère et ne durera que le temps de la propagande électorale de 2004.

Qu’on ne prive aucun enfant de ses droits, où qu’il habite et quelque soit les idées de ses parents, ou les siennes. Mesdames et messieurs, nos enfants sont en danger, il faut en être conscient, le gouvernement prépare des générations, obéissantes et soumises.

Je déclenche le signal d’alarme.