Viktor Fischl est né le 30 juin 1912 dans une famille juive à Hradec Kralove en Bohême de l’Est.
Après des études à l’université Charles de Prague, diplômé de sociologie et de droit, il milite au sein du mouvement sioniste tchécoslovaque dans les années 1930.
Viktor Fischl publie son premier recueil de poésies intitulé Printemps en 1933.
En 1935, il est le secrétaire parlementaire du Parti juif et collabore à l’hebdomadaire Židovské zprávy [Chronique juive]
Sous le nom de Viktor Fischl, il publie plusieurs ouvrages en Tchécoslovaquie, dont un recueil de poèmes, Les mélodies hébraïques, pour lequel il reçoit en 1936 le prix de poésie de la maison d’édition Melantrich.
Exilé en 1936 en Angleterre pour fuir les nazis, Viktor Fischl rencontre en 1939 à Londres Jan Masaryk, futur ministre des Affaires étrangères tchécoslovaque, dont il restera le premier conseiller jusqu’à son décès. Viktor Fischl devient fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères et assiste, impuissant, à l’avènement du communisme. Il rencontre Jan Masaryk deux jours avant la mort de celui-ci. Jan Masaryk dit à son ami. "Tout est bien pire que je ne pensais. C’est un enfer." Deux jours après, on le trouve mort, au petit matin, sur les dalles du jardin sous les fenêtres du ministère. Son premier roman Chanson sur le regret, écrit sur l’impulsion de l’écrivain Frantisek Langer (célèbre dramaturge tchèque), obtient en janvier 1947 le Prix du Club littéraire européen. Après le Coup de Prague, putsch communiste survenu un mois plus tard, on lui fait entendre qu’il peut garder le prix mais que le livre ne sera pas publié.
Avigdor Dagan, c’est le nom que choisit ensuite Viktor Fischl lorsqu’il quitte la Tchécoslovaquie communiste pour l’Etat hébreu, où il s’installe en octobre 1949. A partir de 1955, Avigdor Dagan occupe diverses fonctions dans plusieurs ambassades israéliennes, notamment au Japon, en Pologne, en Autriche et en Yougoslavie. A la fin de sa carrière diplomatique en 1977, il renoue avec la littérature qu’il avait délaissée un quart de siècle plus tôt.
Pendant 27 ans, j’ai été employé à plein temps parce que je dirigeais des ambassades d’Israël pas très importantes et, tout simplement, je n’avais pas le temps pour écrire, dit-il. Je n’ai donc ni écrit, ni publié aucun livre pendant 27 ans. Mais j’ai réuni beaucoup de matériel et de notes, et quand je suis parti à la retraite, je me suis mis à écrire des livres presque sans interruption. Quant à la vie diplomatique, elle m’a inspiré un recueil de contes que j’ai intitulé "Les contes d’un vieux haut-de-forme". En dehors de cela, je ne dirais pas que ma carrière diplomatique a influencé mes activités littéraires.
Les Bouffons du roi est son plus grand succès littéraire. Ce livre basé en partie sur les récits de son frère survivant des camps de concentration est publié d’abord en hébreu en 1982 avant de sortir en tchèque juste après la révolution de velours. Un livre dont les droits ont été achetés par le réalisateur Milos Forman. Les bouffons du roi, raconte l’histoire de quatre prisonniers juifs devenus saltimbanques pour amuser le chef d’un camp de concentration.
Avigdor Dagan revoit sa Bohême natale après la chute du régime et voit enfin ses livres publiés en tchèque, la langue dans laquelle il n’a jamais cessé d’écrire.
En 2004, Avigdor Dagan reçoit à Prague le prix Jaroslav Seifert pour l’ensemble de son oeuvre. Un an plus tard, il se voit attribué le prix Gratias Agit, remis aux personnalités qui contribuent à donner une bonne image de la République tchèque à l’étranger. Déjà malade, il n’avait pu venir à Prague recevoir son prix.
Avigdor Dagan est mort à Jérusalem, le 28 mai 2006, à l’âge de 93 ans
Bibliographie
Printemps (Jaro), 1933
Kniha o noci, 1936
Les mélodies hébraïques (Hebrejské melodie), 1936
Evropske zalmy, 1941
Village mort (Mrtva ves), 1943
Anglicke sonety, 1946
Chanson sur le regret (Píseň o lítosti), 1948
Conversations with Jan Masaryk, 1952
Moscow and Jerusalem. Twenty Years of Relations between Israel and the Soviet Union, 1970
Les Bouffons du roi (trilogie de Jérusalem), 1982
Contes de Jérusalem (trilogie de Jérusalem)
La rue nommée Mamila (trilogie de Jérusalem)