MUSSET Alfred de
Musset nait à Paris le 11 décembre 1810. Il est issu d’une famille noble originaire du Vendômois. Il entre au lycée Henri IV en 1819. Il obtient le premier prix de dissertation française au concours général en 1827. Il entreprend des études de droit et de médecine, qu’il ne termine pas. Le cycle du lyrisme personnel qui s’ouvre en août 1833 n’est donc qu’en partie consacré à George Sand. Ce sont d’abord les six pièces, adressées expressément à celle-ci, et publiées posthumes, datées du 2 août 1833 au 10 janvier 1835 peu connues et si belles ; c’est ensuite le cycle des Nuits, comprenant outre les Nuits, la Lettre à Lamartine, l’Espoir en Dieu, Souvenir, de 1834 à 1841. Ces pièces lyriques sont loin d’être essentiellement amoureuses ; le vrai sujet en est l’incidence de l’amour et de la souffrance sur la création poétique ; dans ce choix entre le cœur et l’esprit, entre l’amour et la création artistique, entre la vie et l’art, après avoir longtemps cru à la valeur fécondante de l’amour et de la souffrance, après avoir longtemps débattu les rapports de ces deux pôles de l’idéal humain, en vers et en prose - A mon ami Edouard B. (1832), le Fils du Titien (1838), le Poète déchu (1839), Une soirée perdue (1840), Après une lecture et Sur la Paresse (1842) - Musset choisit délibérément la vie. Ce choix tragique aura été en tout cas le problème capital, le centre véritable de la vie intellectuelle et sentimentale de Musset. Sa grande production lyrique se termine au plus tard en 1838 ; il a vingt-huit ans, il vivra encore vingt ans ; la plupart des pièces postérieures à cette date seront des œuvres courtes et légères. Sur le plan dramatique, même ralentissement marqué. Sans doute Barberine (1835), Le Chandelier (1835), Il ne faut jurer de rien (1836), Un caprice (1837), sont de charmantes réussites, on conviendra que ces bluettes ont singulièrement moins d’ampleur et de richesse que les œuvres dramatiques antérieures. Après 1837, les pièces se font plus rares, et de bien moindre valeur, de moindres proportions encore : Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée (1845), Louison (1849), la seule pièce avec la Nuit vénitienne (1830) et Bettine (1851) écrite directement pour le théâtre, et si médiocre !, Carmosine (1850), On ne saurait penser à tout (1851). Poésies lyriques, roman autobiographique, pièces de théâtre ne constituent pas l’œuvre entière de Musset. Il faut y ajouter les Nouvelles et contes, au nombre de douze, publiés, les onze premiers, de 1837 à 1845, le dernier, La Mouche, en 1853 ; narrateur aisé et sans prétention, Musset écrit ses œuvres hâtivement, pressé par le besoin d’argent ; il y reste fort classique ; malgré sa répugnance à l’égard des nécessités de l’affabulation, il a donné là des œuvres qui prouvent simplement qu’il joignait au génie le talent. On a réuni sous le nom de Mélanges de littérature et de critique divers écrits en prose, parfois fort intéressants ; ce sont des articles consacrés à des questions d’art et de littérature. On y découvre en Musset une intelligence fine, une rare indépendance de jugements, un goût très sûr ; dans ce domaine l’œuvre la plus connue demeure les Lettres de Dupuis et Cotonet sur le romantisme ; mais De la tragédie et Un mot sur l’art moderne sont les plus riches en pensée esthétique. Alfred de Musset fut élu à l’Académie Française le 2 février 1852. Le gouvernement lui confie le poste de bibliothécaire du ministère de l’Instruction publique : c’est en fait un poste honorifique, dont le salaire est plus que convenable et la tâche de travail, à peu près inexistante. Ce paresseux a laissé une œuvre considérable ; l’étonnant dans son cas est que le meilleur et le plus profond de cette œuvre a été écrit entre dix-neuf et vingt-huit ans. On ne peut que s’étonner de la précocité non seulement de son talent de poète, mais surtout de sa connaissance de l’homme. Relativement négligé dans sa grande période de création, il pourra cependant voir naître sa gloire, surtout à partir de 1850. Il reste par son éloquence, sa chaleur, sa sensibilité, celui de nos poètes romantiques qui parle le plus directement au cœur, un des plus modernes, malgré l’imperfection de la forme, par le drame moral et intellectuel qu’il a vécu ; son théâtre, longtemps méconnu, a trouvé au XXe siècle une audience considérable et presque unique. En particulier, au cours des années 1920-1935, aucun auteur français n’a eu a tant de représentations d’œuvres différentes. Ce succès tient à ce fait que, débarrassé des contraintes matérielles de la représentation, Musset a pu devancer son temps et donner toute liberté à son œuvre dramatique la fantaisie, la profondeur ou la justesse d’observation que demande le public moderne. Alfred de Musset, à la FNAC.
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