GIONO Jean
Jean Giono est né et mort à Manosque, dans les Basses-Alpes, aujourd’hui les Alpes-de-Haute-Provence, le 30 mars 1895. Sa vie pourrait rappeler le conte de fée dans lequel la jeune bergère épouse le prince charmant ; mais là les rôles sont inversés ; le petit berger Jean épouse, très tôt comme à la campagne, la princesse qui n’a pas que du charme : la notoriété. Et sous cette forme le conte de fée est aussi un conte cruel parce qu’il est la vie même avec, dans le cas de Giono, une hypertrophie du merveilleux et du terrifiant comme rarement un auteur, enraciné sur place, l’a perçu, vécu et exprimé dans son œuvre. Giono entre à l’école Saint-Charles, puis au collège de Manosque où il se liera avec Henri Fluchère. Les impressions fortes que sa sensibilité enregistre ne lui viennent cependant pas de ses études mais d’un "à coté" fondamental pour le futur poète et romancier. Il y a sa famille d’abord. Giono est fils d’un cordonnier, anarchiste au cœur tendre à l’italienne, et qui lit la Bible, et d’une repasseuse, non moins tendre mais pratique, qui reçoivent tous deux la clientèle dans leur petite maison sombre de Manosque. Vient ensuite l’expérience émerveillée de voyages et de vacances dans les Alpes pour nous peu lointaines, mais paraissant le bout du monde à l’enfant qui, à cette époque, doit se déplacer à pied ou en diligence. En 1900, Giono entre dans une école des Présentines. En 1902, il entre au collège. En 1907, c’est la première communion ; Giono cesse aussitôt toute pratique religieuse. En 1911, il passe des vacances à Vallorbe chez des cousins piémontais. La mauvaise santé de son père et les ressources médiocres de la famille l’obligent à quitter le collège en seconde et à entrer au Comptoir national d’Escompte. La banque sera son cadre de travail jusqu’à la fin de 1929, année de la publication de Colline et de Un de Baumugnes. C’est donc en autodidacte qu’il va désormais poursuivre la lecture de la vie et les lectures non moins réelles auxquelles son père avec le Livre des livres a donné, pourrait-on dire, le coup d’envoi. Giono va découvrir alors conjointement la Provence et la littérature grecque : "Richesse inouïe de mon cœur à l’époque 1911-1912 dans la première rencontre de ce pays et des grands Grecs." Les classiques coûtaient moins cher que les auteurs contemporains puisque "Aristophane, Eschyle, Sophocle, Théocrite, Homère, Virgile" ne valaient "que 0,95 F dans la collection Garnier. Voilà la raison", confie Giono, "qui a présidé à la confection de ma bibliothèque d’adolescent". En 1914, Giono fait la connaissance d’Elise Maurin. Fin 1914, Giono est mobilisé. En 1915, Giono est incorporé à Briançon, et est élève-aspirant à Montségur dans la Drôme. En 1916, il participe aux combats, batailles de Verdun, du Chemin des Dames (1917), du Mont Kemmel (1918) où il est légèrement gazé aux yeux. Il découvre l’horreur de la guerre, les massacres, un choc qui le marque pour le reste de sa vie. Il évoquera cette douloureuse expérience dans Le Grand troupeau, ainsi que dans ses écrits pacifistes des années 30. De la guerre, il dit : "Je ne peux pas oublier." Quand il en revient, écœuré jusqu’à la nausée, nous sommes en 1919. Cette récente horreur produira son contraire : un lyrisme formidable qui va s’épanouir dans les retrouvailles avec le pays natal. Il perd son père en avril 1920 et en juin il épouse civilement Élise Maurin dont il aura deux filles, Aline (octobre 1926) et Sylvie (août 1934). Ils voyagent en Savoie et à Vallorbe.Autodidacte absolu, il continue ses explorations dans un pêle-mêle fécondant : toujours les livres, bien entendu, Hugo, Stendhal, contes persans, Wilde, Whitman, Dostoïevski, mais aussi la peinture, Bruegel, et surtout la musique, Mozart, Chopin, Liszt et Bach. De telles fréquentations, sur un tel tempérament, n’ont pas tardé à faire passer Giono dans leur camp : il écrit. Lisant beaucoup de tout, avec gourmandise, il compose n’importe quoi, au sens où le genre de ses compositions demeure longtemps indéterminé, hésitant, bien que le souffle, en rapport avec son avidité de consommateur, soit déjà présent, par sa dispersion même. En 1923, il travaille sur Angélique, roman médiéval resté inachevé ; il publie des poèmes en prose dans la revue marseillaise La Criée En 1924, son ami Lucien Jacques publie Accompagnés de la flûte, des poèmes en prose, aux Cahiers de l’artisan. Dix exemplaires sont vendus. Plusieurs textes paraissent dans des revues (Les Larmes de Byblis, Le Voyageur immobile, Le Noyau d’abricot, L’Ermite de Saint-Pancrace, Rustique, Ivan Ivanovitch Kossiakoff...). En 1927, Giono écrit Naissance de l’Odyssée. C’est le roman fondateur, dans lequel on retrouve les éléments qui seront les thèmes de l’oeuvre à venir : l’angoisse et la fascination devant la nature, l’inquiétude panique de l’homme au contact du monde, la veine dionysiaque. C’est pourtant le roman fondateur qui contient en germe la plupart des thèmes à venir. Dès le naufrage initial se lit une hantise d’être dévoré par la mer, « la gueule aux dents d’écume », mais aussi bien par la terre (dont la mer est la constante métaphore chez Giono) et par la femme : autant de figures de la mère castratrice. D’emblée, donc, on est très loin de la terre idyllique dont on a voulu que Giono soit le chantre : Ulysse est terrifié par les grandes « forces » mouvantes du « magma panique ». Mais il y a dans l’homme un désir, force analogue à celles du monde ; prisonnière des « barrières de la peau », elle tend irrépressiblement à se fondre dans le monde maternel. Comment y parvenir sans être dévoré ? La réponse d’Ulysse va commander toute l’œuvre à venir : par la parole mensongère (et elle l’est précisément en ce qu’elle substitue au réel un monde inventé), il institue un domaine imaginaire, un contre-monde, où il pourra, impunément, posséder les femmes, mais aussi capter et dire le « secret des dieux », comprenons les forces du monde. Et si la parole est comparée à une fontaine jaillissante, c’est qu’elle permet l’expression de la mer comprise comme force intérieure, tout en lui évitant l’absorption par l’abîme. Devant la réussite de son mensonge, Ulysse décide de l’« utiliser sciemment ». Par là, le roman inaugure chez Giono une poétique du mensonge, qui va s’avérer toutefois à double tranchant. Naissance de l’Odyssée est refusé par Grasset qui le qualifie de jeu littéraire. Aussi l’employé de banque accède-t-il à un nouvel état, parallèle, celui d’écrivain, qui se développera peu à peu et acquerra son autonomie le jour où, devant le choix, sa société faisant l’objet d’une liquidation judiciaire, en 1929, Giono risquera de demeurer à Manosque, renonçant à toute autre activité professionnelle alimentaire pour se consacrer à la littérature. Désormais sans salaire, il va écrire et ne plus faire que cela. Plus tard, il dira, poussant sa destinée au-delà : "Je paierais pour écrire..." Il faut préciser que cette même année, les encouragements ne manquent pas. Giono reçoit le prix américain Brentano pour Colline et publie également Un de Baumugnes ; il est édité dans des revues par Jean Paulhan et Henri Pourrat et reçoit le soutien chaleureux d’André Gide, André Chamson et Léon-Paul Fargue. Colline raconte la révolte de « la grande force » de la terre (symbolisée par le dieu Pan) contre le double crime (œdipien) des villageois : en labourant la terre, ils la font saigner ; le vieux Janet, « un homme qui voit plus loin que les autres », est coupable, lui, d’avoir percé les secrets de la mère nature et de les dire : il parle, et la fontaine nourricière de Lure, « la mère des eaux », se tarit. Il faut qu’il meure pour qu’elle recoule. Ainsi la parole est-elle foncièrement ambivalente : ici, elle est mauvaise et expose à un châtiment. La victoire finale des villageois est provisoire. Un de Baumugnes est l’histoire d’une vierge séduite par un proxénète beau parleur : « C’est ça qui a fait le mal ; sa langue. » Le pur Albin la rachète, et avec elle le monde entier, parce que le chant de son harmonica a su abolir le fossé tragique entre la parole (le symbolique) et le réel. On notera que ce texte inaugure la technique du récit indirect, le narrateur étant un personnage, Amédée. Voilà surtout un roman qui, sous ses allures de mélodrame (la rédemption de la fille perdue), travaille de façon très subtile sur les deux plans qu’il réfléchit l’un dans l’autre - celui de la fiction et celui de son écriture -, affirmant ainsi le caractère autoréférentiel de l’œuvre de Giono. Il met en effet en abyme son fondement même : Albin descendu des hauteurs de Baumugnes où ses ancêtres, symboliquement castrés (protestants, on leur avait coupé la langue), s’étaient réfugiés, c’est l’écrivain résolu à se frotter à l’« en bas » dévorateur, c’est-à-dire au monde véritable des « batailles » (qu’en réalité, en « déserteur » qu’il est, il a fuies dès lors qu’il a fait retrait dans le contre-monde de la littérature), ou encore à la Femme, ange et démon, belle et bête (la fille s’appelle « Angèle Barbaroux »), pour que son livre, loin d’être désincarné, soit retrempé dans la matrice même des choses. Mais l’écrivain se projette d’abord sur Amédée, le vieil ouvrier agricole, un des premiers autoportraits de l’auteur en « grand-père » (car lui appartient à l’« en bas » et y mourra), en ce qu’il accompagne l’autre dans l’espace désirable et redoutable du réel, afin d’obtenir que la parole de l’œuvre - qui produit donc ici le mythe de sa propre genèse - soit gagée sur le réel même : « Au lieu de mots, c’étaient les choses elles-mêmes qu’il vous jetait dessus. » Jean Giono achète la maison du Paraïs en 1930, au-dessus de Manosque, grâce au succès de Colline, il y vivra jusqu’à sa mort. Pendant l’hiver, un deuxième prix lui est décerné : le prix Northcliffe, pour son roman Regain. Ce roman clôt le cycle par la victoire (fragile) de Panturle, qui échappe avec son village d’Aubignane à l’effacement dans la nature sauvage ; il soumet la terre à la loi de la culture en même temps qu’il s’empare d’une femme et la féconde. Dans ce roman s’ébauche une prédication sociale (avec l’idéal autarcique d’une communauté fondée sur l’échange des richesses produites par un travail libre) que les livres suivants vont amplifier.Colline, Un de baumugnes et Regain seront réunis après coup par Giono sous le titre de Pan. Solitude de la pitié paraît la même année. C’est le premier des recueils de récits et essais brefs, déjà parus en revue, qui paraîtront sous sa signature au long de sa carrière, dont Manosque-des-Plateaux la même année. En 1931 Le grand troupeau aborde l’expérience de la guerre vécue par Giono. L’idée de troupeau renvoie à la fois à la troupe militaire et au troupeau de moutons, les deux étant mis en parallèle dans le livre. L’histoire de ce livre met en lumière la naïveté, l’insouciance dont faisait parfois preuve Giono en certaines circonstances, et qui auront plus tard des conséquences plus néfastes pour lui. Giono signe en effet deux contrats avec deux maisons d’éditions différentes, Grasset et Gallimard. La situation finira par s’arranger, Giono donnera alternativement un texte à l’une puis à l’autre maison d’édition, mais cet incident met bien en relief ce trait de la personnalité de Giono, la difficulté à dire non, le désir de satisfaire tout le monde, un engagement parfois spontané, irréfléchi. Avec Le Serpent d’étoiles, Giono, par l’intermédiaire d’un jeu poétique prêté à des bergers, donne une dimension cosmique à la situation de l’homme, partagé entre l’obéissance aux lois de l’Univers et sa propension à s’enfermer derrière la « grande barrière » de ses « reflets », c’est-à-dire de l’anthropomorphisme fatal de son désir. Ensuite, coup sur coup il écrit Le Bout de la route (1931) et Lanceurs de graines (1932). En vain, les personnages succombent à la fatalité de la réclusion dans l’imaginaire, qui les exile de la femme et du monde. En 1932, il rencontre Ramuz lors d’un voyage en Suisse. Le 9 juillet de la même année, il est nommé chevalier de la Légion d’honneur. Arrivé à ce point de la vie de l’écrivain, on hésite devant la simple continuation d’une chronologie. C’est que Giono, qui est plus sensible aux saisons qu’au temps lui-même, incite à éviter ce qui peut davantage rappeler une succession qu’une fermentation. Tout livre, chez lui, est une pâte qui lève, comme sans doute toute action. Et la rare fois où il a voulu s’engager dans celle-ci, avec force, dans le cadre d’une sorte de croisade pacifique et rustique, la pâte est retombée. L’écrivain comblé d’honneurs n’a pu que connaître une chute spectaculaire, déterminante pour la suite de son œuvre. Jean le bleu est un récit largement autobiographique, qui fait une grande place à la figure paternelle et témoigne de l’admiration de Giono pour son père, sa sérénité, sa générosité. Mais l’invention, le romanesque, se mêlent intimement aux éléments autobiographiques dans ce récit lyrique. Avec Le chant du monde en 1934, Giono revient au roman pur, roman d’aventure, roman épique, dans lequel les éléments naturels ont encore une grande place (le fleuve, la faune), curieusement, le plus beau "western" qui ait jamais été écrit. On peut voir dans Le chant du monde la fin d’une période, celle des romans aux dénouements heureux. Celle, également, où Giono se veut avant tout écrivain, sans engagement social ou politique. En cette période où l’on commence à sentir poindre la menace d’une guerre, Giono commence à agir, à s’engager. Il participe à des réunions en faveur de la paix, puis adhère à l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires, proche des communistes, écrit dans Vendredi, journal dirigé par Jean Guéhenno. Mais bien qu’homme de gauche, à tendance libertaire, voire anarchisante, souvenir de son père, Giono reste avant tout pacifiste. L’évolution des communistes en faveur du réarmement le rebute, et en 1935 il s’éloignera d’eux. Il commence à écrire son Journal qu’il arrêtera en 1939. Depuis longtemps, le lyrisme de Giono était doublé par une sorte de message. Il ne se contentait pas de chanter la terre, il fustigeait aussi la vie citadine, l’argent et la chose militaire. Que ma joie demeure, qui paraît en 1935, est une étape marquante dans le cheminement de l’auteur. Le bonheur, la vie communautaire heureuse, se heurtent ici aux désirs de l’homme, à ses passions. Le pessimisme fait son entrée dans l’oeuvre. Le roman est cependant très bien reçu par le public et aura un impact profond, en particulier chez la jeunesse ; c’est un livre qui consolidera l’image d’un Giono sorte de prophète, et qui contribuera au développement de ce que certains appelleront ensuite le gionisme, phénomène qui va prendre de l’ampleur dans les années qui suivent, jusqu’à l’irruption de la deuxième Guerre mondiale. Entre 1935 et 1939, se développe un mouvement qui recrute des adhérents passionnés et actifs. Dans les collines de Haute Provence, une quarantaine de jeunes gens se rassemblent autour de Giono et de son ami Lucien Jacques : les adeptes d ’une façon de vivre prônée de nos jours par certains hippies ou écologistes y écoutent de la musique et des poèmes ; des soirées théâtrales sont organisées, on communie dans un culte commun de la nature : vie simple, discussions, lectures, vent de liberté. C’est le premier septembre 1935 qu’a lieu le premier séjour au Contadour. Il y en aura neuf jusqu’en 1939. Giono et Lucien Jacques fondent les Cahiers du Contadour. Sept numéros paraissent, peu diffusés. En 1936, l’essai Les vraies richesses, qui suit et prolonge en quelque sorte Que ma joie demeure, réaffirme l’idéal de la communauté rurale et appelle à une révolte contre la société industrielle capitaliste, contre la ville et la machinisme qui détruisent les "vraies richesses". Dans Batailles dans la montagne en 1937 où le Trièves est tout entier, Giono délivre le démon de la démesure. Le poids du ciel en 1938 est également un plaidoyer pour la nature et contre la guerre et les dictatures. D’autres "messages" (regroupés par la suite dans le recueil Écrits pacifistes) paraîtront sous la plume de Giono durant ces années qui précèdent la guerre : Refus d’obéissance (1937), Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix, Précisions, Recherche de la pureté. Il s’engage à refuser d’obéir en cas de conflit, une position personnelle, qu’il n’appelle pas à imiter. Giono accepte l’idée d’une rencontre avec Hitler pour tenter d’éviter la guerre, mais cette rencontre n’aura pas lieu. Seulement, lorsque débute le "Neuvième Contadour", en août 1939, les gendarmes montent de Banon pour annoncer la déclaration de guerre. Tout le monde se sépare. En septembre, Giono est mobilisé à Digne. Le 16 de ce mois, il est arrêté pour ses publications pacifistes antérieures. Le cérémonial généreux d’un moment paraît sans lendemain. Mais Giono fut néanmoins le précurseur d’un après-demain qui ressemble fort à ce que nous vivons, ne voulons pas, ou voulons vivre aujourd’hui. Giono sera libéré grâce à une intervention d’André Gide, sur prononciation d’un non-lieu. L’autorité militaire le dispense de toute obligation de service. Il passera donc la guerre à poursuivre son œuvre. Il finit la traduction de Moby Dick, d’Herman Melville, qu’il avait entamée avec Lucien Jacques et Joan Smith et qui avait commencé à paraître dans les Cahiers du Contadour. Il écrit également l’ouvrage Pour saluer Melville, une biographie largement imaginaire de l’auteur américain. Il commence La Chute de Constantinople, roman inachevé dont il ne reste que des fragments. Les idées de Giono se trouve à nouveau imprimées en 1941, en Suisse, dans Triomphe de la vie. Le Bout de la route est représenté à Paris jusqu’en 1944. Dans Deux Cavaliers de l’orage (écrit de 1938 à 1942, qui commence à êtrre publié dans La gerbe mais publié finalement en 1965), détournée de la révolution, la force du désir s’invente un débouché narcissique : Marceau Jason, dit « l’Entier » (comme le cheval, symbole de la force élémentaire), aime son jeune frère Ange, son reflet apollinien. Mais c’est se soustraire à l’impératif du mélange avec le Tout. Les deux frères s’entretuent : la force détruit l’être double qui voulait orgueilleusement la thésauriser. Les passions, en tant qu’elles se substituent au libre jeu des forces du désir dans le réel et tendent donc à fonctionner en vase clos, ne peuvent qu’être violentes, amères, désespérées. Ce sera bientôt la règle des Chroniques. Giono se rend à Paris en mars et en décembre et se montre en compagnie de responsables allemands de la culture En janvier 1943, un attentat est perpétué contre la maison de Giono. Il termine Voyage en calèche, une pièce de théâtre qui sera interdite par la censure et qui ne sera créée qu’en 1947. Giono publie L’eau vive, du théâtre. Il écrit Fragments d’un paradis. Cependant comme ses idées d’anarchiste-paysan ne plaisent décidément pas aux autorités successives, Giono se retrouve de nouveau en prison à la Libération, le 8 septembre 44, puis, le 27, à Saint-Vincent-les-Forts. Le Comité national des écrivains l’inscrit sur sa liste noire. On reprochera longtemps à Giono la publication de Deux cavaliers de l’orage dans La Gerbe, de Description de Marseille le 16 octobre 1939 dans La Nouvelle revue française de Drieu Larochelle, et d’un reportage photographique sur lui dans Signal (édition française d’un périodique allemand). On lui reprochera également une certaine proximité d’idée avec le régime de Vichy (retour à la terre, à l’artisanat), des "idées" que Giono véhicule depuis bien des années sans pour autant en tirer les conclusions politiques qui seront celles de Vichy. Élargi au bout de sept mois, mais assigné à résidence dans les Bouches-du-Rhône, l’écrivain va s’orienter dès lors dans un non-engagement total sur le plan social, engagé qu’il est pleinement dans son art. Ainsi au sortir de la guerre, Giono est un homme désabusé, victime de l’ostracisme de l’intelligentsia de l’édition. Son oeuvre reflète les changements provoqués par cette période troublée et trouve un second souffle, une nouvelle inspiration. Retranché dans le silence et le travail, Giono se consacre tout entier à ses livres. De 1945 à 1951, il écrit huit romans et des récits. Angélo, écrit en 1945, publié en 1948, inaugure le cycle du hussard. Mort d’un personnage lui fait suite et précède Le hussard sur le toit commencé en 1946 et achevé en 1951. Parallèlement au cycle du hussard, Giono inaugure ce qu’il appellera les Chroniques, un ensemble plus ou moins homogène et délimité, qui commence par Un roi sans divertissement, écrit en 1946 en quarante jours. Il perd sa mère la même année. Puis viennent Noé, un roman sur l’écrivain où Giono s’exprime à la première personne, Les âmes fortes, Le moulin de Pologne, Les grands chemins. En 1951, Giono voyage en Italie. Le Hussard, et son succès, marque la fin de l’ostracisme dont Giono a été victime depuis la fin de la guerre de la part du monde littéraire français. En 1952, il voyage en Angleterre et en écosse. En 1953, il reçoit le Grand Prix du Prince Rainier III de Monaco pour l’ensemble de son œuvre et en 1954, il est élu membre de l’Académie Goncourt et occupe le fauteuil de Colette. Giono donne des textes pour des journaux et des revues (certains de ces textes seront par la suite réunis en volumes : Les terrasses de l’île d’Elbe, Les trois arbres de Palzem, Les Héraclides, La chasse au bonheur). En 1954, il assiste au procès Dominici, vieux paysan accusé du meurtre de trois touristes anglais. Il publiera ses notes d’audiences dans la revue Arts, puis, à la demande de Gaston Gallimard, en volume, accompagnées d’un essai : Notes sur l’affaire Dominici suivies de Essai sur le caractère des personnages Enfin, Giono continue à écrire des romans et des textes de fictions. Entre 1953 et 1957, il écrit le dernier volume du cycle du hussard, Le bonheur fou, un roman « historique », mais d’une histoire avec laquelle Giono sait prendre des libertés. En 1956 Giono commence la série de textes qui composeront Bestiaire. Il retrouve la fiction pure pour Hortense (1958), L’homme qui plantait des arbres, Les récits de la demi-brigade (posth., 1972), Ennemonde et autres caractères (1966), Le déserteur (1968). En 1959, il revient au théâtre avec Joseph à Dothan, pièce adaptée du néerlandais, et Domitien, drame datant de 1957. Il travaille également à une adaptation du Chant du mondequi restera inachevée : Le cheval fou. En 1959, il voyage en Espagne et débute une collaboration, sous forme de chroniques, au Dauphiné libéré et à Nice-Matin. En 1960, il séjourne aux Baléares, et y retournera tous les ans jusqu’en 1969. En 1961, Giono préside le jury du Festival de Cannes. Son grand ami, Lucien Jacques, meurt. En 1962, Giono subit un premier accident cardiaque. En 1963, Giono aborde un nouveau domaine, l’histoire. Le désastre de Pavie traite de la bataille de Pavie et de la captivité de François 1er. Mais Giono n’est pas historien, et le style du romancier reste présent dans cet ouvrage un peu particulier dans son oeuvre. Il est élu au Conseil littéraire de Monaco. En 1965, il met en oeuvre Dragoon, puis, en 1967, Olympe. Il n’achevera aucun des deux textes. C’est L’iris de Suse qui sera sa dernière oeuvre. Parallèlement à ses écrits, Giono s’intéresse au cinéma et réalise quelques films dont L’Eau vive en 1957, Crésus en 1960, Un roi sans divertissement en 1963. En 1969, il publie Le Coeur Cerf, poèmes datant de 1944 à 1947. Au cours de ces dernières années, son travail est ralenti par des faiblesses cardiaques. Il doit se ménager, renoncer à la pipe, aux déplacements. En 1970, ses forces diminuent ; il doit être opéré d’une embolie artérielle. Dans la nuit du 8 au 9 0ctobre 1970, Giono meurt d’une crise cardiaque. Oeuvre romanesque Récits et essais Journal, poèmes, essais Voyage en Italie 1952-1953 1954 (Gallimard) Jean Giono, à la FNAC. | Dernières brèvesActualités
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