GRACQ Julien
Louis Poirier est né à Saint-Florent-le-Vieil en Maine-et-Loire le 27 juillet 1910. Les deux branches de la famille sont originaires du Val de Loire et des Mauges. Il mène une enfance paisible, contemplative, malgré les grondements lointains de la guerre. Il travaille avec goût et succès, lit beaucoup, tout ce qui lui tombe sous la main : Dumas, Poe font ses premières délices, puis Nerval dont la rencontre est déterminante, enfin Stendhal qui lui révèle ce que peut et doit être la littérature : Adolescent à la curiosité toujours en éveil, Louis Poirier se passionne pour les échecs, le rugby, dont il aime les règles compliquées, et, malgré son peu d’aptitude pour la musique, découvre l’opéra, qu’il aimera toute sa vie. En 1925, à Saint-Nazaire, il assiste au lancement du bateau L’Ile-de-France, dont "l’appareillage" le marquera durablement, et dont il s’explique dans Préférences. En 1928, il entre en hypokhâgne au lycée Henri IV, où il est élève du philosophe Alain. Il lit Gide, Valéry, Claudel, découvre le cinéma de Dreyer, Gance, Buñuel. En 1929, il découvre le Parsifal de Wagner qui restera pour lui « une source inépuisable d’orgie émotive » et sera déterminant pour son intérêt au cycle de la Table Ronde et à la quête du Graal. En 1930, il élève de l’École Normale Supérieure. Il étudie la géographie avec Emmanuel de Martonne, tout en passant un diplôme de sciences politiques. Géomorphologue, il écrit son premier texte publié dans les Annales de Géographie : Bocage et plaines dans le sud de l’Anjou. En 1931, il se lie d’amitié et voyage avec Henri Queffélec : Vienne, Venise et la Bretagne, où sur un horaire d’autocars, il découvre le nom d’Argol, qu’il n’oubliera pas. En 1932, il lit Nadja d’André Breton, et le Manifeste du surréalisme, découvre La Femme cent têtes de Max Ernst. En 1933, il se rend en Cornouailles où il visite les sites des romans arthuriens. En 1934, il est agrégé d’histoire et de géographie et fait son service militaire en partie à Nantes. En 1935, il publie un Essai de géomorphologie de l’Anjou toujours dans les Annales de Géographie : s’il y décrit le contact entre le massif ancien et le bassin sédimentaire, il y mêle déjà les références historiques. En 1936, il est professeur agrégé d’histoire au lycée de Nantes, au lycée Clémenceau où il était élève. En 1937, il adhère au PCF, dans l’enthousiasme du Front Populaire, anime la section CGT de son lycée à Quimper, jusqu’en 1939. En 1938, après le refus de Gallimard il publie sous le pseudonyme Julien Gracq son premier roman, Au château d’Argol, chez l’éditeur José Corti auquel il restera toujours fidèle. En 1939, André Breton lui écrit une lettre enthousiaste. Les deux hommes se rencontrent au mois d’août à Nantes. A la fin du mois d’août, à l’annonce du pacte germano-soviétique, Gracq démissionne aussitôt du parti. Sa thèse, qui aurait montré le rôle du climat en Union soviétique ne fut jamais achevée : la guerre, le pacte germano-soviétique peut-être (Gracq était communiste) en sont responsables. Il est mobilisé comme lieutenant au 137e régiment d’infanterie à Quimper, puis en Lorraine, à Dunkerque et différents villages du Boulonnais et de la Flandre. En 1940, le régiment de Gracq est surpris par l’offensive allemande dans les Flandres. Gracq est fait prisonnier, interné en Silésie jusqu’en février 1941, puis rapatrié pour raisons sanitaires (pour tuberculose présumée) sur Marseille. De 1941 à 1945, Gracq est professeur de lycée, puis assistant de géographie à l’université de Caen. Il écrit Un beau ténébreux (publié en 1945), Le Roi pêcheur et les poèmes de Liberté grande (publié en 1947). Julien Gracq achète par hasard en 1943 en gare d’Angers Sur les falaises de marbre. Le roman emblématique d’Ernst Jünger, est pour lui une véritable révélation et on retrouvera de nombreuses similitudes stylistiques et thématiques avec ce qui reste son œuvre la plus célèbre : Le rivage des Syrtes. Il rencontrera Jünger après la guerre, à qui il enverra Au château d’Argol, et le voit, depuis, régulièrement. En 1946, il quitte l’université. Son dernier texte de géographie,date de 1947 dans la Revue critique, "sur l’évolution de la géographie humaine" : d’une géographie verticale, liant l’homme à son milieu, on passait à une géographie horizontale, décrivant des relations aplaties qui le firent quitter la géographie, mais il garde une certaine tradition de cette géographie d’avant-hier, très présente dans ses textes littéraires. : Il est nommé professeur d’histoire-géographie au lycée Claude-Bernard à Paris, poste qu’il occupera jusqu’à sa retraite, en 1970. Il écrit son essai André Breton. En 1949, Le Roi pêcheur est joué au Théâtre Montparnasse, jouissant d’une aide financière à la première pièce, sous le patronage du Ministère de l’Education Nationale. La mise en scène est de Marcel Herrand dans des décors et costumes de Léonor Fini. Jean-Pierre Mocky incarne Perceval et Maria Casarès Kundry. Le "comportement" du milieu de la presse et de l’édition rend furieux Julien Gracq. Il écrit La Littérature à l’estomac en partie en réaction à cet accueil, un pamphlet féroce sur la situation de la littérature et sur les prix littéraires qui est publié en 1950 dans la revue Empédocle.
En 1951, après un voyage au Danemark, et notamment à Elseneur, site shakespearien, Gracq publie son troisième roman en septembre, Le Rivage des Syrtes, et reste cohérent avec lui-même en refusant le prix Goncourt, provoquant une tempête médiatique. En 1952, quelques exemplaires hors-comerce de la Prose pour l’étrangère sont imprimés. Gracq s’installe au 61, rue de Grenelle. Gracq rencontre à Paris Ernst Jünger. Il écrit dans la revue Arts qui l’y invite, sur Alfred Jarry et sa révélation chrétienne. En 1954, il traduit Penthésilée de Kleist pour Jean-Louis Barrault. En 1955, Gracq entreprend un roman, qu’il n’achèvera pas et dont restera le texte La Route, publié dans La presqu’île en 1970. En 1956, il écrit Gomorrhe. En 1958, parait Un balcon en forêt : Gracq y transpose dans les Ardennes son expérience de la « drôle de guerre ». En 1959, à Monte-Carlo, un opéra est créé par Luciano Chailly à partir du Rivage des Syrtes. En 1961, Gracq recueille dans Préférences des essais critiques écrits depuis 1946. En 1967, Lettrines est publié. Un beau ténébreux est adaptée pour la télévision par Jean-Christophe Averty. Il sera diffusé le 8 octobre 1971. En 1970, La Presqu’île, dernier livre de fiction, est publié. Ce recueil est composé de « La Route », « Le Roi Cophetua » et une longue nouvelle qui donne son titre à l’ouvrage. Il quitte l’enseignement et le lycée Claude-Bernard et passe l’été comme professeur invité à l’Université de Madison, dans le Wisconsin. En 1971, Rendez-vous à Bray, film adapté de Le Roi Cophetua, réalisé par André Delvaux sort à l’écran. En 1972, la revue L’Herne consacre un numéro de ses Cahiers à Julien Gracq. En 1974, Lettrines II est publié. En 1976, Eaux étroites est publié. En 1978, Un balcon en forêt de Michel Mitrani sort sur les écrans. En 1980, En lisant en écrivant, notes écrites entre 1974 et 1979 est publié. Un colloque international « Julien Gracq » se tient à Angers. En 1985, La Forme d’une ville est publié. En 1988, Autour des sept collines, promenades dans Rome d’un voyageur déçu, livre sur Rome, est publié et mal accueilli. En 1989, le premier volume des Œuvres complètes dans la Bibliothèque de la Pléiade sont publiés. En 1992, les Carnets du grand chemin sont publiés. En 1995, le deuxième volume des Œuvres complètes dans la Bibliothèque de la Pléiade sont publiés. Julien Gracq la chanson du guetteur, film de Michel Mitrani est diffusé dans le cadre de l’émission « Un siècle d’écrivains ». En 2001, Julien Gracq vit à Saint-Florent-le-Vieil, au pied du pont qui traverse la Loire, face à l’île Batailleuse. Depuis la mort de sa soeur, il vit seul. Une gouvernante prépare son déjeuner et, le soir, il grignote un repas froid. Bibliographie * Au château d’Argol (1938) roman Julien Gracq, à la FNAC. | Dernières brèvesActualités
1er juin 13 mai 13 mai 12 mai 4 mai Rechercher Derniers articles
29 juin 28 juin 28 juin 27 juin 27 juin Cette page traduite :
| ||