KAWABATA Yasunari
Parcourir l’oeuvre de Kawabata Yasunari revient à parcourir sa biographie. Car si ses romans ne sont pas autobiographiques, leur construction n’en reste pas moins basée sur sa vie sous forme de retranscriptions romancées. Sont donc présents dans la plupart (voire la totalité) de ses livres, ses complexes et ses joies ainsi que tous les thèmes qui sont nés en lui durant sa jeunesse puis son adolescence. La solitude, la communication, l’indifférence, la beauté, etc... Sa vie est donc une succession de faits parfois heureux et souvent tragiques qui ont chacun contribué à la naissance de l’écrivain. Son existence a été un roman complexe dont voici les principales pages qui ont forgé le caractère particulier de Kawabata Yasunari. Kawabata Yasunari (川端康成) est né le 11 juin 1899 à Ôsaka.
Son père, Kawabata Eikichi était médecin à Ôsaka, après avoir fait ses études à Tôkyô. C’était un homme cultivé, aimant la poésie chinoise et la peinture de lettré. Eikichi mourut de tuberculose en 1900.
En avril 1912, il entra au collège d’Ibaraki distant de cinq kilomètres qu’il parcourait à pied. Il décida cette année là de devenir écrivain et consacra désormais son temps libre à la lecture et à ses premières tentatives de création littéraire. Malade, le grand père de Yasunari s’éteignit en mai 1914, dans sa soixante quinzième année. A quinze ans, Kawabata est absolument seul au monde. Seul, faible physiquement, se sentant condamné. « Mon enfance triste », écrit-il dans L’Adolescent, « a été marquée par la peur de mourir jeune ». Lui, qui sera si obsédé par la beauté, si amoureux de la vigueur animale de la jeunesse, sa propre enfance se déroule sous l’empire insistant de la maladie et de la mort. C’est cette même année que Yasunari écrivit son journal intitulé Journal De Ma Seizième Année qui fut publié onze ans plus tard, soit en 1925. Ce journal est considéré comme sa première oeuvre littéraire. Yasunari passa les six mois qui suivirent chez son oncle de sa famille maternelle au village de Toyosato puis entra à la pension du lycée de Ibaragi en janvier 1915. Grand lecteur de littérature contemporaine et classique japonaise ainsi que de littérature occidentale, il envoie de courts essais à différents quotidiens et revues. Certains textes seront publiés. Devenu responsable de chambre dès 1916, il eut sous sa responsabilité, Kiyono, un jeune homme à la féminité prononcée. De santé fragile tout au long de sa vie, souffrant d’insomnies, hospitalisé à plusieurs reprises (en 1962 pour une intoxication aux somnifères, en 1966 pour une hépatite, en 1972 pour une appendicite), obnubilé par son physique qu’il trouvait ingrat et convaincu de sa laideur, Yasunari trouva l’amour auprès de Kiyono, son camarade de chambrée, dans ce qu’il appella lui même « mon amour homosexuel ».
Dans l’état d’extrême désespoir et dégoût de lui où il se trouve, le jeune collégien qui voit en lui un protecteur et « un dieu » va devenir pour Kawabata la figure inaugurale de l’amour et la seule heureuse, peut-être. Après le départ de Yasunari pour le lycée supérieur de Tôkyô en septembre 1917 (section littérature anglaise, passage obligé pour intégrer l’Université Impériale), une longue correspondance espitolaire s’établit entre les deux jeunes hommes, qui ne se terminera qu’en 1921. Cette relation apparaitra sur papier dans L’adolescent (1948).
Il est également intéressant de constater les points communs qui peuvent exister entre cette période de sa vie dont l’érotisme, l’aspiration à la beauté et la communication affective se retrouvent dans Les Belles Endormies (1960-61), Le Lac (1954) ou Le Grondement De La Montagne (1949-54). Kiyono, c’est le bel endormi. Mais ces romans proches de ses propres expériences restent cependant moins liés à sa vie que La Danseuse D’Izu (1926). Cette étape de la vie de Kawabata correspond au voyage pour Yugashima qu’il fit en 1918. Alors âgé de dix neuf ans, il y rencontra une magnifique danseuse dans des décors enneigés (ce qui n’est pas sans rappeler Pays De Neige (1935-47)). Cette rencontre ajoutée à son amour pour Kiyono va lui inspirer un livre et bien d’autres d’écouleront de l’ambiance qui l’entoure. Ses séjours à l’auberge des sources thermales vont se prolonger et durant dix ans, pas une seule année ne s’écoula sans que Yasunari n’y retourne (Souvenirs de Yugashima(1922) ). C’est à Tokyo cependant et en 1919, que va intervenir un évènement important dans la vie de Yasunari. Alors âgé de 20 ans, il formait avec ses amis un cercle littéraire moderne très libre et amical. Leurs lieux de rencontre étaient des cafés considérés comme à la mode en cette sortie de première guerre mondiale. Il.publie la nouvelle « Chiyo » (Chiyo) dans la revue de la société amicale du Premier Lycée de Tôkyô. À cette époque il se lie d’amitié avec le futur écrivain Kon Tôkô (1898-1977) dont le père l’initie au spiritisme. C’est dans un des cafés, situé à côté du lycée supérieur d’Ichikô à Hongô, qu’il va faire la connaissance de Hatsuyo (que Kawabata appelera Michiko dans ses récits), jeune serveuse âgée de quatorze ans à laquelle il ne porta que très peu d’intérêt. Le café ferma cependant ses portes peu après et Hatsuyo parti vivre avec ses parents adoptifs dans un temple de Gifu situé dans les montagnes du centre du Japon. Malgré ce départ, Yasunari continua à fréquenter Hatsuyo chaque fois qu’un de ses amis, Miaki, l’entraînait jusqu’à Gifu pour aller la voir. Mais contre toute attente, Kawabata décida d’épouser Hatsuyo. Ses amis, étonnés, assistèrent à la préparation du mariage. Yasunari se rendit auprès du père d’Hatsuyo et confia au romancier Kikuchi Kan son idée. Ce dernier lui donna de bon coeur une somme de plus de 200 yens. Cet argent servit à Yasunari qui loua un logement pour préparer l’arrivée de la fiancée. Et c’est à peu de chose près un mois après sa décision de se marier que Hatsuyo fit parvenir à Yasunari une lettre incompréhensible (à lire absolument dans L’extraordinaire ou Le Feu Du Sud tant elle pourrait prêter à rire si le contexte n’était pas aussi tragique) pour rompre les fiançailles. La véritable carrière d’écrivain de Kawabata Yasunari débuta deux ans plus tard. Et cette Hatsuyo qu’il savait ne plus jamais revoir, laissa son empreinte dans ses livres. Représentant pour Yasunari la femme idéale, l’ombre d’Hatsuyo va se poser sur les nombreux personnages féminins qui parsèmeront ses oeuvres. En juillet 1920, il obtint son diplôme du Premier Lycée de Tôkyô ce qui lui permit de s’inscrire à l’Université Impériale de Tôkyô, faculté de Littérature, section Littérature anglaise. Il optera l’année suivante pour la section Littérature japonaise. Désireux avec d’autres camarades de lancer la sixième série de la revue du cercle de l’université, Shinshichô (Pensée nouvelle), il rencontre à ce sujet l’écrivain Kikuchi Kan qui deviendra son protecteur. En février 1921, lancement de la sixième série de Shichinchô où il fera paraître successivement plusieurs nouvelles importantes dont Shôkonsai ikkei (Tableau de fête en hommage aux soldats morts) et Abura (Huile). Par l’entremise de Kikuchi Kan il fait la connaissance de Yokomitsu Riichi (1898-1947) qui restera un ami fidèle et son principal compagnon sur la route du modernisme. Il rencontre également Akutagawa Ryûnosuke (1883-1927), Kume Masao et quelques autres futurs écrivains de sa génération. En 1922, im commence à être rémunéré pour ses nouvelles et articles de critique littéraire notamment dans Jiji shinpô et publie des traductions de Galsworthy et Tchékhov. Durant l’été il écrit à Yugashima ugashima de no omohide (Souvenirs de Yugashima), texte qu’il reprendra partiellement dans L’adolescent. En 1923, Yasunari participe au comité de rédaction du mensuel Bungei shunjû dirigé par Kikuchi Kan. Le grand séisme du 1° septembre le surprend à Tôkyô dont il parcourt les décombres accompagné de ses amis Kon Tôkô et Akutagawa Ryûnosuke. Il publie cette année là Kaisô no meijin (réintitulé Sôshiki no meijin, Le maître des funérailles) et Nanpô no hi (Le feu du sud). En mars 1924, il sort diplômé de l’Université impériale de Tôkyô ; son mémoire s’intitule Nihon shôsetsu-shi shôron (Petite étude sur l’histoire du roman japonais). En septembre il fonde avec Yokomitsu Riichi, Kataoka Teppei et 12 autres compagnons la revue d’avant-garde Bungei jidai (L’Époque de la littérature) qui deviendra l’organe du Shinkankaku-ha (École des sensations nouvelles) où Yasunari joue un rôle central avec ses amis Kon Tôkô et Yokomitsu Toshikazu (1898-1947). La déclaration des fondateurs est rédigée par Yasunari lui-même : « Le destin de ceux qui pensent au futur est d’abandonner le passé et de renoncer au présent ». En 1925, Yasunari rencontre sa future femme, Matsubayashi Hideko et passe une bonne partie de l’année à Yugashima. Il publie Journal de ma seizième année, quelques Récits de la paume de la main et fait paraître plusieurs essais dans la revue Bungei jidai, en particulier Notes sur les nouvelles tendances des nouveaux écrivains (Shinshin sakka no shinkeikô kaisetsu), manifeste de l’École des sensations nouvelles. Il publie son premier livre Les ornements des sentiments (Kanjô sôshoku), un recueil de trente cinq des Récits de la paume de la main et la nouvelle La danseuse d’Izu (Izu no odoriko) dans la revue Bungei jidai. En 1928, Yasunari séjourne à Atami puis s’installe dans le quartier d’Ômori à Tôkyô et publie La nuit des gangsters (Bôryokudan no ichiya). En 1929, il participe à la création de deux revues littéraires Kindai seikatsu et Bungaku. Tout en publiant régulièrement des critiques littéraires, il fréquente assidûment le quartier d’Asakusa qui inspire son second feuilleton Chroniques d’Asakusa paru dans Tôkyô Asahi shimbun de décembre 1929 à février 1930. Il déménage une nouvelle fois et s’installe à Ueno. En 1930, il est chargé de cours à Bunka Gakuin et à Nihon Daigaku ce qui ne l’empêche nullement de fréquenter Asakusa. Il publie deux nouveaux recueils de nouvelles dont Ma collection d’échantillons (Boku no hyôhonshitsu) qui regroupe plusieurs Récits de la paume de la main. Ainsi que l’attestent deux de ses livres (La photographie, 1924, Photographie avec des fleurs, 1930) Yasunari était un passionné de photographie et de cinéma. C’est donc sans réticence qu’il écrit le scénario d’un film muet ; « Kurutta ipeji » (Une page folle) sur une idée du réalisateur Kinugasa Teinosuke (1896-1982). Cette « composition littéraire » démontre que sa technique d’écriture -parution de courts récits- est très proche du montage séquentiel d’un film et du synopsis d’un scénario. Ce tournage lui permet de mettre en lumière sa connaissance approfondie des techniques cinématographiques. Sept autres films adaptés de ses romans seront tournés par divers réalisateurs et scénaristes jusqu’en 1980 et La Danseuse d’Izu (1926) connut au moins 5 versions. Yasunari se marie civilement avec Matsubayashi Hideko en avril 1931. Mais malgré ce mariage, la présence d’Hatsuyo plane encore dans l’esprit de l’écrivain. Ces écrits sont à cette époque empreint d’une joie artificielle qui va se perpétrer jusqu’à l’automne 1931, date à laquelle il va racontrer à nouveau Hatsuyo, douze ans après (bien que cet évènement soit considéré par certains comme fictif même s’il est présent dans Lettres à Mes Parents). De cette rencontre décevante avec Hatsuyo, qu’il avait pourtant tant attendu, va ressortir un changement radical dans son style d’écriture. Ainsi, son imagination positive basée sur la perfection d’Hatsuyo va laisser sa place à une phase de désillusion dans laquelle Kawabata va se remettre en question. Quant à l’image qu’il garde de la femme dans ses récits, elle ne sera plus celle d’Hatsuyo, brisée par la réalité, mais une représentation analogue batie sur les propres fantasmes de l’auteur. Brisée par la réalité, l’image idéalisée d’Hatsuyo qui servait de support aux personnages féminins des romans disparaît pour laisser place à ses propres fantasmes. C’est donc au début des années 30 qu’il atteint sa maturité d’homme de lettre et donne une interprétation définitive à sa conception de l’existence. Il publie Illusions de cristal(Suishô gensô) et d’autres nouvelles et romans inspirés d’Asakusa. C’est donc au début des années 30 que Kawabata Yasunari atteint son interprétation définitive de l’existence. A la fois contemplative et iréelle, un monde imaginaire où une beauté fictive se mêle à ses propres craintes. Une bonne partie de l’année 1932 est consacrée à ses nombreux animaux domestiques et à une danseuse particulièrement douée de la troupe du Casino Folie d’Asakusa qu’il émancipe pour lui permettre de devenir une danseuse classique. Il publie Élégie (Jojôka). En 1933, Yasunari participe à la création de la revue littéraire Bungakukai dont l’intellectuel Kobayashi Hideo (1902-1983) est le principal animateur et publie Bestiaire et l’essai L’ultime regard (Matsugo no me). En 1934, Yasunari publie à 36 ans son Autobiographie littéraire (Bungakuteki jijoden). Il visite Yuzawa dans la province d’Échigo où il commence à écrire en 1935 ce qui reste sans doute son chef-d’œuvre absolu : Yukiguni (Pays de neige), qu’il n’achèvera qu’en 1947. Il apporte son soutien à l’écrivain Hôjô Tamio (1914-1937) qui est atteint de la lèpre. Kikuchi Kan crée le prix Akutagawa, le plus important prix littéraire du Japon (équivalent au Goncourt) et Yasunari fait partie du jury. Quelques chapitres de Pays de neige sont publiés parallèlement à plusieurs nouvelles dont certaines sont encore inspirées d’Asakusa. Il déménage à Kamakura, ancienne capitale de samourais, au nord de Tôkyô mais passe ses hivers à Zushi. En 1936, il voyage dans la région du Shinshû et visite notamment Karuizawa, station de montagne dont il apprécie tant le charme que l’année suivante, en 1937, il achète une maison secondaire où il passera ses étés jusqu’en 1945. Cet endroit privilégié lui inspirera plusieurs romans et nouvelles. Il continue la publication de chapitres de Pays de neige mais aussi Chanson d’Italie (Itaria no uta), La valse des fleurs (Hana no warutsu), etc. La première édition de Pays de neige sort cette année là. Kaizôsha publie une première anthologie de ses œuvres en 9 volumes. Yasunari suit avec passion les tournois de go et commence la publication de reportages sur le maître Hon.inbô Shûsai. Il est nommé administrateur de la Nihon Bungaku shinkôkai (Société pour le développement de la littérature japonaise), présidée par Kikuchi Kan. En 1939, tout en continuant à suivre assidûment les tournois de go, il participe au mouvement pour « encourager l’écriture » (tsuzurikata undô) en donnant des cours et en faisant partie des jurés qui sélectionnent les écrits et contes envoyés par les amateurs. En 1940, Yasunari parcourt les régions japonaises pour rédiger des chroniques de voyages. Il publie Le premier amour de ma mère (Haha no atsukoi), La lettre du grain de beauté (Hokuro no tegami), Un beau voyage (Utsukushii tabi) et fait partie des signataires pour la création de la Nihon bunkakusha-kai, (Société des hommes de lettre japonais), lié aux autorités militaristes. En 1941, il se rend par deux fois en Mandchourie, la première à l’invitation du quotidien Manshû nichinichi shinbun, la deuxième à la demande de l’armée japonaise du Kantô. Il voyage, visite Pékin et revient au Japon fin novembre huit jours avant le déclenchement de la guerre du Pacifique. Il publie un recueil de nouvelles Ceux qui aiment (Aisuru hitotashi). En 1942, il participe au lancement de la revue littéraire Yakumo où il publie une partie de Le maître de go (Meijin) ainsi qu’à certaines activités de la Nihon bungakusha-kai sur la base d’une charte de coopération avec le gouvernement. En 1943, il recueille dans son foyer la fille d’un cousin d’une branche de la famille maternelle. Cette adoption lui inspire plusieurs récits dont Le vieux jardin (Koen). En 1944, le prix Kikuchi Kan lui est attribué pour ses œuvres récentes. À cette époque de sa vie Yasunari relit les classiques japonais pour les étudier de manière approfondie notamment Le Dit du Genji (ère Heian) de dame Murasaki Shikibu (vers l’an 1000). En avril 1945, il est envoyé dans un camp militaire de Kagoshima en tant que chargé d’information pour la marine nationale. En mai il participe au lancement d’un fond de prêt de livres appartenant aux intellectuels résidant à Kamakura. Sous le nom de Kamakura Bunko (la bibliothèque de Kamakura) cette librairie deviendra après la guerre une maison d’édition pour laquelle il travaillera comme l’un des éditeurs. Ses bureaux étaient situés à Tôkyô au premier étage du grand magasin Shirokiya. En 1946, Yasunari et Takami Jun (1907-1965) fondent la revue Ningen (L’Homme) qui sera publiée par Kamakura Bunko. Il y publie l’un des premiers écrits de Mishima Yukio (1925-1970) La cigarette (Tabako). C’est le début d’une longue amitié littéraire. Leur correspondance suivie (de 1945 à 1970) met en lumière les affinités subtiles et l’indéfectible lien qui les unirent dans une relation qui, au fil du temps, dépassa celle habituelle de Maître à penser envers son disciple. Bien que profondément affecté par la défaite du Japon, Yasunari se remet à publier des nouvelles et un roman sur le thème des kamikazes L’arbre de vie. Il déménage dans le quartier de Hase à Kamakura dans ce qui sera sa dernière demeure. 1947 marque la reprise de la publication par fragments de Pays de neige » mais aussi celle du décès de son vieil ami Yokomitsu Riichi. Kawabata est élu président du Pen Club japonais en juin 1948, charge qu’il occupera jusqu’en octobre 1965. Cette position lui permettra de faire de nombreux voyages à l’étranger. La première version complète et révisée de Pays de neige est publiée ainsi que La femme remariée (Saikonsha) et L’adolescent (Shônen). Une anthologie de ses œuvres commence à être publiée chez Shinchôsha (elle sera achevée en 1954, en 16 volumes) pour laquelle il rédige des postfaces explicatives qui seront ultérieurement réunies sous le titre de Ombre solitaire, mienne destinée (Dokuei jimei). En mai 1949 débute la publication de Nuée d’oiseaux blanc (Sembazuru) . Ce livre témoigne de l’intérêt de Yasunari pour la pratique de l’esthétique dépouillée du Zen par la Voie du Thé (Chanoyu). En septembre débute la publication de Le grondement de la montagne (Yama no oto) dans plusieurs revues. Quatre ans après l’explosion de la bombe atomique, Yasunari visite Hiroshima. Il revient à Hiroshima et Nagasaki par le biais des activités du Pen club en 1950. La publication des feuilletons Combien de fois l’arc en cie (Niji ikutabi) et La danseuse (Maihime) qu’il achèvera en 1951, débutent. Kamakura Bunko fait faillite et la revue Ningen est reprise par Meguro Shoten. Le prix du Geijutsu.in (Académie des arts) lui est décerné en 1952 pour Nuées d’oiseaux blancs et Le grondement de la montagne, en cours de publication. La suite de Nuées d’oiseaux blancs (Namichidori) (Les pluviers sur les vagues), est publiée en 1953 ainsi que La lune dans l’eau (Hi mo stuki mo) et l’essai Études sur le roman (Shôsetsu no kenkyû). Nuée d’oiseaux blancs est élu meilleur livre de l’année. Le 13 novembre Yasunari est nommé membre de l’Académie des Arts en même temps que Nagai Kafû (1879 - 1959) et Ogawa Mimei, deux autres romanciers de grand renom. Sa renommée va grandissant : il reçoit le prix Noma en 1954 pour Grondement dans la montagne. Il commence la publication des feuilletons du Lac puis Les gens de Tôkyô (Tôkyô no ito) en 1955. En octobre 1956, Nuée d’oiseaux blancs reçoit le prix de l’académie des Beaux-Arts de Tôkyô. Il voyage en Europe de mars à mai 1957 dans le cadre d’une réunion du Pen club qui lui permet de rencontrer plusieurs écrivains occidentaux. En septembre il organise le 29° congrès international du Pen club à Kyôto. Yasunari est hospitalisé en novembre 1958 en chirurgie à l’hôpital de l’Université de Tôkyô à cause de ses troubles à la vésicule biliaire. Il est élu vice-président du Pen Club International et publie Les arbres de l’allée (Namiki), Yumiura. La Médaille Goethe lui est décernée en 1959 lors du congrès du Pen club à Frankfort. Une anthologie de ses œuvres est publiée chez Shinshôsa en 12 volumes. La France lui décerne le titre d’Officier des Arts et Lettres en 1960. Il voyage aux États-Unis où il donne des conférences dans quelques universités. avant de se rendre au congrès du Pen club au Brésil. La publication de Les belles endormies (Nemureru bijo) débute en feuilleton. Yasunari reçoit en avril 1961 la médaille du Mérite Culturel (Bunka kunshô) à Tôkyô. Il réside en début d’année plusieurs mois à Kyôto en vue de réunir de la documentation pour deux romans en projet : Kyôto (Koto) et de Tristesse et beauté (Utsukushisa to kanashimi to) dont il commence pour les deux la publication en feuilleton. Yasunari reçoit le prix Mainichi shuppan bunka (prix de la Culture de l’édition Mainichi) pour Les belles endormies en 1962. Il est hospitalisé en février à Tôkyô suite aux troubles graves causés par une tentative de sevrage de ses somnifères habituels ce qui provoqua un coma d’une dizaine de jours. Rétabli, il milite pour la paix dans le monde. Une fondation privée crée le « Nihon kindai bungakukan » (l’Institut de littérature moderne japonaise) dont il devient l’un des administrateurs en 1963. Le récit Un bras (Kataude) est publié en feuilleton, texte fantastique où le narrateur dispose pour une nuit du bras de sa maîtresse, qui le lui prête. Il dort avec ce bras, qui est non seulement mobile, mais doté du langage, et qu’il finit par accoler à son épaule, en remplacement de son propre bras. La publication de Les pissenlits (Tanpopo) débute en feuilleton en 1964. Il participe au congrès du Pen club à Oslo et en profite pour voyager en Europe. En 1965, Yasunari écrit L’oscillation des joyaux (Tamayura) qui sert de trame au feuilleton télévisé quotidien de la N.H.K. Fatigué, il démissionne de la fonction de président du Pen club japonais. Tristesse et beauté (Utshukushisa to kanashimi to) paraît en février 1965. Ce sera la dernière œuvre de fiction publiée de son vivant. En 1966, il est hospitalisé pour une grave hépatite. Le 28 février 1967, Yasunari et Mishima publient avec les écrivains Ishikawa Jun (1899-1987) et Abe Kôbô (1924-1993) la « Déclaration des Quatre » texte appelant l’opinion publique japonaise à protester contre la Révolution culturelle chinoise. Le résultat mitigé restera sans suite. En juillet afin de relancer la revue trimestrielle littéraire Hihyô (Critique), Mishima lui demande de rédiger un article. En réponse Yasunari écrira Extraits de nouvelles de voyage (Ryoshin-shô). Son oeuvre est récompensée en le 19 octobre 1968 par le prix nobel de littérature. Il fut le premier écrivain japonais à avoir réçu cette distinction. Son discours prononcé lors de la remise du prix le 12 décembre à Stockolm s’intitule Le beau Japon en moi ou Moi, d’un beau Japon (Utsukushii nihon no watakushi). Il milite pour l’élection de son vieil ami Kon Tôkô au siège de sénateur. En mars 1969, Kôdansha édite Moi, d’un beau Japon. Le 1° mai Yasunari donne une série de conférences à l’université de Hawaii puis à San Francisco dont un court essai sur l’esthétique japonaise traditionnelle Présence et découverte du beau (Bo no sonzai to hakken) qui sera édité en juillet par Mainichi Shimbunsha. Il est nommé docteur Honoris causa de l’université de Hawaî et membre d’honneur de l’Académie des Arts et des Lettres des États-Unis. La cinquième anthologie de ses œuvres débute chez Shinchoshâ en 19 volumes. Yasunari participe en 1970 au congrès des Écrivains d’Asie à Taipei puis au congrès du Pen club international qui se tient à Séoul. Le 25 novembre est le jour terrible de l’annonce du suicide par seppuku de son disciple et ami Mishima. Yasunari est bouleversé. Une société académique spécialisée dans les études sur Kawabata est fondée sous le nom de Kawabata bungaku kenkyû-kai. Le 24 janvier 1971, il préside la cérémonie des obsèques publiques de Mishima au temple Tsukiji Honkanji de Tôkyô, et lit un extrait d’une lettre aux résonances prophétiques que son ami lui avait adressée le 4 août 1969 (Correspondance). Il milite pour un autre de ses amis qui se présente aux élections pour le poste de gouverneur de Tôkyô et s’active également pour l’organisation du premier Congrès international des Études japonaises. Il souffre de surmenage. En 1972, Yasunari est hospitalisé pour une appendicite, sa santé est précaire. Deux ans après le suicide de son ami Mishima Yukio et avec qui il avait noué une amitié littéraire depuis 1946, Kawabata Yasunari se donna la mort par le gaz le 16 avril, dans la solitude d’un petit appartement qui lui servait de bureau secondaire au bord de la mer à Zushi, près de Yokosuka, non loin de Kamakura, une ville « esthétique » du vieux Japon, à laquelle il rendit souvent hommage, en y situant notamment Le Grondement dans la montagne 1921 1923 1923-1924 1923-1927 1924 1925 1926 1927 1927-1930 1928 1929 - 1930 1929 1929 - 1930 1930 1931 1932 - 1934 1932 1933 1933 - 1934 1934 1935 1935 - 1948 1940 1941 1942 (1938) - 1954 1943 1944 1945 1946 1948 1949 (écrit en 1916) 1949 - 1952 1949 - 1954 1949 1950 1953 1954 1958 1960-1961 1961-1962 1962 1963 1963-1964 1964 1961-1965 1969 1970 Adaptations cinématographiques1926 1935 1954 1955 1957 1962 1965 1966 1967 1968 1969 1970 1980 1985 Kawabata Yasunari, à la FNAC. | Dernières brèvesActualités
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