BECKETT Samuel
C’est dans la banlieue de Dublin que naît Samuel Barclay Beckett un vendredi saint, le 13 avril 1906. Second fils d’une famille protestante aisée, il aura une enfance heureuse, marquée par la piété profonde de sa mère et le goût de son père pour de longues promenades à pied. De la foi maternelle, il gardera l’inquiétude et le sens de l’interrogation métaphysique, mais ne verra qu’ennui dans la religion. Pendant ses brillantes études (il est successivement pensionnaire à la "Portora Royal School" d’Einiskillen, puis élève du "Trinity College" de Dublin), il s’intéresse au français et à l’italien - il se destine à une carrière de professeur de langues romanes - et se distingue comme sportif, en particulier au rugby. Entre Paris et Dublin Après un premier voyage, en bicyclette, durant l’été 1926 pour visiter les châteaux de la Loire, il est nommé en 1928 lecteur d’anglais à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm. Pendant deux années, il fréquentera l’autre grand écrivain irlandais expatrié, James Joyce, dont il deviendra l’intime. Pendant la guerre Le 7 janvier 1938, un inconnu le poignarde dans la rue, sans raison. À l’hôpital, une ancienne amie de la rue d’Ulm, Suzanne Dumesnil, lui rend visite. Il ne la quittera plus. Lorsque la guerre éclate, il est en Irlande. Aussitôt, il regagne la France. Il affirmera plus tard qu’il préférait vivre dans la France en guerre plutôt que dans l’Irlande en paix. Engagé dans la Résistance, il échappera de peu à la Gestapo et se réfugiera dans le Vaucluse. Devenu ouvrier agricole, il écrit le soir, « par thérapeutique », son deuxième roman, Watt. Jouant sans fin avec les mots, leur musique, leur violence, il y invente la figure du « clochard » qui traversera toute son œuvre et portera la marque de la singulière déchéance humaine, faite d’humilité excessive et d’impuissance à échapper à soi-même. La révélation À la Libération, il retrouve son appartement parisien et décide d’écrire désormais en français. Après quelques mois passés à Saint-Lô, dans la Manche, comme interprète dans un hôpital, il rend visite à sa mère en Irlande. C’est là, au début de 1946, qu’il aura la « révélation » évoquée dans La Dernière Bande, une pièce écrite en 1958. Une longue promenade, les vagues, la tempête, la lumière d’un phare et « la vision, enfin ». Tout devient clair : « Clair pour moi enfin que l’obscurité que je m’étais toujours acharné à refouler est en réalité mon meilleur », écrit-il. À quarante ans, Beckett a encore la quasi-totalité de son œuvre devant lui. Un écrivain prolifique De retour à Paris, il écrit pendant cinq ans, sans interruption. Se succèdent romans, récits et nouvelles (Premier Amour est écrit en 1946, Molloy et Malone meurt, un an plus tard, et son dernier roman, L’Innommable, est rédigé en 1949) et pièces de théâtre (Eleutheria, qui ouvrira le cycle théâtral, en 1947, et En attendant Godot, qui sera achevé un an plus tard). Dans L’Innommable, il n’y a plus qu’une tête sans corps pour « dire ». Ce livre plonge Beckett dans une impasse et les treize Textes pour rien ne réussiront pas à l’en faire sortir. Malgré l’enthousiasme de personnalités comme Tzara ou Roger Blin, Beckett doit lutter pour imposer ses œuvres, en particulier En attendant Godot. Sa vie va désormais prendre un nouveau tour. N’écrivant plus que des textes courts, des pièces ou des récits, il va se consacrer à la traduction de ses propres œuvres en anglais, à ses pièces et à leur mise en scène (1965-1984). PROUST, (1930), 1990. Samuel Beckett, à la FNAC.
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