SUARES André
Même si l’histoire littéraire a retenu qu’André Suarès fut, à partir de 1912, l’un des quatre "piliers" de la NRF (avec Gide, Claudel et Valéry), cet écrivain originaire de Marseille reste aujourd’hui encore l’un des écrivains les plus "illustrement" méconnus du dernier siècle. Tenu par d’aucuns pour un auteur difficile, voire abscons, même si son exigence d’écriture fit à son époque l’admiration d’un Romain Rolland, d’un Malraux ou d’un Montherlant, il a laissé une œuvre monumentale et labyrinthique (pas moins de cent ouvrages publiés, des milliers de chroniques, des dizaines de milliers de lettres et 20 000 pages inédites de notes diverses), dont Le Voyage du Condottiere, un voyage qui est par lui-même une œuvre d’art et "porte témoignage de son créateur", dans le sillage des Voyages en Italie de Stendhal, mais aussi de Goethe ou de Montaigne. Un incontestable chef-d’œuvre, l’un des grands livres intelligents du siècle et le meilleur de Suarès. Une évidence qu’un petit cénacle de lecteurs avertis porte à la boutonnière « comme un emblème », ainsi que le soulignait Raphaël Sorin dans le Monde, lors de la republication de l’ouvrage, en 1985, par les éditions Granit. Amoureux passionné de l’Italie éternelle, et donc de son âme par-delà toutes les formes de son art, ce voyageur infatigable a parcouru longuement la Péninsule, notamment à pied... à la conquête de la Toison d’or ... et de lui-même. De sa première excursion, en 1910, il a tiré le premier volume de ce Voyage, "Vers Venise" (Paris, éditions Cornély, 1910). Par la suite, Suarès, après plusieurs autres voyages (Suarès s’est rendu quatre autres fois en Italie), a rassemblé ses souvenirs dans le deuxième ("Fiorenza") et le troisième volumes ("Sienne la bien-aimée", sa ville de prédilection), publiés tous deux en 1932. Il faut attendre 1954 pour que soit publiée l’édition collective des trois volumes chez Emile-Paul. Pendant plus de deux décennies, l’ouvrage fut scandaleusement absent du catalogue des éditeurs jusqu’à ce qu’il soit republié dans la "collection de l’aimant" des éditions Granit. Cette œuvre magnifique où sont convoquées toutes les muses est un musée vivant irrigué, comme l’a souligné Jean-Marie Rouart, "par une culture, une sensibilité et un colossal amour de la vie. Pour une fois, détournons-nous des grands boulevards de la littérature, prenons un chemin buissonnier et découvrons l’œuvre de ce grand Quichotte, passionné d’art et de vie". Un livre qui, "décanté de toute médiocrité", est devenu aussi une méditation passionnée et exaltée de l’auteur sur son propre itinéraire initiatique vers la connaissance de soi. L’auteur-Jason, délesté de toutes les embûches et tous les ennuis de la route, semble même ne plus se souvenir qu’il a autrefois convolé avec Médée. Notre condottiere est un "vrai condottiere de la beauté". "La grande beauté surprend ; mais elle nous contente". | Dernières brèvesActualités
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