FRANK Anne
Le 4 août 1944, Anne Frank était dénoncée aux nazis après deux ans de vie clandestine à Amsterdam et déportée en camp de concentration : soixante plus tard, l’identité du dénonciateur reste toujours mystérieuse. D’Anne Frank on ne connaît, finalement, que la mythologie. Cette jeune fille devenue, malgré elle, le symbole mondial du génocide. On fait la queue dès le matin pour visiter à Amsterdam, au 263 Prinsengracht, la fameuse cachette derrière la bibliothèque (l’annexe des bureaux d’Otto Frank) où vécurent huit personnes (la famille Frank, le père, la mère, Anne et Margot, les Van Pels, leur fils Peter, et le dentiste Pfeffer), recluses pendant deux ans, entre 1942 et août 1944. Le 4 août 1944, tout bascule après une dénonciation. Le SS Karl Joseph Silberbauer et trois collaborateurs néerlandais font irruption dans la demeure. Anne et sa famille sont déportées. On croyait tout savoir de son histoire. C’est donc une surprise de découvrir une vie par-delà le mythe, grâce à une Anglaise de 28 ans qui s’est livrée à un méticuleux travail d’historienne pour reconstituer l’itinéraire de la famille Frank. Le Journal avait fait partager à ses millions de lecteurs l’expérience de ces huit personnes condamnées à vivre enfermées ensemble dans trois pièces - comme de nombreux juifs cachés à Amsterdam pendant la guerre, qui n’avaient pas tous le talent d’écrivain, l’intelligence et l’humour de cette fille de 13 ans -, mais l’histoire se terminait laconiquement : Anne et sa sœur meurent du typhus à Bergen-Belsen, en mars 1945. En 1945, le père, seul survivant, rentre à Amsterdam, trouve le journal d’Anne, sauvé par une amie néerlandaise de la famille. Or la recherche très précise de Carol Ann Lee, à partir de documents, de témoignages, permet d’apprendre ce qui s’est passé après l’arrestation des occupants de l’atelier.
La déportation et la mort d’Anne (15 ans), de Margot (18 ans) et de leur mère, Edith, n’est plus abstraite. Des rescapées d’Auschwitz, néerlandaises elles aussi, décrivent le bloc où se trouvent la mère et ses deux filles, l’appel à 3 h 30 du matin, leur travail absurde (retourner la terre pour faire un tas de mottes d’herbes), Anne qui distribue le pain pour le repas du soir. Sélectionnées pour partir travailler dans une usine de munitions tchécoslovaque, Margot et sa mère refusent d’abandonner Anne qui a attrapé la gale. Une nouvelle sélection sépare les filles de leur mère, Anne et Margot sont envoyées à Bergen-Belsen. Des amies d’Amsterdam vont raconter leurs derniers mois dans ce camp, faire le récit de leur calvaire. « Dans l’une de ces baraques surpeuplées et en putréfaction, Margot et Anne agonisaient. Elles se mouraient du typhus au pire endroit possible sur un lit placé juste à côté de la porte. Les Frank étaient si émaciées, c’était terrible à voir. Elles étaient couvertes de petites pustules dues à leur maladie : il était clair qu’elles avaient le typhus. Elles avaient le visage décharné, plus que la peau sur les os. Et elles avaient terriblement froid. » Margot meurt la première. La biographie ne s’arrête pas à la mort d’Anne mais se poursuit avec la publication du Journal. A travers les lettres d’Otto Frank et les témoignages de ses amis, le livre montre comment le père a dactylographié le manuscrit original, mêlant les deux versions d’Anne et supprimant certains passages (dont les fameuses pages manquantes qui viennent d’être retrouvées). Il décide ainsi d’enlever les méchancetés d’Anne contre sa mère et ses réflexions critiques sur la relation entre ses parents. D’ailleurs, le quotidien néerlandais Het Parool accepte de publier le Journal à condition de supprimer des passages sur la sexualité. Dans les années 50, le livre est d’abord refusé par les éditeurs allemands, et en Amérique par Knopf, Simon & Schuster ainsi que par Viking. C’est l’éditeur Doubleday qui le publie finalement aux Etats-Unis (en France, le Journal est sorti en 1950 chez Calmann-Lévy, qui a également publié la version intégrale en 1989). Au fil des ans, les théories se sont multipliées pour tenter de déterminer l’identité du traître. Trois suspects principaux ont émergé : Wim van Maaren, un employé d’Otto Frank, Lena Hartog-Van Bladeren, une femme de ménage et Anthon « Tonny » Ahlers, un militant du parti néerlandais pronazi NSB. | Dernières brèvesActualités
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