MERIMEE Prosper
Fils unique, Prosper Mérimée naît à Paris le 28 septembre 1803 dans une famille d’artistes bourgeois installée près du Panthéon. Il n’est pas baptisé, et restera fidèle, sa vie durant, aux convictions athées de ses parents. Son père, Léonor Mérimée est professeur de dessin à l’École polytechnique, et sera plus tard secrétaire perpétuel de l’École des Beaux-Arts. Sa mère, Anne Moreau est portraitiste, et enseigne, elle aussi, le dessin. Son enfance le met donc au contact du milieu des artistes. Mérimée est également l’une des figures de la vie élégante du Paris de la Restauration. Le jeune dandy se rend régulièrement dans les salons réputés, où il y fait la connaissance des célébrités du temps, François-René de Chateaubriand chez Madame de Récamier notamment. Il rencontre Stendhal en 1822. Aux cotés de Victor Hugo il est membre du Cénacle, partageant les aspirations de la jeune génération romantique des Vigny, Alfred de Musset, Alphonse de Lamartine, Gérard de Nerval, Delacroix. En 1825, le Théâtre de Clara Gazul, son premier livre, marque ses débuts brillants. C’est une période d’intense production littéraire. En 1827 paraît La Guzla ou choix de poésies illyriques, prétendues productions populaires inventées par lui, mais qui passeront pour authentiques auprès des poètes et des savants. Puis en 1828, La Jacquerie, scènes féodales, et La Famille Carvajal, drame. Il rédige en 1929 la Chronique du règne de Charles IX, suivant la mode du moment et dans la lignée des oeuvres de l’écossais Walter Scott. En 1827, Mérimée fait la rencontre de celle qui deviendra sa maîtresse jusqu’en 1832, Émilie Lacoste. Un duel au cours duquel il est blessé au bras gauche l’oppose l’année suivante au mari de celle-ci. Comme d’autres écrivains romantiques de l’époque, il entreprend des voyages d’agréments et de découvertes pour fournir à son imagination la matière à de nouveaux récits. Après l’Angleterre quelques années auparavant, il choisit de quitter Paris en 1830 pour visiter l’Espagne et l’Andalousie. A cette occasion, il se lie d’amitié avec la famille du comte de Montillo et fait la connaissance de la fille de celui-ci, Eugénie, âgée de quatre ans. Puis, le chemin du retour lui fait parcourir le sud de la France et le Roussillon où il situera le décor de la Vénus d’Ille, publiée en 1837. Entre-temps, la Révolution de juillet 1830 et l’avènement de la monarchie libérale de Louis-Philippe Ier lui offrent de nouvelles possibilités de carrière. Grâce aux relations de son père, Mérimée est nommé, le 5 février 1831, chef du bureau du secrétariat général de la Marine, puis, le 13 mars, chef du cabinet du comte d’Argout, ministre du Commerce, qui n’est autre que le cousin de Stendhal. En mai, il est fait chevalier de la Légion d’honneur. En avril 1832, il est chargé de la mise en œuvre des mesures prises pour lutter contre l’épidémie de choléra. En novembre, il est nommé maître de requêtes, et le 31 décembre, chef de cabinet du comte d’Argout toujours, désormais ministre de l’Intérieur. Tout en fustigeant, devant ses amis, la bêtise et les bassesses des fonctionnaires, il se révélera très efficace dans ses différents postes. Durant toute sa vie, il fera preuve d’une force de travail exceptionnelle. Celui-ci satisfait sa passion pour les arts et l’archéologie, une science qui s’épanouit depuis la fin du XVIIIème siècle et les découvertes effectuées dans les pays méditerranéens. Il prend d’ailleurs très au sérieux son nouveau rôle et parcourt la France, recensant lors de prospections méthodiques les richesses archéologiques. Ces tournées d’inspection se succèdent et l’accaparent. Il parcourt ainsi le Midi de la France en 1834 puis à nouveau en 1845, l’Ouest et le Sud-Ouest en 1835 et en 1838, l’Est en 1836, l’Auvergne en 1837, la Corse en 1839, la Bourgogne et la Franche-Comté en 1842 et 1843, le Nord et de nouveau l’Est en 1846 et 1847. Le fonctionnaire consciencieux s’associe alors à l’écrivain romantique, passionné par les choses du passé. Il rend compte au ministère de l’Intérieur et des Travaux Publics, duquel il dépend, de l’état des monuments des provinces de France, ses "masures". Il rédige à cette occasion de longs rapports, faits de notes et de croquis. Ceux-ci forment la matière des Notes de voyage réunies sous forme de recueils et publiées de 1835 à 1840. L’inspecteur général des Monuments Historiques doit également convaincre les notables locaux de prendre des mesures de sauvegarde. Il s’agit de protéger ces vieilles pierres contre le vandalisme ambiant, celui des enfants "qui faute d’exercices gymnastiques prescrits administrativement s’en créent comme ils peuvent", des adultes dont les dégradations répondent à des appétits pécuniaires ou à des préoccupations utilitaires, et surtout celui des institutions. L’abbaye du Mont Saint-Michel est alors une prison ! Les édiles municipales, à qui il est laissé à l’époque une grande latitude dans leurs appétits de modernisation des villes, sacrifient volontiers les monuments anciens dans la percée de nouvelles voies de communication. Les architectes locaux ou les prêtres dénaturent bien souvent les édifices en imposant des travaux de restauration. L’écrivain glane également des détails pittoresques dont il nourrit ses nouvelles. S’il publie Colomba en 1840 puis Carmen en 1845, son activité littéraire passe cependant au second plan au cours de ses années consacrées au salut et à la sauvegarde du patrimoine des Français. 1844 est l’année de la reconnaissance et de la consécration : il est élu à l’Académie Française. En 1846, vient la rupture avec sa maîtresse, Madame Delessert. L’écrivain se tait pour vingt ans et il expliquera ce silence par cette rupture. Mérimée s’éloigne bientôt des activités politiques sous la Seconde République, après s’être tout de même rallié dans un premier temps au nouveau régime. Le 25 février, il aide Gabriel Delessert, alors préfet de Police, et sa femme à fuir en Angleterre. Le 26, il est chargé, avec Léon de Laborde, par le gouvernement provisoire, de veiller sur les objets d’art des Tuileries. En juin, les combats dans les rues de Paris, les atrocités commises par les insurgés, auxquelles la garde mobile répond par l’exécution des prisonniers, le choquent profondément. Tantôt il admire la générosité des combattants, tantôt il est révolté par leur barbarie. Il voit ensuite avec satisfaction l’avènement du Second Empire et de Napoléon III. Proche de l’’impératrice Eugénie, rencontrée vingt années plus tôt en Espagne, il devient un familier de la cour qu’il fréquente assidûment et pour le divertissement de laquelle il compose des charades, organise des lectures ou rédige une redoutable dictée. Mérimée est alors nommé officier de la Légion d’Honneur dès 1852. Cependant sa mère décède en 1852. Il en est très affecté. La même année, Guillaume Libri (mathématicien, professeur au Collège de France, membre de l’Académie des sciences, inspecteur général de l’Instruction publique et des Bibliothèques), est accusé d’avoir volé des livres dans les bibliothèques qu’il était chargé d’inspecter. Il renonce en 1853 à ses grandes tournées sur les routes et chemins de France puis, en 1860, à ses fonctions d’inspecteur général de la Commission des Monuments Historiques. Prosper Mérimée refuse également trois années plus tard le poste de ministre de l’instruction publique qui lui est proposé par l’Empereur, poste qui échoit au réformateur Victor Duruy. En 1866, le conteur reprend la plume, et écrit une petite histoire satirique, La Chambre bleue, pour amuser l’Impératrice. Suit, en 1869, Lokis, la dernière grande nouvelle de Mérimée, puis, en 1870, Djoûmane, un rêve exotique. Mérimée s’attache à faire connaître en France la littérature russe, il traduit ainsi les oeuvres de Nicolas Gogol, Alexandre Pouchkine et Ivan Tourgueniev. Depuis 1858, la maladie, l’asthme, l’ont obligé à quitter Paris pour le Midi de la France et la ville de Cannes. Il y meurt le 23 septembre 1870. Le 23 mai, 1871, incendie, pendant la Commune de Paris, de l’appartement, 52 rue de Lille à Paris où il s’était installé après le décès de sa mère, propriété de son cousin Léonor Fresnel ; ses livres et ses papiers sont détruits. Bibliographie 1825 - Le Théâtre de Clara Gazul Prosper Mérimée, à la FNAC.
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