CONRAD Joseph
Le 3 décembre 1857, Józef Konrad Korzeniowski naît à Berditchev, en Pologne, qui est placée depuis le début du siècle sous l’autorité de la Russie des Tzars. Son père, Apollo Korzeniowski, est un aristocrate sans terres et homme de lettres. Il s’occupe à traduire dans sa langue natale les œuvres des grands écrivains français et anglais. Dès sa plus jeune enfance, son fils Józef se familiarise ainsi avec les livres et la littérature. Ses convictions patriotiques amènent Apollo Korzeniowski à participer aux luttes des Polonais pour l’indépendance nationale. Et au mois de mai 1862, en raison de ces activités politiques, il est arrêté par les autorités puis déporté, lui et sa famille, à Volgoda, au Nord de la Russie. Le 6 juin 1865, la mère de Józef, Evelina Bobrowska, décède de la tuberculose. Quatre années plus tard, Apollo Korzeniowski est enfin autorisé à quitter son lieu d’exil. Il se rend alors à Cracovie et décède peu après, le 23 mai 1869. Désormais orphelin, son fils Józef est alors confié à l’autorité de son oncle maternel, Tadeusz Bobrowski, un homme de loi. Dans les années qui suivent, il effectue ses études au lycée de Cracovie. Au printemps 1873, Józef Konrad Korzeniowski est auprès de son tuteur en Suisse. Au cours de ce séjour qui durera trois mois, il voyage dans l’Italie voisine et voit pour la première fois la mer. Très tôt d’ailleurs, l’adolescent manifeste le désir de naviguer et de devenir marin. L’année suivante, Józef, qui est à présent âgé de dix-sept ans, est menacé par la conscription militaire. Au mois d’octobre 1874, il gagne la France, où est déjà présente une importante communauté polonaise. A Marseille, Józef Konrad Korzeniowski entre dans une école de marine, grâce aux subsides que lui verse son oncle. Cependant cette pension annuelle, la coquette somme de 2.000 Francs, est rapidement dilapidée au jeu à Monte-Carlo par l’apprenti marin. Celui-ci fait même des dettes. Fort heureusement, il s’engage bientôt dans la marine marchande. En 1875, à bord du "Mont-Blanc", Józef Konrad Korzeniowski effectue sa première traversée et gagne la Martinique. De retour en France l’année suivante, il s’embarque au mois de juillet sur le "Saint-Antoine", à destination des Indes cette fois-ci. En Orient, le marin, qu’attire toujours l’appât du gain, se fait contrebandier. En 1878, il participe ensuite en Espagne aux guerres carlistes. L’émigré polonais intrigue aux côtés des royalistes afin de placer le duc de Madrid sur le trône et de rétablir ainsi la monarchie. Il se réengage ensuite sur le steamer "Mavis". Le 24 avril 1878, le bâtiment quitte Marseille et il est en Angleterre le 18 juin suivant. Âgé d’à peine vingt ans, Korzeniowski a déjà navigué sur la plupart des mers et océans. Il se décide alors à s’engager sur un navire côtier, "The Skimmer of the Sea". Après quelques années de service dans les rangs de la marine anglaise, il est reçu, le 5 juillet 1883, à un examen d’officier auquel il postulait. A cette époque, l’anglais est devenu sa seconde langue. Quittant l’Angleterre peu après, il rejoint ensuite son oncle, en cure à Marienbad. Les années passent et Józef Konrad Korzeniowski effectue encore de nombreux voyages. Il sert notamment en tant que second sur le Narcissus, qui le mène de nouveau aux Indes en 1884, puis sur le Tilkhust l’année suivante. Le 19 août 1886, l’officier de la marine marchande britannique se fait naturaliser. L’orthographe polonaise de son nom, Józef Konrad, s’anglicise, ce qui donne maintenant Joseph Conrad. Le 11 novembre suivant, celui-ci obtient son brevet de capitaine. Après un premier commandement sur le "Highland Forest" en 1887, il navigue l’année suivante à bord de "l’Otago" dans les mers du Sud. A cette époque, pendant les brèves périodes où il est à terre, Joseph Conrad rédige ses premiers textes de littérature. De retour à Londres en 1889, il effectue l’année suivante un voyage qui le mène dans sa Pologne natale. Au mois de mai 1890, Conrad est engagé par la Société Anonyme pour le Commerce du Haut-Congo afin de prendre le commandement du "Roi des Belges", un navire qui doit remonter le fleuve africain. Capitaine du "Torrens" de 1891 à 1893, il est ensuite second à bord de l’Adowa, qui effectue la traversée Londres-Rouen à travers la Manche. Mais l’état de santé de Joseph Conrad s’est dégradé depuis quelques temps. Atteint de rhumatisme, il cesse de naviguer au mois de janvier 1894. Cloué à terre, il reprend la rédaction d’un texte entrepris quelques années plus tôt. Almayer Folly La Folie Almayer est rapidement achevée et publiée l’année suivante par l’éditeur James Pinker. Le succès que celle-ci obtient auprès du public décide alors l’ancien marin au long cours à continuer à écrire. Avec le décès de son oncle, Joseph Conrad hérite d’une partie de sa fortune. Ceci lui donne une certaine aisance financière. Le 24 mars 1896, il épouse une angliase, Jessie George, mais c’est aussi la date de sa première et infructueuse, tentative littéraire. En 1889, Conrad commence à écrire, en anglais, Almayer’s Folly (La folie Almayer) qui est publié en 1895. Pour la première fois, il signe le livre de son nom d’emprunt. Les critiques sont dans l’ensemble assez élogieuses. Le couple s’installent à partir du mois d’octobre 1898 à Bishopbourne, dans le Kent. Le couple aura deux enfants : Alfred Borys, né le 14 janvier 1898, et John Alexander, le 2 août 1906. Joseph Conrad se consacre désormais tout entier à la littérature. Il s’inspire ainsi de son expérience de marin pour rédiger des récits qui ont bien souvent la mer pour unique cadre. Son œuvre est entièrement dédiée à l’aventure. The Niger of the Naricissus (Le Nègre du Narcisse), publié en 1897, est un quasi huis-clos. Dans ce court roman, domine l’étrangeté de ces personnages qui sont à bord d’un navire doublant le cap de Bonne-Espérance. Au mois de février 1899, vient ensuite Heart of Darkness (Cœur des ténèbres). Avec ce récit, se révèle la fascination qu’entretient Joseph Conrad pour la folie et la perversité qui se trouve sous l’enveloppe humaine, celle de l’ignoble Kurtz. En 1900, Lord Jim raconte l’histoire d’un rachat, celui d’un capitaine sur qui pèse le poids d’une lâcheté, une faute de jeunesse qu’il efface en donnant sa vie. Après Typhon (traduit par André Gide) en 1903, paraissent ensuite Nostromo ainsi que The Mirror of The Sea (Le Miroir de la mer) l’année suivante. Ces nouvelles œuvres se déroulent toujours sur mer, cet élément sur lequel l’homme, en naviguant, est aux prises avec la solitude, avec lui-même, donc autrement dit avec ses angoisses bien souvent. En utilisant un langage clair et dépourvu d’artifices, celui de sa langue d’adoption qu’il est parvenu à maîtriser, Joseph Conrad fait habilement la relation de ces expériences critiques. Bien souvent d’ailleurs, l’écrivain se contente de faire le récit au lecteur de ces moments de tension extrême. Dans les années qui suivent, Joseph Conrad effectue quelques séjours à l’étranger, en France notamment en 1907 et 1908. Au mois de juin 1910, il s’installe à Capel House, toujours dans le Kent, alors que surviennent des difficultés financières. Avec The Secret Agent (L’Agent secret) en 1907, puis Under Westren Eyes (Sous les yeux d’Occident) en 1911, l’écrivain délaisse les mers du Sud pour évoquer les complots anarchistes et les mouvements révolutionnaires qui défrayent l’actualité de ce début de XXe siècle. En 1913, Chance (Fortune) est son premier grand succès d’édition. La même année, ceci permet à son auteur d’effectuer un voyage en Pologne, malheureusement écourté. Au mois d’août 1914, Joseph Conrad doit s’en retourner en Angleterre, avec le déclenchement du premier conflit mondial. Après cette "Great War", l’écrivain accède enfin à la notoriété. A présent célèbre, il refuse néanmoins tous les honneurs qu’on souhaite lui décerner. Malgré ses problèmes de santé, qui se font de plus en plus handicapants, il traverse une nouvelle fois l’Atlantique et effectue un voyage aux États-Unis en 1923. La même année, l’écrivain revient au récit d’aventures avec The Rover (Le Frère de la côte). Joseph Conrad décède d’une attaque cardiaque, le 3 août 1924, à l’age de soixante-sept ans. 1889 En marge des marées Joseph Conrad, à la FNAC. | Dernières brèvesActualités
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