GIDE André
BIOGRAPHIEORIGINES Le 27 février 1863, au temple Saint-Éloi de Rouen, est célébré le mariage de PAUL GIDE (né en 1832 à Uzès, dans une famille protestante dont le premier membre connu semble être un Gido piémontais, venu s’installer comme humble « ménager » à Lussan, près d’Uzès, à la fin du XVIe siècle et qui s’y est converti à la religion réformée) et de JULIETTE RONDEAUX (née en 1835 à Rouen, d’une famille anciennement catholique, mais chez qui, depuis la fin du XVIIIe siècle, les hommes sont généralement libre-penseurs, et les femmes ferventes et rigoureuses protestantes). Tandis que les Rondeaux sont de riche bourgeoisie (le père de Juliette, Édouard Rondeaux, est un grand manufacturier d’indiennes, son oncle Jean a été député conservateur sous Louis-Philippe ; son grand-père, Charles Rondeaux de Montbray, joua un rôle important sous la Révolution et fut maire de Rouen) et font partie de la « H. S. P. » [1] de Rouen, les Gide jouissent d’une honnête aisance, sans plus : le père de Paul, Tancrède Gide, est président du Tribunal d’Uzès, et la famille a compté des négociants, des pasteurs... Paul Gide, reçu premier à l’agrégation de Droit en 1859, a été appelé à la Faculté de Paris dès 1862. Le jeune ménage s’installe 19, rue de Médicis [2], près du Jardin du Luxembourg. ANDRÉ-PAUL-GUILLAUME GIDE, son premier et unique enfant, y naît le lundi 22 novembre 1869, à trois heures du matin. De ce petit Parisien, l’enfance sera néanmoins rythmée par les vacances alternativement passées dans la Normandie maternelle et dans le Languedoc paternel, sous deux climats et dans deux milieux bien différents. « Selon des habitudes immuables, le jour de l’an se passait à Rouen, la pâque à Uzès, les mois d’été à La Roque-Baignard dans le pays d’Auge et à Cuverville dans le pays de Caux. » [3]. À Rouen, dans l’hôtel particulier, 18, rue de Lecat, de son oncle Émile Rondeaux, ou rue de Crosne, chez son autre oncle Henri Rondeaux (lequel, converti, est le seul catholique de la famille) ; au château de La Roque-Baignard, domaine de 425 hectares dans le Calvados (à 14 km au nord-ouest de Lisieux) que le grand-père de Gide, Édouard Rondeaux, avait acquis en 1851, ou dans celui de Cuverville-en-Caux, près de Criquetot-l’Esneval en Seine-Maritime [4] ; à Uzès, chez sa « bonne-maman », la veuve Tancrède Gide, dont l’arrière de la maison donne sur un renfoncement de la célèbre Place aux Herbes... À ces lieux de son enfance, il faut bientôt ajouter Montpellier où Charles Gide, « l’oncle Charles », frère cadet de Paul Gide (il est né en 1847), reçu à l’agrégation de Droit en 1874, est professeur d’économie politique à la Faculté, et Nîmes, près de laquelle les Charles Gide ont une petite propriété, « Les Sources ». Gide, plus tard, mettra complaisamment en relief la « duplicité » de ses origines — « Est-ce ma faute à moi », s’écrie-t-il dans son Journal (2 décembre 1929), « si votre Dieu prit si grand soin de me faire naître entre deux étoiles, fruit de deux sangs, de deux provinces et de deux confessions ? » [5] — et il fondera sur cette ambiguïté primordiale son refus de l’enracinement barrésien, son refus du choix : Entre la Normandie et le Midi je ne voudrais ni ne pourrais choisir, et me sens d’autant plus Français que je ne le suis pas d’un seul morceau de France, que je ne peux penser et sentir spécialement en Normand ou en Méridional, en catholique ou en protestant, mais en Français, et que, né à Paris, je comprends à la fois l’Oc et l’Oïl, l’épais jargon normand, le parler chantant du Midi, que je garde à la fois le goût du vin, le goût du cidre, l’amour des bois profonds, celui de la garrigue, du pommier blanc et du blanc amandier . [6]. Bien plus : Rien de plus différent que ces deux familles ; rien de plus différent que ces deux provinces de France, qui conjuguent en moi leurs contradictoires influences. Souvent je me suis persuadé que j’avais été contraint à l’¦uvre d’art parce que je ne pouvais réaliser que par elle l’accord de ces éléments trop divers, qui sinon fussent restés à se combattre, ou tout au moins à dialoguer en moi. [...] Les produits de croisement en qui coexistent et grandissent, en se neutralisant, des exigences opposées, c’est parmi eux, je crois, que se recrutent les arbitres et les artistes . [7] FORMATION (1874-1889) En 1874-75, le petit André est envoyé rue de Vaugirard à l’institution de Mlle Fleur et de Mme Lackerbauer ; à sept ans, il prend de Mlle de G¦cklin ses premières leçons de piano. Après que ses parents ont quitté la rue de Médicis pour emménager 2, rue de Tournon (1875), il entre en novembre 1877 en classe de neuvième à l’École Alsacienne, rue d’Assas, où vont alors la plupart des enfants de la bonne bourgeoisie protestante. Le nouvel élève de M. Vedel n’est pas brillant : « J’étais un des derniers de la classe [...] : je dormais encore ; j’étais pareil à ce qui n’est pas encore né »... [8]. Mais quelques semaines plus tard, l’instituteur ayant surpris ses « mauvaises habitudes », il est renvoyé pour trois mois de l’École : une consultation grand-guignolesque, arrangée par ses parents, chez un médecin qui lui montre une « panoplie de fers de lances touareg » en le menaçant de castration le traumatise à coup sûr durablement. À peine a-t-il reparu sur les bancs de l’École qu’il tombe malade (rougeole), et part en convalescence à La Roque où il achève l’année. En 1878-79, il redouble sa neuvième dans la classe de M. Vedel. Sa santé restera toujours précaire, sa fréquentation scolaire fort irrégulière : ainsi commence-t-il très tôt cette vie « désencadrée, cette éducation rompue à laquelle [il] ne devai[t] que trop prendre goût ». Pendant l’été 1880, après une classe de huitième qu’il a faite en étant pensionnaire chez M. Vedel, la mort de son petit cousin Émile Widmer le bouleverse profondément et provoque son premier Schaudern : il ne connaissait pourtant que très peu cet enfant de quatre ans et n’avait pas pour lui « de sympathie bien particulière », mais sa mort n’était pour le jeune André que l’événement déclencheur d’une « angoisse inexprimable [...]. On eût dit que brusquement s’ouvrait l’écluse particulière de je ne sais quelle commune mer intérieure inconnue dont le flot s’engouffrait démesurément dans mon c¦ur » [9]. Le 28 octobre, brutalement emporté par une tuberculose intestinale, Paul Gide meurt et André, perdant ce père doux et un peu effacé dans son foyer, pour qui il avait éprouvé « une vénération un peu craintive », se retrouve seul avec sa mère, femme fort intelligente, cultivée, ouverte à la pensée vivante et libre, mais d’un rigorisme religieux, moral et puritain qui marquera profondément l’enfance et l’adolescence de son fils. Il quitte l’École Alsacienne pour passer l’hiver à Rouen, rue de Crosne, où il a de violentes crises d’angoisse : « Je ne suis pas pareil aux autres ! » Printemps 1881 à La Roque, où Mme Gide fait venir un précepteur, M. Bonnard, « tout jeune gandin [...], myope et niais »... En octobre, Mme Gide et son fils s’installent à Montpellier, près des Charles Gide ; André va au lycée, où il souffre de la brutalité de ses camarades ; il tombe malade, a des crises nerveuses à demi simulées : on l’envoie en traitement à Lamalou-le-Haut, puis à Gérardmer (mai et juillet 1882). Après l’été 1882 passé à La Roque, puis une nouvelle cure à Lamalou, il rentre à l’École Alsacienne (en cinquième)... que des maux de tête lui font quitter un mois plus tard pour Rouen. C’est fin décembre 1882 que se situe le « Schaudern » de la rue de Lecat, Gide ayant la révélation, par hasard, à la fois de l’inconduite de sa tante Mathilde et de la souffrance secrète de sa cousine Madeleine [11] : c’est à cette époque qu’il prend peu à peu conscience de son amour pour celle-ci, l’aînée des six enfants de son oncle Émile Rondeaux (il a alors treize ans ; elle, née le 7 février 1867, presque seize), et qu’il a toujours préférée à ses soeurs Jeanne et Valentine. La découverte du douloureux secret de Madeleine exalte son sentiment : « Que dirai-je de plus ?... J’avais erré jusqu’à ce jour à l’aventure ; je découvrais soudain un nouvel orient à ma vie » [12]. Après avoir terminé l’hiver sur la côte d’Azur, Gide rentre à Paris, demi-pensionnaire à Passy, chez M. Henry Bauer (M. Richard dans Si le grain ne meurt) qui lui fait lire Amiel, dont les Fragments d’un journal intime viennent de paraître : cette lecture incite le jeune garçon à tenir lui-même un journal. L’été 1883, à La Roque, il se lie d’amitié avec un fils de pasteur pauvre, Émile Ambresin (Armand Bavretel dans Si le grain ne meurt, Armand Vedel dans Les Faux-Monnayeurs). En janvier 1884, l’épisode du canari tombé du ciel affermit sa foi en sa « vocation d’ordre mystique » : « N’as-tu donc pas compris que je suis élu ? » dit-il à sa mère [13]. Avec son ami François de Witt-Guizot, il fait, durant l’été 1885 à La Roque, de ferventes lectures mystiques ; il commence à correspondre régulièrement avec sa cousine Madeleine, comme elle il lit avec enthousiasme Homère et les tragiques grecs, et boit « à pleine Bible ». C’est l’époque ardente de sa première communion. En octobre 1887, Gide entre en rhétorique à l’École Alsacienne, où il a pour camarade Pierre Louis (le futur Pierre Louÿs, auteur des Chansons de Bilitis et d’Aphrodite) ; découverte de Goethe. L’année suivante, il entre en philosophie au lycée Henri-IV (où il se lie avec son condisciple Léon Blum) qu’il quitte à la fin du premier trimestre pour travailler seul ; sa principale lecture philosophique est celle de Schopenhauer dont Le Monde comme volonté et comme représentation vient de paraître dans la traduction de Burdeau. Louÿs, élève à Janson-de-Sailly, lui présente ses camarades Marcel Drouin (qui deviendra le beau-frère de Gide en 1897), Maurice Quillot (futur dédicataire des Nourritures terrestres), Maurice Legrand (futur Franc-Nohain)... En cette année 1888, une séparation juridique consacre la rupture des parents de Madeleine. Gide est bachelier en juillet 1889 (contrairement à ce qu’affirme Si le grain ne meurt, de manière erronée, qui situe le succès à la seconde session, en novembre). Pour fêter ce succès et sa liberté, il effectue un voyage en Bretagne, — presque seul, sa mère le suivant à une étape de distance... Quoique décidé à se consacrer à la littérature, il s’inscrit en Sorbonne pour préparer une licence, mais c’est surtout pour bénéficier d’un sursis. Lecture enthousiaste d’Un Homme libre de Barrès ; il commence à fréquenter certains cercles et salons littéraires. Le ler mars 1890 meurt Émile Rondeaux, qu’André Gide et Madeleine veillent ensemble : « Il me semblait que s’étaient consacrées nos fiançailles. » DÉBUTS LITTÉRAIRES (1890-1895) En juin 1890, Gide s’isole dans un chalet au bord du lac d’Annecy (à Menthon-Saint-Bernard), pour écrire le livre où il verse de nombreuses pages de son propre journal intime : Les Cahiers d’André Walter, qui devaient être non seulement la « somme » de sa jeunesse mais aussi « une longue déclaration, une profession d’amour » adressée à sa cousine. Fin août, il les lit à son cousin le peintre Albert Démarest puis les publie (à compte d’auteur) chez Perrin, « l’éditeur d’Un Homme libre ». Le livre paraît au début de 1891 ; succès nul, mais le nom de Gide s’impose à l’attention des lettrés et de la jeune génération d’écrivains. En décembre 1890 à Montpellier, il a fait la connaissance d’un jeune poète, Paul Valéry : une profonde et durable amitié naît entre eux. Au cours de la soirée du 8 janvier 1891, à Arcachon, Madeleine refuse le mariage, la famille manifestant d’ailleurs son opposition. Rencontre de Barrès, qui, au « banquet Moréas » du 2 février, présente Gide à Mallarmé ; Gide devient aussitôt un des familiers des fameux Mardis de la rue de Rome. Il découvre Laforgue, va voir Maeterlinck à Gand, se préoccupe d’« une dizaine d’amitiés »... L’été, à La Roque, il lit Flaubert et Virgile, écrit Le Traité du Narcisse et Les Poésies d’André Walter. En novembre, il rencontre Oscar Wilde à Paris : jours de dissipation. Janvier-février 1892 : lecture intensive de Balzac (un roman par jour) ; au printemps, séjour à Munich, où il découvre Wagner, lit Goethe et Renan. En été, voyage en Bretagne avec Henri de Régnier ; il écrit Le Voyage d’Urien. 15-22 novembre, service militaire à Nancy (réformé pour tuberculose : « Homme instruit, au front bombé, pouvant se rendre utile à la patrie plutôt par ses études que par son service militaire »). 1893. Lectures d’Ibsen. Pâques à Séville avec sa mère. Un ami, Eugène Rouart, lui fait connaître un jeune poète béarnais : Francis Jammes ; c’est le début d’une longue amitié, d’une longue correspondance. En juin-juillet, Gide écrit La Tentative amoureuse. Le 18 octobre, accompagnant Paul-Albert Laurens (fils du peintre Jean-Paul Laurens, dont Albert Démarest avait été l’élève), il s’embarque à Marseille pour l’Afrique du Nord : « Je ne dis pas adieu au Christ sans une sorte de déchirement ... » [14]. À Tunis, puis à Sousse, Gide est malade : un mauvais rhume qu’il a pris à Paris ne guérit pas, se transforme en primo-infection ; pendant plus d’un an il sera d’une extrême fragilité et devra prendre les plus grandes précautions pour restaurer sa santé. À Sousse, en novembre, il découvre le plaisir sensuel avec le jeune Ali. En janvier, Gide et Laurens s’installent à Biskra, dans l’ancienne Maison des Pères Blancs ; une Oulad Naïl, Mériem ben Atala, initie Gide dans le lit de feu le cardinal Lavigerie. Inquiète de la santé de son fils, Mme Paul Gide, subitement arrivée à Biskra le 7 février, surprend les visites de la courtisane ; scène pénible [15]. Retour en Europe au printemps 1894 : Malte, Syracuse, Rome (où, continuant à préparer le livre dont il a écrit les premiers fragments dès le début de son voyage, Les Nourritures terrestres, il en commence toutefois le « négatif » : Paludes), Florence (rencontre de Wilde et de son ami « Bosie » : Lord Alfred Douglas), Genève : consultation du Dr Andreae, qui l’envoie prendre des bains froids à Champel (à Louÿs et Ferdinand Hérold, venus le voir en allant à Bayreuth, il lit la Ronde de la Grenade, et les envoie à Biskra, où Louÿs terminera ses Chansons de Bilitis auprès de Mériem). Il passe, début août, quelques jours à La Roque, puis revient en Suisse : Lausanne, Neuchâtel (« un mois de bonheur »), s’établit pour l’hiver dans la solitude rude et froide de La Brévine ou, quoique hanté par les souvenirs de Biskra, il termine Paludes (publié en 1895). Janvier 1895, jours de marasme à Montpellier ; le 22, Gide débarque à Alger. Blidah, où il revoit Wilde et Douglas (épisode décisif du « petit musicien »), puis Biskra, « Bosie » accompagnant Gide, dont la révolte éclate dans la correspondance avec sa mère. Il arrête le titre de ses Nourritures et projette d’écrire un Christianisme contre le Christ. En avril, il rentre à Paris au chevet de sa mère malade ; avec l’assentiment de celle-ci, il revoit Madeleine. C’est sans doute à cette époque que Gide rencontre pour la première fois Paul Claudel, chez Marcel Schwob ; tous deux fréquentaient chez Mallarmé. L’AFFIRMATION (1895-1914) 31 mai 1895, mort de Mme Paul Gide ; « je sentis s’abîmer tout mon être dans un gouffre d’amour, de détresse et de liberté » [16]. Le 17 juin, fiançailles de Gide avec sa cousine Madeleine : « Je n’ai pas peur de la mort, lui écrit-elle le 27, mais j’ai peur du mariage »). Juillet-août, « difficiles fiançailles » à La Roque. Gide consulte un médecin qui lui affirme que ses goûts homosexuels disparaîtront d’eux-mêmes avec le mariage. Les 7 et 8 octobre, mariage d’André et de Madeleine à la mairie de Cuverville et au temple d’Étretat. Voyage de noces (octobre 1895-mai 1896) : Montpellier, Neuchâtel, Saint-Moritz (où Gide écrit le Récit de Ménalque) ; Gide a alors la révélation de son impuissance devant sa femme. En Italie : Florence et les gracieuses statues de ses musées, Rome (rencontres avec d’Annunzio), Tunis, El Kantara, Biskra (où les rejoint Francis Jammes), Touggourt. À son retour à La Roque, en mai 1896, Gide apprend qu’il en a été élu maire ; plus jeune maire de France, il prendra sa tâche à c¦ur. Il écrit El Hadj, publié dans Le Centaure en septembre. En mars 1897, le ménage s’installe 4, boulevard Raspail. En mai, séjour en Suisse. Gide commence une collaboration à L’Ermitage qui durera jusqu’en 1906 ; il publie des Réflexions sur quelques points de littérature et de morale et Les Nourritures terrestres. Il lie amitié avec un poète médecin, joyeux vivant et fin lettré : le docteur Vangeon (en littérature, Henri Ghéon). Le 14 septembre, son ami Marcel Drouin, ancien Normalien agrégé de philosophie, épouse la belle-soeur et cousine de Gide, Jeanne Rondeaux. Gide publie, dans L’Ermitage de février 1898, sa chronique À propos des « Déracinés » [17] : « Né à Paris d’un père uzétien et d’une mère normande, où voulez-vous, Monsieur Barrès, que je m’enracine ? ». Après la publication dans L’Aurore du 2 janvier 1898, du J’accuse de Zola, il se range parmi les Dreyfusards, mais sans action publique. Il travaille à Saül et au Prométhée mal enchaîné. Janvier-mai : voyage avec Madeleine, en Italie (Rome et le petit appartement de la Piazza Barberini : Gide y laisse sa femme seule, pour chercher son plaisir avec de jeunes garcons qui se proposent comme modèles pour photographies « académiques » : « Un démon m’habitait ... » [18]) et au Tyrol. Au printemps 1899, second voyage du ménage Gide en Algérie ; publication du Prométhée mal enchaîné, de Philoctète, d’El Hadj et de Feuilles de route. De Paris Gide et, de Chine, Claudel entament une correspondance qui durera quinze ans. Le 29 mars 1900, à Bruxelles, il prononce une conférence publiée peu après, De l’influence en littérature. En avril, séjour des Gide à Orthez chez Francis Jammes. Publication des Lettres à Angèle, chroniques parues dans L’Ermitage tandis que Gide succède à Léon Blum comme critique à La Revue blanche. Vente (au peintre Manguin) du château de La Roque. En décembre, nouveau voyage en Algérie, où Madeleine et André retrouvent à Biskra le vieux compagnon Henri Ghéon. En 1901, Gide publie Le Roi Candaule (représenté le 9 mai à l’OEuvre de Lugné-Poe) et Les Limites de l’art (conférence non prononcée) ; il achève L’Imrnoraliste (publié en 1902). Les années 1902-1907 sont une période creuse, un « passage à vide » dans la vie de Gide. En juillet-août 1903, il voyage en Allemagne (Weimar) ; en octobre, parti seul pour l’Algérie, il s’y fait rejoindre par Madeleine. Il publie Saül (écrit en 1897-98), De l’importance du public (conférence faite à la Cour de Weimar le 5 août), Prétextes et Oscar Wilde. En 1904, Gide entre au Comité de rédaction de L’Ermitage et publie sa conférence De l’évolution du théâtre (prononcée à Bruxelles le 25 mars). 1905 est l’année où Jammes se convertit au catholicisme, instruit par Claudel, lequel reprend également contact avec Gide à qui il écrit le 7 novembre : « Puisse cette fête de Noël [...] ne point se passer sans que j’aie la joie de rompre avec un frère le pain des Anges et des Forts. » 1906 : publication d’Amyntas ; emménagement dans l’étrange maison que Gide s’est fait construire dans la Villa Montmorency, à Auteuil. Janvier 1907 : bref voyage à Berlin avec le peintre ami Maurice Denis ; il écrit en quinze jours Le Retour de l’Enfant prodigue. 1908 : Dostoïevsky d’après sa correspondance. Avec Jacques Copeau, Jean Schlumberger, Michel Arnaud (Marcel Drouin), Henri Ghéon, Eugène Montfort (directeur des Marges), Gide fonde La Nouvelle Revue Française, dont le premier numéro paraît en novembre 1908 ; violent désaccord avec Montfort, qui a inséré, à l’insu de Gide et de ses amis, une chronique hostile à Mallarmé : Montfort et son groupe quittent la revue, et un nouveau « n° 1 » sort en février 1909, où débute la publication de La Porte étroite. La N. R. F. deviendra vite et restera jusqu’à la Seconde Guerre mondiale la plus importante revue littéraire française. En août a lieu la première des « Décades de Pontigny » fondées par Paul Desjardins ; Gide et ses amis en sont des participants et des inspirateurs fidèles. 1911, Gide travaille aux Caves du Vatican ; La N.R.F. fonde sa propre maison d’édition, dirigée par Gaston Gallimard. Publication d’Isabelle, de C. R. D. N. (première version de Corydon tirée à 12 exemplaires), des Nouveaux Prétextes, de Charies-Louis Philippe et, dans La N.R.F. de juillet, de la traduction de fragments des Cahiers de Malte Laurids Brigge de Rilke (avec lequel Gide est en termes d’amitié depuis deux ou trois ans et qui traduira lui-même en allemand Le Retour de l’Enfant prodigue). En proie à une véritable crise de neurasthénie, Gide part, en mars 1912, pour Tunis, mais s’arrête à Marseille, oblique sur Florence, rejoint à Pise Henri Ghéon, avec qui il mène, « dix jours durant, une prodigieuse vie irracontable » [19]. En mai, il est juré à la Cour d’Assises de Rouen. Publication de Bethsabé (écrit en 1902). En décembre, séjour (seul) en Angleterre. En 1913, la N.R.F. publie sa traduction du Gitanjali de Rabindranath Tagore (L’Offrande lyrique) ; octobre, ouverture du Vieux-Colombier, « annexe » théâtrale de la N.R.F., fondée par Jacques Copeau ; novembre : Gide fait la connaissance de celui qui sera son « grand ami » jusqu’à la mort, le jeune auteur de Jean Barois, Roger Martin du Gard. Le 2 mars 1914, Claudel, scandalisé par un passage « pédérastique » des Caves du Vatican publié dans La N.R.F., écrit à Gide, de Hambourg, une « lettre comminatoire », l’adjurant de supprimer cette page : après un échange de nombreuses, longues et véhémentes correspondances, Gide et Claudel rompent, pratiquement pour toujours. Avril-mai, voyage avec Ghéon en Italie, Grèce et Turquie — mais Gide renonce à pousser jusqu’à Bagdad. CRISE ET EPANOUISSEMENT (1914-1925) Peu après le début de la guerre, il consacre tout son temps, aux côtés de Charles Du Bos et de la femme du peintre belge Théo Van Rysselberghe (il est lié d’amitié avec les Van Rysselberghe depuis une quinzaine d’années), à une oeuvre d’aide aux réfugiés des territoires français et belges envahis par les Allemands, le Foyer Franco-Belge. Publication des Souvenirs de la Cour d’Assises et des Caves du Vatican. Gide traverse en 1915-16 une crise religieuse, d’où sortiront les méditations de Numquid et tu... ?. Henri Ghéon se convertit au catholicisme, tandis que Madeleine semble aussi peu à peu se rapprocher de l’Église romaine ; en mai 1916, elle ouvre une lettre adressée du front par Ghéon à Gide, lettre qui lui en apprend beaucoup sur les moeurs et le passé de son mari... Après vingt années heureuses de mariage, première altération du bonheur du couple. Gide travaille à Corydon et à ses mémoires. En décembre, dans le train qui les ramène des funérailles de Verhaeren, Gide fait passer à Élisabeth Van Rysselberghe (fille des Théo et alors âgée de vingt-six ans) un billet lui disant qu’il aimerait avoir un enfant d’elle... Début de la liaison amoureuse de Gide avec Marc, seize ans, fils du vieil ami de la famille le pasteur Allégret ; Gide et Marc font, en août 1917, un séjour en Suisse. Composition des premiers fragments des Nouvelles Nourritures. En 1918, traduction du Typhon de Conrad et d’oeuvres choisies de Walt Whitman. Le 18 juin, Gide part avec Marc pour un séjour de quatre mois en Angleterre : « ... l’océan de mon bonheur... » ; le 21 novembre, à Cuverville, il apprend de Madeleine que, sitôt après son départ pour l’Angleterre, elle a détruit toutes les lettres qu’il lui avait écrites depuis leur jeunesse : « Je souffre comme si elle avait tué notre enfant... Peut-être n’y eut-il jamais plus belle correspondance ... » [20]. Longs mois d’abattement. En 1919, Gide publie La Symphonie pastorale et un fragment de ce Traité des Dioscures longtemps projeté mais jamais achevé, Considérations sur la Mythologie grecque ; il commence Les Faux-Monnayeurs ; il salue (dans La N.R.F. qui reparaît sous la direction de Jacques Rivière, après l’interruption de la guerre) la naissance de Dada et les premiers pas du Surréalisme. 1920-21. Par fragments dans La N.R.F. d’abord, puis en deux volumes tirés à 13 exemplaires, Gide publie Si le grain ne meurt. Amitié de plus en plus étroite avec Martin du Gard : ils se lisent Les Faux-Monnayeurs et Les Thibault au fur et à mesure de leur composition, et se conseillent l’un l’autre. En 1921, Gide prépare soigneusement et publie des Morceaux choisis (NRF) et des Pages choisies (pour la « Bibliothèque de l’Adolescence » de l’éditeur Crès). Début des violentes campagnes d’Henri Béraud, puis d’Henri Massis, contre Gide et ses amis de La N.R.F., les « longues figures ». 1922. Gide donne six conférences sur Dostoïevski au Vieux-Colombier (février-mars), publie Numquid et tu... ? et une traduction du Mariage du Ciel et de l’Enfer de William Blake. Le 16 juin, première de Saül au Vieux-Colombier avec Copeau et Louis Jouvet. Il passe l’été sur la côte d’Azur avec les Van Rysselberghe. 18 avril 1923, naissance à Annecy de Catherine, fille d’Élisabeth Van Rysselberghe et d’André Gide (qui l’adoptera après la mort de sa femme, en 1938) ; invité par Lyautey, Gide voyage alors au Maroc avec Paul Desjardins et Pierre Hamp. Il publie son Dostoïevsky remanié et complété, et la traduction qu’il a faite avec Jacques Schiffrin de La Dame de pique de Pouchkine. En 1924, Incidences, et l’édition courante et complète de Corydon. 1925. Gide succède à Anatole France à la Royal Society of Literature de Londres (qui le rayera de ses membres au moment de son adhésion au communisme). Après avoir vendu une grande partie de sa bibliothèque et sa villa d’Auteuil, et terminé son roman, il s’embarque le 14 juillet avec Marc Allégret qui en rapportera un film, pour un long voyage au Congo et au Tchad ; chargé de mission par le gouvernement, il fera à son retour un rapport sur les grandes compagnies concessionnaires, qui déclenchera une enquête administrative et un débat à la Chambre. À Yoko le 1er mai 1926 peu de jours avant son retour en France, il note : « Quelques éreintements des Faux-Monnayeurs m’apprennent que le livre enfin a paru . » [21]. En 1926, paraissent également le Journal des « Faux-Monnayeurs », la première Lettre sur les faits-divers (Gide a ouvert une rubrique « Faits-Divers » dans La N.R.F.), l’édition courante de Si le grain ne meurt. LE CONTEMPORAIN CAPITAL (1925-1940) Au faîte de sa gloire, « contemporain capital » (André Rouveyre), Gide ne publie que quelques minces plaquettes et le Voyage au Congo (1927). Mais, depuis son retour d’Afrique, une grande part de son activité est consacrée à dénoncer les exactions des grandes compagnies et du système colonial. Après la mort de Théo Van Rysselberghe, il vit désormais en étroite familiarité avec « Mme Théo », la « Petite Dame », leurs appartements parisiens du 1 bis, rue Vaneau, étant sur le même palier, — le sien, ouvert à tout un chacun, était celui d’un homme en perpétuelle instance de départ... Madeleine ne quitte presque plus Cuverville. Nombreux voyages : Alger (janvier 1929), Allemagne (avril-mai 1930), Tunisie (novembre-décembre 1930), Berlin (juillet 1931), etc. Autre converti parmi les vieux amis de Gide, Charles Du Bos publie en 1929 Le Dialogue avec André Gide, commencé dans l’enthousiasme et la ferveur, achevé en critique rigoureuse (Mme Théo dit à Gide : « Il fait son salut sur votre dos »). 1928 : Le Retour du Tchad ; 1929 : L’École des femmes, Essai sur Montaigne ; 1930 : Robert, La Séquestrée de Poitiers, L’Affaire Redureau (ces deux derniers volumes dans une collection que Gide fonde à la NRF : « Ne jugez pas »), OEdipe, et le début de sa traduction d’Hamlet ; 1931 : Notes sur Chopin (dans la Revue musicale), préface à Vol de nuit et Divers (qui rassemble des plaquettes précédemment parues : Caractères, Dictées, Un Esprit non prévenu et Lettres). En 1932, la NRF commence la publication des ‘uvres complètes d’André Gide, dont le tome XV paraîtra en 1939. Gide s’intéresse alors de plus en plus à l’effort politique et social de l’U. R. S. S. ; depuis la guerre et son activité au Foyer Franco-Belge, depuis surtout son voyage en Afrique équatoriale, il s’ouvre aux questions sociales. À partir de juin 1932, il donne à La N.R.F. des Pages de journal où il marque sa sympathie grandissante pour le communisme et l’Union Soviétique. Le 7 juillet, il envoie son adhésion au Congrès mondial contre la guerre, dont l’idée a été lancée par Romain Rolland et qui se tiendra en août à Amsterdam. En juin-juillet 1933, Les Caves du Vatican paraissent en feuilleton dans L’Humanité. Le 4 janvier 1934, Gide et Malraux vont à Berlin réclamer à Goebbels la libération de Dimitrov et des autres communistes bulgares. Après les émeutes fascistes du 6 février à Paris, Gide entre au Comité de vigilance des intellectuels antifascistes. Voyages : en Europe centrale (Karlovy-Vary, Prague, Ascona — juillet-août 1934), au Maroc avec Jef Last, via l’Espagne (mars-avril 1935), à Dakar et en Afrique occidentale (février-avril 1936)... Il publie des traductions (Second Faust, 1932 ; Arden de Feversham, 1933 ; La Vie et la Mort de mon frère Rudolph de L. Tureck, 1934 ; Récits de Pouchkine, 1935) et Les Nouvelles Nourritures (1935). 23 janvier 1935, débat à l’« Union pour la vérité » : André Gide et notre temps (autour de Gide : Massis, Fernandez, Maritain, Gabriel Marcel, etc.). Les 21-25 juin, Gide préside avec Malraux le premier Congrès international des écrivains pour la défense de la culture. Le 6 janvier 1936, Gide et d’autres intellectuels contraignent le gouvernement grec à libérer, parmi les 2 000 déportés politiques des îles, les écrivains Varnalis et Glincos. Le 17 juin 1936, alors que le gouvernement de Front populaire de Léon Blum vient de s’installer à Paris, Gide, invité par le gouvernement soviétique, s’embarque pour un séjour en U. R. S. S. avec Pierre Herbart, Louis Guilloux, Eugène Dabit et Jacques Schiffrin. En arrivant, il prononce sur la place Rouge son « Discours pour les funérailles de Maxime Gorki » (20 juin). La mort subite de Dabit, le 21 août à Sébastopol, fait rentrer précipitamment Gide et Herbart à Paris. En novembre, Gide publie Retour de l’U. R. S. S. qui a aussitôt un immense retentissement ; 1936 est également l’année de la publication de Geneviève, troisième volet (inachevé) de L’École des femmes. En décembre, Gide signe la Déclaration des intellectuels républicains contre la politique de non-intervention en Espagne. En juin 1937, la publication des Retouches à mon « Retour de l’U. R. S. S. consacre la rupture de Gide avec le communisme. Janvier-mars 1938, nouveau voyage en Afrique occidentale. 17 avril (dimanche de Pâques) : mort de Madeleine. « Je compris aussitôt que, l’ayant perdue, c’en était fait de ma raison d’être, et je ne savais plus pourquoi je vivais »... [22]. Il commence à écrire Et nunc manet in te (repris en février 1939, en Égypte). Au début de 1939, voyage au Proche-Orient (Grèce, Égypte) et au Sénégal ; il publie dans la « Bibliothèque de la Pléiade » son Journal 1889-1939 (deux volumes de Pages de journal 1929-32 et de Nouvelles Pages de journal 1932-35 avaient paru en 1934 et 1936). L’EXIL ET LE RETOUR (1940-1951) Pendant la guerre, sensible à tout ce qui devait, en France, « nous conduire, les yeux bandés, à la défaite », il ne goûte guère les flatus vocis patriotiques de la radio et trouve « admirable », le 14 juin 1940, l’allocution où le maréchal Pétain déplore que « l’esprit de jouissance l’ait emporté sur l’esprit de sacrifice » ; mais après l’armistice, il note qu’il a entendu « avec stupeur » l’allocution du 23 juin : « Comment, ajoute-t-il, ne pas donner de tout coeur son adhésion à la déclaration du général de Gaulle ? », Gide est en zone libre, dans le Midi (en particulier à Cabris, près de Grasse, dans la propriété de sa vieille amie Mme Mayrisch, puis à Nice, chez ses amis Simon Bussy). Le 3 septembre 1943, il écrira : « Je ne me donne pas pour plus valeureux que je n’étais : ce n’est que vers mars 41 que je commençai à relever un peu la tête et repris coeur. Certain livre de Chardonne que je lus alors y servit, par opposition, et agit sur mon esprit à la manière d’un réactif . » Le 30 mars 1941, il se retire de La N.R.F., entraînée par Drieu La Rochelle dans la collaboration. Il publie Découvrons Henri Michaux, texte d’une conférence que les Légionnaires l’avaient empêché de prononcer le 21 mai à Nice. Le 4 mai 1942, Gide s’embarque pour Tunis. Il habite la villa des Théo Reymond, dont le fils François (Victor du Journal), auquel s’intéresse Gide, écrira dix ans plus tard un scandaleux Envers du « Journal » de Gide. Le 27 mai 1943, Gide quitte Tunis pour Alger, où il habite chez ses amis Heurgon et où il dîne, le 25 juin, avec le général de Gaulle. Il publie aux éditions Charlot à Alger Interviews imaginaires et Attendu que... en 1943, Pages de Journal 1939-42 en 1944, ainsi que sa traduction de Hamlet. Rentrée à Paris (mai 1945). Décembre 1945-avril 1946, voyage en Égypte et au Liban (le 12 avril, conférence, publiée à Beyrouth même : Souvenirs littéraires et problèmes actuels). Catherine Gide épouse Jean Lambert (août). Grand succès du film de Jean Delannoy, La Symphonie pastorale. Gide publie Thésée. Avec Jef Last, Gide assiste à Munich au Congrès de la jeunesse et il y prend la parole (juin). Il publie (à 13 exemplaires, pour fixer le texte d’un ouvrage qu’il veut posthume) Et nunc manet in te ; des plaquettes : Paul Valéry, Poétique, L’Arbitraire, et l’adaptation théâtrale qu’il a faite avec Jean-Louis Barrault du Procès de Kafka. Il reçoit, en juin le grade de Docteur honoris causa d’Oxford et, en novembre, le prix Nobel de littérature. En 1948 paraissent principalement sa Correspondance avec Francis Jammes et la farce qu’il a tirée de sa sotie, Les Caves du Vatican. Il travaille avec Pierre Herbart et Marc Allégret à une adaptation cinématographique d’Isabelle. En 1949, malgré sa santé très chancelante (début de congestion cérébrale en février, forte crise hépatique en mai qui le fait hospitaliser, insomnies, faiblesse cardiaque...), Gide enregistre à la Radio trente-quatre entretiens avec Jean Amrouche, publie Robert ou l’lntérêt général (comédie en cinq actes d’abord laborieusement écrite en 1934-36, au temps de la lune de miel avec le Parti communiste, « pièce nettement tendancieuse » au dire de son auteur et qui fut traduite en russe, puis complètement refaite en 1938-40 sans que d’ailleurs le résultat final le satisfît...) ; Feuillets d’automne ; Correspondances avec Paul Claudel et avec Charles Du Bos ; il réunit des textes de 1930-1937 sous le titre de Littérature engagée et termine son Anthologie de la poésie française qui paraît dans la « Bibliothèque de la Pléiade ». Nicole Vedrès tourne La Vie commence demain, film centré autour de Gide, Le Corbusier, Sartre, Jean Rostand. L’année suivante Marc Allégret réalisera Avec André Gide [23]. En février 1950, Gide s’installe à « l’Oiseau Bleu », la villa de Florence Gould à Juan-les-Pins ; voyage en Italie (avril-juillet). Il rentre à Paris le 13 septembre, assiste aux répétitions des Caves du Vatican au Théâtre-Français, où la première a lieu le 13 décembre, véritable apothéose. Il a, en 1950, publié son Journal 1942-1949 et laissé courir sa plume pour écrire Ainsi soit-il ou les Jeux sont faits (qui paraîtra en 1952). Lundi 19 février 1951, 22 h 20 : André Gide meurt à Paris, 1 bis, rue Vaneau, d’une congestion pulmonaire. La dernière phrase qu’il ait écrite : « Ma propre position dans le ciel, par rapport au soleil, ne doit pas me faire trouver l’aurore moins belle . » Ses dernières paroles : « J’ai peur que mes phrases ne deviennent grammaticalement inexactes » — « C’est toujours la lutte entre le raisonnable et ce qui ne l’est pas »... Au scandale de plusieurs dont Martin du Gard, un pasteur bénit l’inhumation au cimetière de Cuverville (22 février). Peu après la mort de Gide paraît l’édition courante d’Et nunc manet in te, puis, en novembre, l’Hommage à André Gide de La N. R. F. ressuscitée (il lui avait été interdit de reparaître à la Libération, et elle ne renaîtra vraiment qu’en 1953). Le 24 mai 1952, un décret de la Suprema Sacra Congregatio Sancti Officii inscrit « Andreae Gide opera omnia » dans l’Index librorum prohibitorum. BIBLIOGRAPHIE* Les Cahiers d’André Walter. L’Art indépendant, 1891. (Originale : Didier-Perrin, mise en vente : 27 février 1891, détruite. 2me édition : pas d’achevé d’imprimer, mise en vente : 25 avril 1891). Le Traité du Narcisse. L’Art indépendant, 1891 (Pas d’achevé d’imprimer ; préoriginale dans Entretiens politiques et littéraires, 1er janvier 1892, pp. 20-28). * Les Poésies d’André Walter. L’Art indépendant, 1892 (Achevé d’imprimer : 14 avril 1892). Le Voyage d’Urien. L’Art indépendant, 1893 (Achevé d’imprimer : 25 mai 1893) La Tentative amoureuse. L’Art indépendant, 1893 (Pas d’achevé d’imprimer). Paludes. L’Art indépendant, 1895 (Achevé d’imprimer : 5 mai 1895). Réflexions sur quelques points de littérature et de morale. Mercure de France, 1897 (Achevé d’imprimer : 30 avril 1897) Les Nourritures terrestres. Mercure de France, 1897 (Pas d’achevé d’imprimer). Feuilles de route 1895-1896. SLND [Bruxelles, 1897] (Pas d’achevé d’imprimer. [Mi-septembre 1897]). Le Prométhée mal enchaîné. Mercure de France, 1899 (Achevé d’imprimer : 5 juin 1899). Philoctète. El Hadj. Mercure de France, 1899 (Pas d’achevé d’imprimer). Lettres à Angèle. Mercure de France, 1900 (Pas d’achevé d’imprimer) De l’Influence en Littérature. L’Ermitage, 1900 (Conférence donnée le 29 mars 1900 ; préoriginale dans L’Art moderne, 8 avril 1900, pp. 111-112). Le Roi Candaule. La Revue Blanche, 1901 (Achevé d’imprimer : 1er mars 1901). Les Limites de l’Art. L’Ermitage, 1901 (Pas d’achevé d’imprimer ; préoriginale dans L’Ermitage, août 1901, pp. 85-95). * L’Immoraliste. Mercure de France, 1902 (Achevé d’imprimer : 20 mai 1902) Saül. Mercure de France, 1903 (Pas d’achevé d’imprimer ; préoriginale dans La Revue Blanche, 15 juin 1898, pp. 283-303 ; Revue d’art dramatique, mai 1901, pp. 362-368 [IIe acte]). De l’Importance du Public. L’Ermitage, 1903 (Conférence donnée à Weimar, le 5 août 1903 ; achevé d’imprimer : novembre 1903). Prétextes. Mercure de France, 1903 (Pas d’achevé d’imprimer). * Amyntas. Mercure de France, 1906 (Pas d’achevé d’imprimer). * Le Retour de l’Enfant prodigue. Vers et Prose, 1907 (Pas d’achevé d’imprimer. Tirage à part de Vers et Prose, mars-avril-mai 1907, pp. 5-28) * Dostoïevsky d’après sa correspondance. Jean et Berger, 1908 (Pas d’achevé d’imprimer. Tirage à part de La Grande Revue, 25 mai 1908, pp. 243-248) * La Porte étroite. Mercure de France, 1909 (Achevé d’imprimer : 12 juin 1909) Oscar Wilde. Mercure de France, 1910 (Achevé d’imprimer : 10 février 1910) Nouveaux Prétextes. Mercure de France, 1911 (Achevé d’imprimer : 10 février 1910). Charles-Louis Philippe. Figuière, 1911 (Achevé d’imprimer : 24 avril 1911 C.R.D.N., 1911) Achevé d’imprimer : 22 mai 1911 ; tirage limité à 12, 20 ou 22 exemplaires, selon les sources. [Dialogues I, II et premier tiers du IIIe de Corydon]. * Isabelle. NRF, 1911 (Achevé d’imprimer : 29 mai 1911, détruite et suivie de l’originale : achevé d’imprimer : 20 juin 1911) * Bethsabé. L’Occident, 1912 (Pas d’achevé d’imprimer) Souvenirs de la Cour d’Assises. NRF, 1914 (Achevé d’imprimer : 6 janvier 1914) * Les Caves du Vatican. NRF, 1914 (Achevés d’imprimer : t. I : 15 avril 1914 ; t. II : 25 avril 1914) * La Symphonie pastorale. NRF, 1919 (Achevé d’imprimer : 15 décembre 1919) Corydon, 1920 (Edition augmentée et hors commerce : achevé d’imprimer : 5 mars 1920. Voir la précédente : C.R.D.N. en 1911, et la suivante en 1924). Morceaux choisis. NRF, 1921 (Achevé d’imprimer : 8 novembre 1921). Pages choisies. Crès, 1921 (Achevé d’imprimer : 12 novembre 1921) Numquid et tu... ? SLND [Bruges, 1922] (Edition hors commerce : achevé d’imprimer : 30 mars 1922) * Dostoïevsky. Plon, 1923 (Achevé d’imprimer : 13 juin 1923) Incidences. NRF, 1924 (Achevé d’imprimer : 8 avril 1924) * Corydon. NRF, 1924 (Achevé d’imprimer : 7 janvier 1924 ; mise en vente : mai 1924. Mais voir aussi la lettre à D. Bussy, du 25 juin (Corr., Cahiers André Gide 9, p. 469), qui paraît repousser cette sortie à juin. « Il s’en vend (du moins il s’en vendait entre le 20 juin et le 10 juillet) une moyenne de 150 par jour », écrit Gide à J. Schlumberger, le 19 juillet 1924 (dans leur Corr., p. 783). Cette édition fait suite à celles de 1911 et 1920) Caractères. La Porte étroite, 1925 (Achevé d’imprimer : 5 février 1925). * Les Faux-Monnayeurs. NRF, 1925 (Achevé d’imprimer : 28 novembre 1925 ; mise en vente : février 1926) * Si le grain ne meurt. NRF, 1926 (1924, mais mise en vente : octobre 1926) * Le Journal des Faux-Monnayeurs. Éos, 1926 (Achevé d’imprimer : 10 novembre 1926) Dindiki, 1927 (Pas d’achevé d’imprimer ; préoriginale dans Commerce, cahier IX, automne 1926, pp. 41-59). Voyage au Congo. NRF, 1927 (Achevé d’imprimer : 10 juin 1927 ; préoriginale dans La N.R.F., 1er novembre 1926, pp. 562-580 ; 1er décembre 1926, pp. 27-65 ; 1er janvier 1927, pp. 65-109 ; 1er février 1927, pp. 180-220 ; 1er mars 1927, pp. 156-202:1er avril 1927, pp. 477-514) Le Retour du Tchad. NRF, 1928 (Achevé d’imprimer : 24 mars 1928 ; préoriginale dans Revue de Paris, 15 octobre 1927, pp. 721-732 pour : « La Détresse de notre Afrique équatoriale » ; La N.R.F., 1er décembre 1927, pp. 723-746 ; 1er janvier 1928, pp. 28-54 ; 1er février 1928, pp. 177-205) * L’Ecole des femmes. NRF, 1929 (Achevé d’imprimer : 16 avril 1929 ; préoriginale dans Forum, january 1929, pp. 10-15 ; 59-64 ; february 1929, pp. 118-123 ; march 1929, pp. 188-192 ; puis en français : Revue de Paris, 15 mars 1929, pp. 241-268 ; 1er avril 1929, pp. 543-.). Essai sur Montaigne. Schiffrin, 1929 (Achevé d’imprimer : 10 juin 1929 ; préoriginale dans Commerce, hiver 1929, cahier XVIII, pp. 7-48 ; « Suivant Montaigne », La N.R.F., 1er juin 1929, pp. 745-766). Un Esprit non prévenu. Kra, 1929 (Achevé d’imprimer : 8 septembre 1929 ; préoriginale dans « Feuillets », in André Gide, Paris, Ed. du Capitole, [25 janvier] 1928, pp. 3-41 ; et « Feuillets », La N.R.F., 1er décembre 1928, pp. 801-808) * Robert. NRF, 1930 (Achevé d’imprimer : 27 décembre 1929) Ne jugez pas. La Séquestrée de Poitiers. Gallimard, 1930 (Achevé d’imprimer : 15 avril 1930) * L’Affaire Redureau. Gallimard, 1930 (Achevé d’imprimer : 30 avril 1930) OEdipe. Schiffrin, Éditions de la Pléiade, 1931, 127 p (Pas d’achevé d’imprimer ; préoriginale dans Commerce, XXV, automne 1930, cahier XXV, pp. 7-83 ; La N.R.F., 1er février 1931, pp. 180-194 ; 1er mars 1931, pp. 355-386) Perséphone. Gallimard, 1934 (Achevé d’imprimer : avril 1934) Pages de Journal 1929-1932. Gallimard, 1934 (Achevé d’imprimer : 5 juin 1934) Les Nouvelles Nourritures. Gallimard, 1935 (Achevé d’imprimer : 22 octobre 1935 ; plusieurs fragments publiés antérieurement dans La Phalange, 20 mai 1911 ; L’Eventail, 15 décembre 1918 ; Littérature, mars 1919 ; Morceaux choisis, pp. 247-253 ; Caractères, p. 45 ; Commune, octobre 1935). Nouvelles Pages de Journal 1932-1935. Gallimard, 1936 (Achevé d’imprimer : 25 juin 1936). * Geneviève. Gallimard, 1936 (Achevé d’imprimer : octobre 1936 ; préoriginale dans Revue de Paris, 15 juin 1936, pp. 721-756). *Retour de l’U.R.S.S. Gallimard, 1936 (Achevé d’imprimer : 5 novembre 1936 ; préoriginale dans « Discours sur la Place Rouge à Moscou pour les funérailles de Maxime Gorki », Izvestia, 21 juin 1936 [repris pp. 95-99] ; « Discours aux gens de Leningrad », Pravda, 8 juillet 1936 [repris pp. 105-108] ; Vendredi, 6 novembre 1936 [L’Avant-propos]). Retouches à mon Retour de l’U.R.S.S. Gallimard, 1937 (Achevé d’imprimer : 23 juin 1937). * Notes sur Chopin. Revue Internationale de Musique, 1938 (Reprend les « Notes sur Chopin » de La Revue musicale, décembre 1931, pp. 5-22). Journal 1889-1939. NRF, 1939 (Achevé d’imprimer : 20 mai 1939). Découvrons Henri Michaux. Gallimard, 1941 (Achevé d’imprimer : juillet 1941) Théâtre : Saül, Le Roi Candaule, dipe, Perséphone, Le Treizième Arbre. Gallimard, 1942 (Pas d’achevé d’imprimer) Interviews imaginaires. Éd. du Haut-Pays, 1943 (Achevé d’imprimer : 30 novembre 1942, mais mise en vente en 1943. Attendu que... Charlot, 1943 (Le texte est contenu dans Interviews imaginaires, paru la même année). Pages de Journal 1939-1942. Schiffrin, 1944. (Achevé d’imprimer : 15 juin 1944). * Thésée. New York : Pantheon Books, J. Schiffrin, 1946, 123 pp (Achevé d’imprimer : 12 janvier 1946 ; préoriginale en France dans Les Cahiers de la Pléiade, avril 1946, pp. 9-42). Souvenirs littéraires et problèmes actuels. Les Lettres Françaises, 1946 Le Retour. Ides et Calendes, 1946 (Achevé d’imprimer : 15 octobre 1946). Paul Valéry. Domat, 1947 (Achevé d’imprimer : 30 avril 1947) Poétique. Ides et Calendes, 1947 (Achevé d’imprimer : 24 septembre 1947). Le Procès. Gallimard, 1947 (Pas d’Achevé d’imprimer) L’Arbitraire. Le Palimugre, 1947 (Pas d’achevé d’imprimer ; parution en fin d’année) Préfaces. Ides et Calendes, 1948 (Achevé d’imprimer : 28 avril 1948) Rencontres. Ides et Calendes, 1948 (Achevé d’imprimer : 26 avril 1948) Les Caves du Vatican (farce). Ides et Calendes, 1948 (Achevé d’imprimer : 3 juillet 1948) Éloges. Ides et Calendes, 1948 (Achevé d’imprimer : 16 juillet 1948). Robert ou l’Intérêt général. Ides et Calendes, 1949 (Achevé d’imprimer : 14 mai 1949). * Feuillets d’automne. Mercure de France, 1949 (Achevé d’imprimer : 25 mai 1949). Anthologie de la Poésie française. NRF, 1949 (Pas d’achevé d’imprimer). Journal 1942-1949. Gallimard, 1950 (Achevé d’imprimer : 10 février 1950) Littérature engagée. Gallimard, 1950 (Achevé d’imprimer : 14 avril 1950). Égypte 1939. SLND [Paris, 1951] (Achevé d’imprimer : 16 juin 1951 ; préoriginale dans Revue 84, n° 8 et 9, juillet 1949, pp. 208-212). Et nunc manet in te. Ides et Calendes, 1951 Ainsi soit-il ou Les Jeux sont faits. Gallimard, 1952 (Achevé d’imprimer : 28 janvier 1952) Carnets d’Egypte, Gallimard, 1954 Le Récit de Michel. Ides et Calendes, 1972. À Naples. Fata Morgana, 1993 (Achevé d’imprimer : 19 février 1993) Le Grincheux. Fata Morgana, 1993 L’Oroscope ou Nul n’évite sa destinée (scénario). Jean-Michel Place, 1995 (Achevé d’imprimer : 5 mai 1995). Isabelle (scénario, en collab. avec Pierre Herbart). Lettres Modernes, 1996 (Pas d’achevé d’imprimer [Juin 1996] ) Georges Simenon - André Gide, Correspondance 1938-1950, Omnibus, 1999 Correspondance 1835-1950, André Gide-Jean Malaquais, Phébus, 2000 Le ramier Gallimard, 2002 Andre Gide - Andre Suarès. Correspondance. 1908-1920. Gallimard. Correspondance Francis Jammes et André Gide, 1893-1938. | Dernières brèvesActualités
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